Selon une note interne envoyée par le PDG de BlackBerry et obtenue par l'agence Reuters, la compagnie canadienne a enfin terminé son processus d'amincissement. L'ex-numéro un en Amérique du Nord du marché des smartphones a ainsi réduit ses effectifs de près de 60 % depuis 2011 afin de mieux s'adapter au marché. Désormais, l'objectif est d'attirer les entreprises en misant sur la sécurité notamment.
Six employés sur dix ont plié bagage en quelques années
Ces trois dernières années ont été particulièrement agitées pour BlackBerry. L'entreprise canadienne a tout d'abord licencié massivement. Tout a commencé en 2011 avec l'annonce de 2000 départs, soit 11 % de son effectif de l'époque. Rajoutez 5000 licenciements l'année suivante, 250 en juillet 2013 et encore plusieurs centaines ces derniers mois, dont un grand nombre d'agents commerciaux aux États-Unis. Aujourd'hui, l'effectif de BlackBerry est d'environ 8000 employés. Il y a encore quelques années, il était de 20 000...
Outre ces nombreux départs, la société s'est aussi complètement transformée. Elle a ainsi changé de nom début 2013 pour porter celui de ses smartphones phares. Elle a aussi maintes fois modifié ses cadres et sa direction. Plusieurs PDG différents ont ainsi pris les rênes de l'entreprise. John Chen, son actuel patron, n'est d'ailleurs à ce poste que depuis fin 2013.
Du fait de l'effondrement de ses ventes de smartphones, de son échec dans le marché des tablettes et par conséquent de la régression de son chiffre d'affaires, la firme basée à Waterloo (Ontario-Canada) a vu son action en bourse s'écrouler. Elle est ainsi aujourd'hui sous les 10 dollars, contre près de 230 dollars lors de ses plus belles heures en 2007, avant que l'iPhone et les appareils sous Android écrasent la concurrence.
Terminé les départs, bonjour les embauches
Sa restructuration terminée, BlackBerry compte donc désormais rebondir. Son action affiche d'ailleurs actuellement une hausse de 3,5 %. Il faut dire que la note interne de John Chen, envoyée aux employés vendredi dernier, se veut on ne peut plus optimiste. Annonçant déjà que la période de licenciement est « maintenant derrière nous », le patron déclare même que des recrutements devraient arriver dans certains secteurs de l'entreprise, notamment du côté du développement des produits, le service à la clientèle ou encore la division vente. Des embauches qui seront modestes a-t-il toutefois précisé.
John Chen
Le nouveau PDG a cependant tenu à rajouter que désormais il y avait plus « aucune marge d'erreur » pour mener BlackBerry vers le succès. La stratégie actuelle et future est de toute façon simple et claire aujourd'hui : viser les entreprises et les administrations. Cela implique donc d'assurer un niveau de sécurité maximale, de procurer un service client de haut niveau et de proposer des applications spécifiques.
Preuve que BlackBerry ne manque pas d'ambition, elle a d'ailleurs racheté la semaine passée Secusmart GmbH, une compagnie allemande spécialisée dans la sécurité des données mobiles. La valeur de l'acquisition est inconnue. Nous savons par contre que le gouvernement allemand s'intéresse de près à ce rachat, dès lors que Secusmart est une société liée aux dirigeants politiques locaux. Le téléphone d'Angela Merkel est ainsi « sécurisé » par cette entreprise. En pleine polémique sur la NSA et les écoutes téléphoniques, le ministère de l'Economie a ainsi indiqué qu'il comptait vérifier que ce rachat ne menace pas les intérêts de l'Allemagne.
Notez néanmoins que si l'action de BlackBerry retrouve des couleurs aujourd'hui, elle a particulièrement souffert il y a quelques semaines du fait de l'accord signé entre Apple et IBM. Ce partenariat majeur vise ainsi à renforcer les parts de marché de la pomme dans le monde des entreprises, en particulier pour ses iPhone et ses iPad, via le développement d'applications dédiées au monde professionnel. Or quand on sait que BlackBerry a délaissé le secteur des particuliers pour se concentrer sur les entreprises, on comprend rapidement qui est le principal perdant d'un tel accord...