L’affaire est close. Carrefour, qui s’était attiré les foudres d’une blogueuse pour avoir utilisé sans autorisation une de ses photos pour illustrer un catalogue publicitaire, a finalement conclu un arrangement à l’amiable avec la plaignante.
Au début du mois, quelle ne fut pas la surprise de Karine, une blogueuse culinaire réunionnaise, de retrouver dans un prospectus de chez Carrefour une photo qu’elle avait mise en ligne plusieurs mois plus tôt pour illustrer une de ses recettes. L’enseigne de la grande distribution avait en effet utilisé une de ses photos d’un macatia, une sorte de petit pain typique du département d’outre-mer, sans lui demander son autorisation ou lui verser quoi que ce soit. Pire : alors qu’un logo « Chut ! » (du nom du blog, « Chut je pâtisse ! ») avait été apposé par ses soins dans un coin de la photo originale, on pouvait constater que celle reprise pour le catalogue était retouchée, de telle sorte que cette mention n’apparaissait plus...
Manifestement très remontée, la blogueuse avait tenté de mobiliser ses centaines de fans sur Facebook. Contactée par Next INpact, Karine affirmait vouloir obtenir « réparation », pour le « principe » d’une part, mais également parce que Carrefour avait « délibérément retiré [sa] signature ». De son côté, l’enseigne se refusait à nous donner la moindre explication, dans l’attente d’une petite enquête interne.
À gauche, l’image originale, à droite, celle utilisée par Carrefour pour son catalogue.
Après plusieurs rounds de négociations, un accord amiable est finalement trouvé
Vendredi, la tenancière de « Chut je pâtisse ! » a toutefois annoncé sur Facebook qu’une « issue amiable » avait été trouvée avec Carrefour. « Je ne pourrais pas en dire plus, c'est le "jeu", mais croyez-moi que Chut et l'autre partie ont été respectées » a-t-elle indiqué, refusant de préciser quelle avait été la nature exacte de cet arrangement.
Auparavant, plusieurs rounds de négociations avaient eu lieu. Karine avait d’ailleurs été contactée par un responsable de Carrefour à la Réunion. Mais selon nos informations, le dédommagement proposé initialement par le géant de la grande distribution se révélait bien mince, de l’ordre de quelques dizaines d’euros - sous forme de bon d’achats. La blogueuse avait alors tenté de faire monter un peu les enchères, forte du soutien de plusieurs internautes. Il y a donc de grandes chances pour que Carrefour ait ouvert davantage son portefeuille pour faire oublier cet incident.
Relancée il y a quelques jours, l’enseigne nous assurait pourtant que ce problème d’image n’était « pas volontaire », et résultait d’une « erreur dans la base de données ». Une version qui paraissait cependant peu plausible étant donné que la signature apposée sur la photo originale avait été effacée.
Cet épisode avait aussi permis de rappeler qu’une photo n’est protégée par le droit d’auteur français qu’à partir du moment où elle peut être considérée comme « originale ». En ce sens, on dit généralement que l’œuvre doit porter l’empreinte de la personnalité de son auteur (de par l’angle choisi, les paramétrages du cliché, etc.). Mais si c’est au juge de déterminer en dernier recours du caractère original ou non d’une photo, l’accord trouvé la semaine dernière devrait éviter celui-ci d’avoir à se prononcer sur ce litige.