La société Xiaomi, basée en Chine, se fait doucement un nom chez le grand public du reste du monde, alors même que ses produits ne sont commercialisés que dans leur pays d’origine. Devant les nombreuses accusations de ressemblance avec les produits Apple, c’est Hugo Barra, vice-président du constructeur, qui prend la peine d’expliquer en quoi Xiaomi se démarque.
Une marque de plus en plus visible
Le nom de Xiaomi vous est peut-être familier, surtout si vous vous intéressez à la scène Android. Ce constructeur chinois ne vend que dans son propre pays, mais la réputation de ses smartphones dépasse largement les frontières de la Chine. Cela tient à plusieurs éléments, dont le design des produits, toujours soigné, la qualité globale de construction, le soin apporté à l’interface utilisateur, et surtout la tarification pratiquée. Car Xiaomi propose des smartphones haut de gamme vendus à des tarifs largement inférieurs à ce qui se pratique.
Et pourtant, les commentaires sur la ressemblance avec Apple fusent de toute part. On les retrouve surtout dans les similitudes des designs des smartphones. La comparaison entre le dernier Mi 4 et l’iPhone 5s, pointée par Cult of Android, est assez marquante :

Des ressemblances parfois troublantes
Le site met en avant d’autres manières de procéder, qu’il s’agisse des méthodes de présentation des produits ou des conférences, jusqu’à reprendre le « One more thing » qui faisait l’empreinte des conférences Apple, mais qu’on ne voit plus vraiment depuis quelque temps. L’article de Cult of Android signale de nombreuses ressemblances de ce genre, jusqu’à reprendre l’icône du logiciel Aperture pour l’intégrer dans l’objectif d’un rendu de smartphone, un élément qui avait été découvert par le célèbre blogueur John Gruber.
Hugo Barra, vice-président de Xiaomi, et auparavant vice-président de Google, a décidé cependant de prendre le taureau par les cornes. Dans une interview accordée à The Next Web, il accuse essentiellement les détracteurs de n’avoir « rien de mieux à faire », les accusant de lancer « des déclarations généralisées et sensationnelles avant de réellement voir nos produits et de jouer avec ». En clair, les critiques sont faciles tant que l’on n’a pas vraiment tenu les produits dans ses mains. Ses critiques s’adressent en particulier à la Sillicon Valley.
Apple : « le groupe de designers le plus talentueux au monde »
Barra reprend presque un par un les différentes critiques adressées à Xiaomi. Pour la reprise de l’icône d’Aperture par exemple, il s’agit selon lui d’une simple « erreur stupide »: « Ils étaient en train de découper les coins et étaient à la recherche d’une bonne image de lentille d’appareil photo ; il se trouve que le logo d’Aperture était une image incroyablement belle de lentille. C’était absurde et stupide et ils n’auraient pas dû le faire ».
Mais d’où viendrait alors la ressemblance si forte avec les produits et présentations d’Apple ? Pour Hugo Barra, il ne s’agit pas d’une copie, mais simplement de l’inspiration par « le groupe de designers le plus talentueux au monde ». Cette inspiration se retrouverait donc dans le Mi 4 avec une forme générale pouvant rappeler l’iPhone 5s, mais Barra précise que de nombreux points sont soit différents, soit vont plus loin. Les finitions ne sont pas les mêmes, il est plus fin, la vitre de l’écran est plus proche des pixels, les angles sont plus doux et ainsi de suite. Le dos de l’appareil est également interchangeable, un créneau qui n’a jamais intéressé Apple.
Pour Barra, rien ne peut remplacer l'expérience directe du produit pour comprendre
Pour Barra, le constat est très simple : « Vous prenez l’un de ces appareils, vous l’allumez et jouez avec – alors seulement vous commencez à comprendre que ce que nous faisons est assez unique. Jouez avec MIUI et découvrez-en les fonctionnalités, et si vous devez en dire quelque chose, c’est qu’Apple a copié plusieurs éléments, tout comme les autres d’ailleurs ».
Car le vice-président joue ici avec une thématique bien connue : la manière dont les idées s’entrecroisent. Il cite le cas de la lampe-torche que l’on peut activer depuis iOS 7 depuis l’écran verrouillé : une fonction qui existe « depuis trois ans » chez Xiaomi. Et la fonction de recherche locale présentée dans l’interface de composition d’Android ? Présente également chez Xiaomi « depuis longtemps ».
Le vice-président essaye de faire passer en fait un message simple : Apple n’est pas nécessairement un créateur d’idées, mais la firme de Cupertino sait puiser où elle en a besoin pour les améliorer ensuite et les fournir sous la forme intégrée que l’on connait. C’est un domaine dans lequel on sait en effet que la plupart des innovations naissent dans les laboratoires, avant d’être exploitées, parfois bien des années plus tard, dans des produits réellement disponibles.
Apple à l'affût ?
Cela étant, la philosophie autour de l’innovation, de sa reprise et de son amélioration ne sera pas forcément toujours la principale préoccupation de Xiaomi. Apple a en effet prouvé à maintes reprises qu’elle savait protéger son patrimoine industriel et la firme n’hésite pas à attaquer la concurrence directement devant les tribunaux, en cherchant si possible à obtenir les précieuses injonctions qui lui permettront de bloquer la vente des produits dont elle veut se débarrasser. Dans ce domaine, l’exemple le plus flagrant est bien entendu Samsung, qui a perdu la plupart des procès.
Actuellement, Xiaomi est selon lui une entreprise qui réalise des profits, donc avec un modèle viable. L’une de ses spécificités est de s’occuper directement de la vente des téléphones sans passer par les intermédiaires. Pour l’instant, la Chine reste le seul marché concerné, et il est possible d’ailleurs qu’Apple ne soit pas passé à l’action à cause justement de cette limitation. Si le constructeur décide de s’ouvrir véritablement à l’international, la situation pourrait changer.