Avis, Europcar et Hertz viennent de se faire taper sur les doigts par la Commission européenne. Via leurs sites Internet respectifs, les trois célèbres sociétés de location de voitures pratiquent des tarifs différents selon l’endroit où est situé le consommateur européen, ce qui constitue une différence de traitement injustifiée aux yeux de Bruxelles. Les loueurs ont désormais jusqu’à la fin du mois pour respecter la législation de l’Union.
Face à l’inertie des trois loueurs de voitures concernés, la Commission européenne a décidé de mettre à mal l’image de ces sociétés - pour la plupart bien connues du grand public. Hier, l’institution a en effet publiquement annoncé avoir écrit il y a plusieurs jours à Avis, Europcar et Hertz pour leur demander de modifier leurs pratiques de vente en ligne, en vain. Accusés de discrimination à l’égard des consommateurs européens, les trois géants de la location sont désormais tenus de rentrer dans le rang « au plus tard le 30 août 2014 ».
Un même service, plusieurs tarifs selon la localisation de l'internaute
Et pour cause. Saisie par des particuliers, la Commission a pu constater que ces loueurs offraient des tarifs différents en fonction du pays-membre de résidence de l’internaute. En guise d’exemple, Bruxelles explique que récemment, « un consommateur, après avoir saisi le nom de son pays de résidence (l'Allemagne), a vu doubler le prix annoncé d'une location de voiture au Royaume-Uni ». Les prestations auraient pourtant été les mêmes que si c’était un Britannique qui avait effectué cette réservation.
D’un point de vue technique, les services de la Commission affirment avoir décelé « l'existence de pratiques de réacheminement automatique après identification de l’adresse IP du consommateur ». Parfois, « même sans réacheminement, le consommateur peut se voir imposer un prix différent après avoir saisi le nom de son pays de résidence sur le site Internet de la société de location de voitures concernée ». Selon Bruxelles, il arrive également que l’adresse IP du consommateur soit repérée par le loueur, lequel l’empêcherait alors d'effectuer toute réservation en ligne en raison de son adresse IP.
Une différence de traitement injustifiée au sein du marché unique
Si la Commission européenne fait les gros yeux aux loueurs, c’est parce que « la directive sur les services interdit en particulier aux sociétés d'appliquer des discriminations injustifiées pour l'accès à un service, sur la base de la nationalité ou du lieu de résidence du consommateur ». Autrement dit, il n’est pas autorisé de moduler le tarif de location uniquement d’après le lieu d’où l’internaute, résidant d'un État-membre européen, fait sa réservation.

Il est à noter que trois autres loueurs avaient également reçu ce courrier rendu public hier (Sixt, Goldcar et Enterprise), mais leur réponse jugée « satisfaisante » a conduit la Commission à ne pas leur demander de nouvelles actions.
On se rappellera enfin que la même Commission avait refusé l’année dernière de se pencher sur les pratiques dites d’IP Tracking, qui consistent à repérer l’adresse IP d’un internaute pour moduler ses tarifs de vente (quand on revient voir le prix d’un billet d’avion par exemple). Interpellée par l’eurodéputée Françoise Castex, l’institution s’était défaussée sur les autorités nationales de protection des données personnelles - en France, la CNIL.