Vivement critiqué en France et aux États-Unis, que ce soit par des écrivains, des libraires ou la classe politique, Amazon est aussi pointé du doigt outre-Rhin. Outre les grèves qui ont eu lieu dans ces entrepôts allemands ces derniers mois, le cybermarchand fait aujourd'hui face à une fronde des auteurs locaux.
Entre les grèves et les plaintes
L'Allemagne est décidément un marché complexe pour Amazon. Cette année a notamment été très mouvementée pour la boutique en ligne. Cette dernière a tout d'abord dû subir la grève de certains de ses employés dans les entrepôts, faisant suite à de précédents arrêts de travail fin 2013. Leur objectif, obtenir de meilleurs salaires et des conditions de travail améliorées. Notez qu'en France, plusieurs grèves (en février et en juin par exemple) ont aussi eu lieu, pour des raisons similaires. Mais retournons en Allemagne, où certains éditeurs locaux ont rajouté un coup sur la tête d'Amazon en portant plainte il y a deux mois pour abus de position dominante. Une plainte qui intéresse d'ailleurs de près Bruxelles.
Mais les problèmes ne sont pas terminés pour autant. Une lettre ouverte vient d'être publiée et fait grand bruit outre-Rhin. Signée par près de 1200 auteurs allemands à l'heure actuelle, cette lettre, adressée au PDG d'Amazon Jeff Bezos, pointe du doigt les méthodes de négociations de la boutique. En effet, à l'instar de son conflit avec la branche américaine d'Hachette, le créateur du Kindle n'hésite pas à désavantager les auteurs de l'éditeur pour montrer sa toute-puissance. Une méthode que semble apprécier la société américaine, puisqu'elle l'applique dans plusieurs territoires
La méthode américaine appliquée en Allemagne
Les auteurs lié au groupe d'édition Bonnier sont ainsi pris en otage selon leurs propres mots. « Ces derniers mois, les auteurs de Bonnier sont boycottés et leurs livres ne sont plus en stock » expliquent ainsi les signataires de la lettre ouverte, appuyés par des associations et des syndicats d'écrivains. Il est précisé que s'il y a des livraisons, elles sont réalisées « au ralenti », ceci sans compter la disparition de certains auteurs dans les listes de recommandation d'Amazon, trompant ainsi les clients.
Amazon utilise les auteurs et leurs livres comme un levier pour forcer les éditeurs à céder et réduire leurs marges résume-t-on dans la lettre ouverte. La méthode américaine est donc utilisée en Allemagne, et cela déplait fort logiquement aux écrivains locaux. Leur problème est d'ailleurs le même : ils comprennent qu'un conflit puisse avoir lieu entre leur éditeur et la boutique en ligne, mais être directement impliqués et impactés leur est particulièrement déplaisant.
Les auteurs pris en sandwich entre l'éditeur et le cybermarchand
Si les méthodes d'Amazon visent avant tout l'éditeur, ce sont donc bien les auteurs qui sont les principaux dommages collatéraux de cette guerre des prix. Et peu importe le pays dans le monde, cette situation, qui dure déjà depuis des mois outre-Atlantique, n'est pas du goût de tout le monde. Il faut dire que l'Américain en a assez des tarifs à 14,99 dollars (ou plus) pour de simples ebooks. Des prix qu'il estime abusifs mais qu'il doit appliquer en fonction des désirs des éditeurs. Si en France, un tel conflit a bien moins de chance d'avoir lieu du fait du prix unique des livres (ebooks compris), il est probable que cette guerre des prix s'étende à de nombreux territoires dans le monde.
Rappelons qu'aux États-Unis, une lettre similaire nommée Authors United a été créée il y a peu, réunisant plus de 900 signataires, dont des auteurs phares comme Stephen King. Cette lettre ouverte invitait les internautes à écrire directement à Jeff Bezos, le patron d'Amazon, invitation d'ailleurs répétée par la lettre allemande. Très taquin, Amazon n'a pas hésité à répliquer immédiatement en créant Readers United. La société en profite ainsi pour présenter son point de vue sur les prix des ebooks et demande aux internautes d'écrire directement au patron d'Hachette. La réponse du berger à la bergère donc, pas forcément très constructive, mais qui a le mérite de pousser les internautes à prendre part à ce conflit, dont ils sont aussi les victimes. Après tout, les clients d'Amazon ont désormais plus de difficulté à se procurer certains livres.