À l’occasion d’une table ronde portant sur « les nouveaux usages de la télévision » organisée fin juin au Sénat, les chaînes publiques ont répété en choeur, leur souhait de voir la redevance TV étendue aux autres nouveaux écrans.
Lors de ce débat organisé par le groupe d'études sur les médias et les nouvelles technologies, présidé par Catherine Morin-Desailly, les chaînes publiques ont une nouvelle fois réclamé une extension de la redevance aux autres écrans que le bon vieux poste de TV avec tuner. Agnès Lanoë, directrice de la prospective et de la stratégie d'Arte France a ainsi considéré que « parmi les nombreux enjeux que nous avons identifiés, il y a l'élargissement de la redevance vers le multi-écrans ».
Même volonté chez Philippe Deloeuvre, le directeur de la stratégie de France Télévisions. D’une manière ou d’une autre, il convient de taxer à la contribution à l’audiovisuel public (la redevance TV) les consommations délinéarisées : « l'élargissement, quelle que soit la forme qu'on trouvera, aux modes de consommation délinéarisée et sur tous les écrans, pour financer l'audiovisuel public me semble inévitable. On a besoin de pérennité afin d'être capable de se projeter sur ce financement. »
« Les Allemands ont déjà fait cette réforme qui consiste à établir une contribution audiovisuelle publique basée sur les foyers, et non plus sur la détention d'un poste » ajoute encore ce responsable de France Télévisions.
Ne pas déshabituer les jeunes à ne plus payer
De fait, pas de surprise sur les positions respectives de ces bénéficiaires. Rémy Pfimlin, PDG de France Télévisions a déjà jugé « indispensable que l’assiette de la redevance soit élargie ». Quant à Véronique Cayla, présidente d’Arte, elle a voilà peu expliqué qu’il faudrait étendre pareillement cette assiette aux nouveaux écrans « pour ne pas donner aux jeunes l'habitude de ne pas payer de redevance. »
Seulement, il y a un bug sur la calculette. Bercy a déjà annoncé que la subvention dont profitent les chaînes et radios publiques allait dégringoler de 292 millions d’euros en 2014 à 29 millions en 2017. Cette question va donc devenir de plus en plus pressante à l’occasion des débats autour du projet de loi de finances pour 2015 et des années à venir.
La mécanique est simple : l’argent en moins devra d’une manière ou d’une autre être compensé soit par des économies drastiques soit par une hausse des rentrées. Pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, Aurélie Filippetti a pour l’instant expliqué que la baisse de la subvention serait « compensée par l'évolution naturelle des recettes de la redevance, du fait de son indexation sur l'inflation, et d'une évolution favorable de la démographie, la France comptant chaque année plus de foyers ». Sans modification de l’assiette aux nouveaux écrans, donc. Mais face aux vagues des sollicitations et à la situation budgétaire, cette promesse semble pour l’heure gravée dans le sable.