Le refus du CSA de permettre le basculement vers la TNT gratuite de LCI (groupe TF1), Paris Première (groupe M6) et Planète+ (groupe Canal+) a provoqué de nombreuses réactions. Tour d'horizon.
Hier, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a estimé qu'aucune des prétendantes au basculement vers la TNT gratuite n'avait rempli les conditions requises par la loi. « En dépit de leur intérêt et de leur qualité, toutes étaient de nature à créer des difficultés et des déséquilibres, portant atteinte à la préservation de la diversité éditoriale des chaînes diffusant actuellement sur la TNT gratuite ». La mesure a cependant provoqué un petit séisme, surtout chez LCI qui menace d'arrêter sa diffusion au 31 décembre 2014.
LCI, un écran noir au 31 décembre 2014 ?
Du côté de TF1, Nonce Paolini a indiqué que cette décision « met, je crois, définitivement en péril l’avenir de LCI ». « On est sous le choc » a réagi encore le numéro un de la chaîne, indiquant « qu’au premier janvier, il n’y a plus de recettes pour LCI » ce qui met en jeu l’avenir de 247 personnes employées par la chaîne. « Je vais essayer de trouver des solutions afin d’éviter la casse sociale ».
Au 31 décembre à minuit, la chaîne menace donc de cesser d’émettre faute de ressources suffisantes. Rappelons que pour refuser ce basculement de LCI vers la TNT gratuite, le CSA a justement estimé que « l’arrivée d’une troisième chaîne gratuite d’information en continu, financée exclusivement par la publicité, pouvait déstabiliser les deux chaînes d’information déjà existantes, dont l’une est arrivée récemment à l’équilibre et la seconde connaît un déficit d’exploitation. »
Audition de Planète+ (Canal+) devant le CSA
Des recours pour Paris Première
Le président de Paris Première, Jérôme Bureau, n’envisage pas une telle fin. « Nous allons nous retourner dans un premier temps vers les opérateurs de télévision payante pour obtenir les conditions de cette vie future. Il nous paraît cependant que l’avenir de la TNT payante est compromis surtout si LCI met ses menaces à exécution et avec la disparition d’Eurosport du bouquet » a-t-il indiqué sur le site Toutelatele.com. Là encore, le CSA a considéré que la venue de cette chaîne de M6 sur le marché de la TNT gratuite « serait susceptible d’affecter la viabilité économique et financière de chaînes [déjà présentes] offrant un format et s’adressant à un auditoire présentant des analogies ».
« Depuis 28 ans, Paris Première a toujours su être originale et on a l’impression que ça n’a pas du tout pesé dans cette décision » rétorque le président de la chaîne qui évoque tout comme TF1 des recours en justice.
Une décision sage et responsable selon Canal+, pourtant évincé
Pour Canal+, les cotillons remplacent les larmes : la chaîne « considère que cette décision du CSA est sage et responsable, car elle tient compte à juste titre de l’équilibre économique global de la TNT en France ». Pourquoi une telle réaction après ce refus ? Le propriétaire de Planète+ n’avait qu’une envie très molle à passer au gratuit, ne souhaitant sauter le pas que si le basculement de Paris Première et LCI était validé. « Nous croyons beaucoup à la TNT payante » avait affirmé la direction de Canal+ lors de son audition devant le CSA pour ce passage au gratuit ! En restant sur la TNT payante, le groupe va pouvoir continuer à engranger des revenus sur son terreau préféré.
Seule finalement l'Association des Chaînes Indépendantes (ACI) s’est chaleureusement félicitée de triple refus. Celle qui regroupe L'Équipe (L'Équipe 21), Diversité TV France (Numéro 23), Lagardère Active (Gulli), NextRadioTV (BFM TV, RMC Découverte) ou encore NRJ (NRJ 12, Chérie 25) « se félicite de la sage décision du CSA, qui reconnait ainsi le rôle des acteurs indépendants, qui contribuent grandement à la pluralité du paysage audiovisuel. Le CSA, garant de la diversification des opérateurs, est donc cohérent avec sa ligne de conduite depuis plus de dix ans. L'ACI salue le courage et l'indépendance du CSA. »