À la surprise générale, Iliad (Free) a publié hier soir un communiqué de presse afin de confirmer son intérêt pour T-Mobile US. La société indique qu'elle propose 15 milliards de dollars en numéraire pour en croquer 56,6 %. Une offre que Deutsche Telekom, actionnaire majoritaire, aurait déjà refusée.
Dans un récent édito, nous nous étions penchés sur un phénomène qui prend de l'ampleur ces derniers temps : la concentration dans le domaine des télécoms. Il était ainsi question d'un rapprochement entre Deutsche Telekom et Orange par exemple, ce qui donnerait un géant européen. Si ce n'est pas possible en l'état, Stéphane Richard, PDG d'Orange, indiquait à nos confrères des Echos que « peut-être reparlera-t-on de ce sujet si Deutsche Telekom se retire du marché américain et devient un pur acteur européen ».
T-Mobile US est à vendre, Iliad crée la surprise en annonçant avoir déposé une offre...
Pour rappel, l'opérateur allemand est un actionnaire majoritaire de T-Mobile, et, ce n'est plus un secret depuis longtemps, cherche à le vendre. Comme le rappelle Michel Combes, directeur général d'Alcatel-Lucent et ancien numéro deux de Vivendi, au micro de BFM TV, il y a déjà eu des offres faites par AT&T et Sprint (respectivement numéro un et trois aux USA) afin de racheter T-Mobile (quatrième opérateur aux États-Unis), mais cela aurait été à chaque fois refusé par le régulateur américain.
C'est donc dans ce contexte qu'Iliad se jette à l'eau et annonçait hier soir avoir « soumis au conseil d’administration de T-Mobile US une offre indicative pour T-Mobile US. Cette offre a le soutien intégral de M. Xavier Niel (fondateur et actionnaire majoritaire d’Iliad) et a été approuvée unanimement par le conseil d’administration d’Iliad ».
... pour la modique somme de 15 milliards de dollars
La société enchaîne en précisant qu'elle « a offert 15 milliards de dollars en numéraire pour 56,6 % de T-Mobile US, à 33,0 $ par action. Iliad évalue les 43,4 % restant de T-Mobile US à 40,5$ par action sur la base de 10 milliards de dollars de synergies au bénéfice des actionnaires de T-Mobile US. Cela conduit à une valeur globale de 36,2 $ par action, soit une prime de 42 % par rapport au cours de bourse non affecté de T-Mobile US de 25,4 $ par action ».
La maison mère de Free ajoute que « cette transaction ne devrait pas poser de difficultés au regard des règles relatives au droit de la concurrence compte tenu du fait qu’Iliad n’est pas présent aux États-Unis ». Un pied de nez à AT&T qui s'était vu refuser une OPA amicale de la part de la FCC. Il était alors question d'une somme bien plus élevée : 39 milliards de dollars, mais pour la totalité de T-Mobile US.
Alors que Xavier Niel opère généralement en France, avec cette offre, il s'attaque donc à un gigantesque marché de plus de 300 millions de consommateurs. Le choix de T-Mobile n'est certainement pas anodin puisque les deux sociétés ont certains points communs, notamment en ce qui concerne leur politique tarifaire. En position de challenger, T-Mobile « casse » ainsi ses prix afin de gagner des parts de marchés.
Deutsche Telekom aurait déjà refusé cette offre, la suite au prochain épisode
Outre-Atlantique, le cours de l'action de Sprint a perdu 5,28 %, tandis que celui de T-Mobile US grimpait de 6,46 %, indiquant que les marchés sont plutôt favorables à l'offre d'Iliad. Néanmoins, cela ne semble pas suffire puisque, selon nos confrères du New York Times qui s'appuient sur une source proche du dossier, Deutsche Telekom aurait d'ores et déjà refusé l'offre d'Iliad.
Il faudra maintenant attendre de voir si l'histoire en restera là, où bien s'il ne s'agit que du premier épisode d'une nouvelle saga à venir. On se souviendra par exemple du rachat de SFR par Altice/Numericable qui avait connu de nombreux rebondissements avec des milliards qui s'ajoutaient au fil des discussions. Dans tous les cas, Iliad (et Free Mobile) a d'ores et déjà gagné une première bataille : celle de l'occupation du terrain médiatique, que ce soit en Europe ou outre-Atlantique.