Malgré la publication de résultats financiers loin d'être catastrophiques, le géant Cisco a annoncé vouloir se séparer de 6 000 employés. Le fabricant américain s'attend à un futur difficile. En quelques années, le spécialiste des réseaux a donc perdu un quart de son effectif, soit près de 18 000 salariés.
Des coupes souvent massives
Quand Cisco s'attend au pire, il n'hésite pas à trancher dans son effectif. La société l'a déjà prouvé dans le passé. En 2001 par exemple, alors qu'un creux touchait son secteur, elle n'a ainsi pas hésité à réduire de 16 % son effectif, soit tout de même 8 000 emplois à l'époque. Lors de la décennie suivante, l'entreprise a recruté massivement et racheté des dizaines de sociétés, dont certaines avaient une valeur de plusieurs milliards de dollars. Cette période faste s'est toutefois arrêtée il y a trois ans avec la crise économique et celle des PC. Nous sommes ainsi retournés dans une vague négative, et elle n'est malheureusement pas terminée.
Après avoir supprimé 6 500 emplois en 2011, 1 300 en 2012, 500 en mars 2013, et 4 000 en août 2013, nous apprenons donc cette année que 6 000 salariés perdront leur job chez Cisco dans les mois à venir. En trois ans, son effectif a donc fondu au soleil. Mais pour quelles raisons précisément ? Après tout, dans son dernier bilan financier, son chiffre d'affaires est stable (-0,5 %) et tout comme son bénéfice net de 2,2 milliards de dollars (-1 %). Il n'y a donc pas le feu à la maison Cisco.
John Chambers, le PDG du géant américain, explique que sa « stratégie est saine, nos résultats financiers sont solides, et notre leadership sur le marché est sécurisé ». Il indique même que l'équipe en place est parfaite pour offrir les services adéquats aux clients afin de résoudre leurs problèmes. Tout va bien dans le meilleur des mondes ? Pas forcément non plus.
« Le marché n'attend personne. Nous allons le devancer. »
Ce même patron indique que l'environnement actuel est difficile. Les commandes dans certains pays s'écroulent, à l'instar de la Chine et du Brésil. Globalement, en Asie Pacifique, Cisco perd des plumes (-7 % au dernier trimestre), une baisse heureusement compensée par l'Amérique et l'Europe. Rajoutons que ses ventes de routeurs ont décliné de 7 % en un an, compensées cette fois par celles des centres de données et sa division sécurité.
Mais pour Chambers, le présent n'est pas le problème, c'est bien le futur. Lors d'une conférence téléphonique, le PDG n'a pas mâché ses mots : « le marché n'attend personne. Nous allons le devancer, un point c'est tout. Pour pouvoir être en mesure de le faire, il faut prendre des décisions difficiles. Nous allons gérer nos coûts au plus près et travailler sur l'efficacité. »
L'incertitude de l'avenir pousse donc Cisco à trancher massivement, avant, peut-être, de rebondir dans les années futures comme il l'a fait lors de la première décennie de ce siècle. En attendant, les « marchés » vont-ils dans le sens du patron de Cisco ? Pas vraiment. L'action de la firme, la plus valorisée parmi les sociétés high-tech derrière Apple, Google, Microsoft, Oracle, IBM et Intel, affiche une baisse de 1,5 % après clôture, tout du moins au moment où nous rédigeons ces lignes.