Les policiers anglais viennent d’être rappelés à l’ordre à propos de leur comportement sur Internet, et plus particulièrement sur les réseaux sociaux. Au cours des cinq dernières années, près de 70 agents ont été contraints de quitter leur poste, suite à des centaines de plaintes concernant des propos racistes, la mise en ligne de photos inappropriées, etc.
Si l’expression des salariés sur Internet est à l’origine de nombreux litiges judiciaires, que ce soit pour des propos tenus pendant ou en dehors des horaires de travail, le secteur public n’est pas non plus épargné. Une sorte de demande CADA effectuée au Royaume-Uni par la Press Association a en effet permis d’établir que 828 plaintes avaient été déposées à l’encontre de policiers anglais et gallois accusés de débordements sur les réseaux sociaux, et ce depuis janvier 2009. The Guardian explique que ces contentieux concernaient tant des commentaires racistes sur Facebook ou Twitter, que la mise en ligne d’images compromettantes de collègues (un agent qui dort dans une salle de contrôle de caméras...), en passant par des demandes d’ « ami » envoyées à des victimes, etc.
Suite à ces signalements et aux enquêtes qui ont pu être diligentées, plus de 70 personnes ont quitté la police, que ce soit du fait d’une démission, d’un limogeage ou via une retraite anticipée. Inversement, 115 plaintes n’ont donné lieu à aucune réprimande particulière. Les autres ont pour la plupart reçu de simples avertissements écrits, à l’instar de ces deux policiers qui avaient publié sur Facebook des photos d’eux en train de poser avec des armes.
Des policiers également invités à se protéger d'eux-mêmes
Face à ces débordements accompagnant la montée en puissance des réseaux sociaux, une sorte de guide de bonne conduite a été transmis aux officiers d’Angleterre et du Pays de Galles, indique The Telegraph. Premier conseil : éviter de se répandre sur le Net en dehors du service, et davantage encore suite à de la consommation d’alcool. « Si vous ne le diriez pas à votre patron, votre compagne, votre grand-mère ou à quelqu’un du public, alors ne le dites pas sur Internet » est-il résumé.
Mais au-delà de ce qui semble être des règles de bon sens, ce sont des mesures de précautions que les policiers sont priés de suivre. Les agents sont en effet invités à laisser le moins de traces possible sur le Net, histoire de ne pas être repérés par d’éventuels criminels. Les risques de chantage ou de menaces - tant à l’égard des forces de l’ordre que de leur famille - semblent en effet réels. Ainsi, il est par exemple conseillé de demander à ne pas apparaître sur les annuaires en ligne. Il est également recommandé d’exiger de Google Street View le retrait d’éventuelles photos de sa maison et de sa voiture, si celle-ci est garée devant.
En France, outre l'affaire Copwatch qui s'est justement abreuvée de profils Facebook de policiers, quelques litiges similaires ont été recensés (notamment pour des propos racistes tenus sur Facebook), mais aucune statistique n’a officiellement été dévoilée. Néanmoins, les autorités sont bien conscientes du phénomène. Depuis le 1er janvier, un « Code de déontologie » commun aux policiers et aux gendarmes impose ainsi à ces derniers de s’abstenir « de tout acte, propos ou comportement de nature à nuire à la considération portée à la police nationale et à la gendarmerie nationale », et ce « en tout temps » et même sur « les réseaux de communication électronique sociaux » (pour en savoir plus, voir notre article).