Le tour des publications financières du deuxième trimestre touche à sa fin avec cette fois Amazon. Et le cybermarchand, s'il continue de voir croître son chiffre d'affaires, son résultat net est par contre négatif. La faute en partie à des investissements lourds réalisés ces derniers mois.
Une politique de bénéfice zéro
Créé en 1994 et disponible depuis 1995, Amazon fait partie des acteurs historiques d'Internet. Passé les quelques années d'investissement et sitôt ses concurrents décédés ou rachetés, la compagnie américaine a commencé au début des années 2000 à réaliser des bénéfices. Elle est ainsi entrée dans une nouvelle phase, abandonnant son statut de start-up. Mais contrairement à Google, la boutique en ligne n'a jamais cumulé les milliards de bénéfices. Au contraire, elle flirte depuis de longues années avec un bénéfice 0, quitte parfois à entrer dans le rouge.
Les raisons de ces bilans financiers sont simples : Amazon dépense massivement et ne fait pas dans l'économie. Le fait de proposer les frais de port gratuitement lui coûte près d'un milliard de dollars par trimestre et près de 5 % de son chiffre d'affaires. Un chiffre loin d'être négligeable, d'autant plus qu'il faut rajouter ses produits à prix cassés (Kindle, Fire Phone, etc.), censés rapporter sur le long terme grâce aux services associés, mais l'opération est coûteuse pour Amazon à court terme.
Pour le cybermarchand, la logique est donc la même trimestre après trimestre : du fait de sa croissance naturelle et du lancement de nouveaux services et produits, la firme voit son chiffre d'affaires augmenter à un rythme soutenu, mais les bénéfices ne sont toujours pas au rendez-vous. De quoi irriter les actionnaires, qui attendent impatiemment des retours sur investissement. Le calme de certains actionnaires semble d'ailleurs terminé. Suite à la publication des derniers résultats d'Amazon, l'action après clôture affiche une baisse aux alentours des 12 % au moment où nous rédigeons ces lignes. Cela représente une perte de plus de 20 milliards de dollars pour la valorisation boursière de la boutique en ligne.
Amazon souffre en bourse aujourd'hui
Pourquoi une telle réaction de la part des actionnaires ? Le chiffre d'affaires d'Amazon a atteint 19,34 milliards de dollars, en hausse de 23 % en un an. Une très belle performance, mais rapidement éclipsée par sa perte d'exploitation de 15 millions de dollars (contre un bénéfice de 79 millions l'an passé). Pire encore, l'Américain précise qu'il a profité d'un taux de change favorable durant ce trimestre. Sans ce coup de pouce, sa perte d'exploitation aurait été de 31 millions de dollars. Quant à son résultat net, il est donc négatif et a atteint 126 millions de dollars, contre une perte de seulement 7 millions en 2013.
Un troisième trimestre loin d'être optimiste
Il ne faut donc pas être surpris du revirement de certains actionnaires, ni du discours de Jeff Bezos, le fondateur et PDG d'Amazon. Ce dernier ne parle ainsi jamais du bilan financier et préfère se concentrer sur un unique point : l'expérience client. Un gimmick que Bezos exploite depuis longtemps afin de rationaliser en quelque sorte ses résultats. Il insiste donc sur les services apportés aux clients, comme la livraison ultra rapide (ou le dimanche aux États-Unis) ou encore le lancement de Prime Music, de Kindle Unlimited, de la Fire TV, du Fire phone, etc.
Le déclin en bourse d'Amazon n'est toutefois pas lié uniquement aux résultats du deuxième trimestre. Ce sont surtout les prévisions pour le trimestre suivant qui font tiquer. Le cybermarchand indique en effet que si son chiffre d'affaires devrait être excellent, ses pertes d'exploitation seront surtout très élevées puisqu'il fixe une fourchette située entre 410 et 810 millions de dollars, contre... 25 millions de dollars de pertes en 2013.
Les services ont le vent en poupe, et l'effectif explose
On notera tout de même une bonne nouvelle de taille : si la croissance de son chiffre d'affaires est tirée par la vente des produits, ses services connaissent une progression non négligeable. Ils ont ainsi dépassé les 4 milliards de dollars lors du dernier trimestre (+35 %) et sur les six premiers mois de l'année, ces mêmes services ont généré 8,1 milliards (+41 %). Il s'agit là d'un taux de croissance deux fois supérieur à celui des ventes de produits. Preuve que la politique d'Amazon axée sur les services commence à payer. On comprend dès lors mieux pourquoi il se démène pour multiplier les offres pour Prime, disponible pour 99 dollars par an outre-Atlantique et 49 euros par an en France, mais avec moins de services.
Enfin, sachez que les livraisons lui ont coûté 1,812 milliard de dollars lors de ce trimestre (+33 %), tandis que les clients ont payé de leur poche 889 millions (+38 %). Résultat, les livraisons ont pesé pour 923 millions de dollars (+29 %) dans les comptes d'Amazon, soit 4,8 % de son chiffre d'affaires total. Quant à son nombre d'employés, il a atteint un nouveau record avec 132 600 salariés, un nombre en hausse de 37 % sur un an.