Utilisant depuis 2009 des logiciels de bureautique et de messagerie propriétaires, le ministère du Travail se prépare à basculer vers des logiciels libres de type LibreOffice ou Thunderbird. Ce mouvement va cependant prendre du temps : quatre à six ans selon l’exécutif.
Le 10 juin dernier, la députée Isabelle Attard a demandé à chaque ministère combien d’argent public était dépensé pour des logiciels, si possible en séparant d’un côté les montants relatifs aux logiciels propriétaires, et de l’autre ceux correspondant aux logiciels libres. L’élue Nouvelle Donne souhaitait également savoir comment l’administration avait suivi la circulaire « Ayrault » du 19 septembre 2012, qui place sur un même pied d’égalité les deux types de solutions.
Après le ministère de l’Agriculture, qui indiquait la semaine dernière avoir dépensé plus de 2,1 millions d’euros pour ses logiciels en 2013, c’est au tour du ministère du Travail, de l’emploi et du dialogue social d’apporter de l’eau au moulin d’Isabelle Attard. « Sur une dépense de 7,8 millions d’euros de logiciels en 2013 (incluant développement et maintenance et excluant l'assistance à maîtrise d'ouvrage), seuls 1,2 million d’euro (15 %) concernent des logiciels « propriétaires », le reste concernant des prestations de développement ou de maintenance des logiciels métiers dont le ministère est propriétaire » indiquent cette semaine les services de François Rebsamen.
Mais sur le reste, le ministère du Travail se veut plutôt discret. Il ne donne par exemple aucune donnée chiffrée concernant les précédentes années, contrairement à ce qu’avait demandé Isabelle Attard.
Parfois des mauvaises expériences avec les solutions open source
Concernant plus spécifiquement le cas des logiciels libres, il est toutefois expliqué que le ministère a « fait le choix de développer ses applications métiers sur des technologies open source y compris concernant les bases de données. Il a aussi été décidé d'abandonner progressivement une distribution qui bien qu'elle soit « open source », nécessitait le paiement d'une redevance annuelle pour son utilisation et sa maintenance, au profit d'une distribution réellement libre de droit d'usage et maintenue par une communauté de développeurs. »
Basculement vers des logiciels libres pour la messagerie et la bureautique d’ici 2020
Du côté du poste de travail des agents, les services de François Rebsamen reconnaissent que « le ministère recourt depuis 2009 à des logiciels propriétaires pour son environnement bureautique et messagerie », sans donner le nom des solutions dont il est question - même si l’on sait que l’utilisation de la suite Microsoft Office (Word, Excel...) est plus que fréquente au sein de l’administration.
Les choses devraient cependant bientôt changer. Il s’avère en effet que le ministère du Travail « prévoit un désengagement progressif sur 4 à 6 ans à compter de 2014 ». Autrement dit, les logiciels de bureautique et de messagerie actuellement utilisés devraient être abandonnés d'ici 2020. Mais pourquoi un délai aussi long ? « Cela s'explique par la nécessité d'une préparation en amont (adéquation aux fonctionnalités attendues) et d'un accompagnement important (information et formation des agents) pour préparer le changement afin de basculer progressivement vers des solutions libres pour la messagerie et la suite bureautique » est-il expliqué.
Si le nom des logiciels de remplacement n’est une nouvelle fois pas mentionné, on peut toutefois penser qu’il sera question de LibreOffice pour la bureautique et de Thunderbird pour la messagerie. Ce sont effectivement ces deux programmes qui sont préconisés dans le « socle interministériel de logiciels libres », récemment mis à jour par la Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication (DISIC). Le ministère de l’Intérieur et celui de l’Agriculture ont par exemple déjà opté pour de tels logiciels. Dans sa réponse de l’année dernière, la Place Beauvau expliquait à cet égard que la migration vers la messagerie libre Thunderbird (en 2008) s’était révélée « cinq fois moins onéreuse sur la durée qu'une solution propriétaire ».