Un Américain de 41 ans a été arrêté fin juillet au Texas après avoir envoyé un email à un ami contenant des photos pédopornographiques. La police n'a pas posé un mouchard ou tout autre outil équivalent sur l'ordinateur ou la ligne internet de l'individu. C'est tout simplement Google qui a averti les autorités. De quoi relancer de nouveau les débats sur la vie privée et ce que peuvent scruter réellement les entreprises du web disposant de nos contenus parfois très privés.
« Je ne peux pas voir cette photo, mais Google le peut »
Quand on utilise un service de messagerie comme Yahoo! Mail ou encore Gmail, on sait généralement que ces derniers scannent nos messages, au moins pour détecter les malwares présents dans les pièces jointes, les courriers non sollicités (les spams) ou encore pour afficher des publicités ciblées. Mais cette analyse automatique semble aller bien plus loin.
Déjà condamné en 1994, un homme a donc été de nouveau arrêté par la police de Houston suite à une dénonciation de Google. Les commentaires de David Nettles, détective travaillant à la politique locale et interrogé par Khou.com, sont saisissants : « Je ne peux pas voir cette information, je ne peux pas voir cette photo, mais Google le peut. »
Souhaitant savoir concrètement comment Google a pu savoir que la photo envoyée était un contenu pédopornographique et non par exemple une jeune femme adulte mais aux airs très jeunes, le journal local Khou.com n'a pu obtenir de réponses à ce sujet, y compris par Google ou encore la police. Cette dernière s'est contentée de déclarer : « Je ne sais vraiment pas comment ils font leur travail. Mais je suis content qu'ils le fassent. »
La vie privée en question
Ce point de vue est peu étonnant dès lors que la firme américaine facilite leur travail. Néanmoins, cela pose de nombreuses questions, que ce soit sur la vie privée, ses actions ou encore sur leur légalité même. La société Sophos note justement que s'il s'agit ici d'une simple histoire où « un mauvais homme a commis un crime et a été attrapé », d'autres vont surtout remarquer que les géants du Net et les autorités américaines « n'ont rien de mieux à faire que de se plonger dans la vie privée des uns et des autres, à la recherche de saloperies ».
Certes, nous savons depuis longtemps que pour Google, la vie privée n'existe pas. Qui plus est, depuis plusieurs années, Google lutte à sa manière contre la pédopornographie, en filtrant sur son moteur de recherche les photos juvéniles et dénudées. Depuis l'an passé, le géant du Net a même passé la vitesse supérieure sous la pression du gouvernement britannique. Eric Schmidt lui-même a ainsi annoncé que son algorithme était désormais capable de détecter les mots, les photos mais aussi les vidéos. Mieux encore, toujours l'an passé, nous apprenions que Google et Microsoft travaillaient outre-Manche avec la National Crime Agency ainsi qu’avec l'Internet Watch Foundation, une organisation spécialisée dans les signalements de contenus illicites, ceci afin de mettre au point un plan de lutte contre le partage d’images et de vidéos pédopornographiques sur les réseaux P2P.
Dans de telles conditions, il n'est pas surprenant que la surveillance dépasse le cadre du moteur de recherche et touche l'intégralité de ses services, dont Gmail. En mars 2014, la firme californienne, alors en plein procès, était d'ailleurs la cible de neuf étudiants qui l'accusaient d'avoir scanné leurs emails non pas pour des fins de publicités ciblées mais pour créer des profils d'utilisateurs. Le procès ne s'est toutefois pas transformé en recours collectif, ce qui aurait impliqué alors des millions d'utilisateurs.
D'une manière générale, utiliser des services centralisés et gratuits comme Gmail, qui basent leur business sur vous-mêmes et vos informations, ne devrait être fait que pour des données secondaires et sans importance. Pour les informations réellement privées et professionnelles, mieux vaut donc passer par des outils maison ou des services plus sécurisés tout du moins.