Début 2013, NVIDIA surprenait tout le monde en mettant sur le marché sa console portable sous Android, la Shield. Disposant de nombreux atouts, celle-ci n'a malheureusement jamais été commercialisée chez nous. Aujourd'hui, le caméléon annonce qu'il renforce son offre dédiée aux joueurs sous Android, mais il n'est plus question d'une console portable, mais bien d'une tablette de 8 pouces et d'une manette dédiée.
Lors du CES 2013, NVIDIA nous montrait qu'il pouvait encore nous surprendre en annonçant la mise sur le marché prochaine d'un produit que personne n'attendait alors : une console de jeu portable sous Android. Exploitant une puce Tegra 4, celle-ci était à mi-chemin entre la manette et le smartphone, et promettait une fonctionnalité inédite alors : GameStream. En effet, en plus du catalogue Android, il était possible de jouer à des jeux PC via l'écran intégré ou une TV grâce à un procédé de streaming plutôt bien pensé mais nécessitant un débit Wi-Fi suffisant.
De routeurs certifiés en mises à jour logicielles, cette Shield a su bien évoluer, apportant de nombreuses améliorations et la gestion de GameStream à travers une connexion mobile 3G/4G. Malheureusement, elle n'aura jamais vu le jour en France de manière officielle.
La Shield Tablet n'est pas la Shield 2, ni la Tegra Note 8 (Oui, c'est compliqué)
Il faut dire que tout intéressant qu'il soit, le concept a rencontré quelques freins au niveau commercial. Tout d'abord son prix, que beaucoup jugeaient trop élevés. Son format, imposant un écran de petite taille, n'a pas non plus été toujours bien perçu. Pour l'évolution de son offre, NVIDIA a donc cherché à faire les choses différemment. Et alors que tout le monde s'attendait à voir une Shield 2 sous Tegra K1 annoncée en cette fin juillet, c'est finalement une Shield Tablet et sa manette, le Shield Controller, qui sont dévoilés.
La Shield devient la Shield Portable qui fait partie de la Shield family
Si NVIDIA explique cette dénomination par l'utilisation du terme Shield comme identifiant de sa gamme de produits pour joueurs sous Android, elle devrait créer un peu de confusion dans les premiers temps. En effet, ce qui était le nom d'une console portable devient celui d'une gamme entière, celle-ci étant désormais connue comme la Shield Portable.
De plus, NVIDIA proposait déjà une tablette sous Android : la Tegra Note 7. Pourquoi ne pas avoir utilisé cette dénomination ? Pour le constructeur, ce produit n'était pas pensé pour les joueurs, contrairement à ce qui est annoncé aujourd'hui. Néanmoins, on aurait voulu créer de la confusion dans l'esprit des acheteurs que l'on n'aurait pas pu mieux s'y prendre.
Une tablette de 8" Full HD qui se veut complète, performante et accessible
Pour NVIDIA, tout le défi était donc de profiter de ce qui avait développé pour la Shield Portable, mais avec un format plus consensuel et un produit aux multiples facettes. C'est sans doute pour cela que la tablette s'est imposée, le père des GeForce considérant ce marché comme suffisamment mature. Cela aura par contre le désavantage de limiter le jeu en mobilité, notamment dans les transports, puisque la manette ne sera pas utilisable.
On se retrouve néanmoins avec un produit à l'écran plus large, qui peut être placé à côté d'une TV et facilement déplacé, alors que son format permet d'embarquer des composants suffisamment puissants ainsi qu'une batterie confortable. Néanmoins, certains choix nous laissent dubitatifs.
Une tablette, c'est plus simple à concevoir, et plus pratique à vendre
Commençons tout d'abord par les caractéristiques techniques et le tarif de cette tablette, pour voir si elle est intéressante en tant que telle. Cela commence bien entendu par le Tegra K1, qui fait la fierté de NVIDIA pour ses capacités graphiques notamment. Il sera ainsi intéressant de le comparer aux ténors du marché actuel lors des premiers tests. Disposant de 192 cœurs graphiques (génération Kepler), ce SoC embarque aussi quatre cœurs A15 à 2.2 GHz en attendant une éventuelle version Denver (voir cette actualité). Il est ici accompagné de 2 Go de mémoire et de 16 Go ou 32 Go de stockage selon les versions. Dans tous les cas, un lecteur de cartes MicroSD d'un maximum de 128 Go est intégré.
La dalle utilisée est un modèle IPS de 8" Full HD (1920x1200 pixels), compatible avec le stylet intégré, la technologie DirectStylus ayant été améliorée pour l'occasion et passant à sa version 2. Une sortie Mini HDMI 1.4a est présente, et gère donc la 4K pour la lecture de vidéos. La connectivité comprend du Bluetooth 4.0 LE, du Wi-Fi 802.11n MiMo (2x2) et le support de la 4G pour la version 32 Go, via le même modem Icera i500 que l'on trouve avec le Tegra 4i dans le Wiko Wax par exemple.
Du côté de la batterie, c'est un modèle de 19,75 Wh qui est utilisé, avec 10 heures annoncées en lecture de vidéo HD. L'ensemble pèse 390 grammes pour des dimensions de 221 x 126 x 9,2 mm. Les finitions sont un peu meilleures que sur la Tegra Note 7 selon nos premières impressions, notamment pour ce qui est de la fixation de la « cover » magnétique (en option). Les deux modèles partagent d'aileurs une base commune et l'on retrouve certains éléments comme les hauts parleurs en façade.
L'ensemble est donc assez complet, notamment pour le tarif qui reste contenu pour un modèle de cette puissance : 299 dollars ou 399 dollars selon les cas, avec Trine 2 : Complete Story en bundle. En France, certains comme Materiel.net ou encore Rue du commerce permettent déjà de la précommander, avec ou sans accessoires, avec une parité euros / dollars.
NVIDIA mise sur ses fonctionnalités exclusives pour convaincre
C'est d'autant plus le cas que ceux qui cherchent les fonctionnalités apportées par NVIDIA ne trouveront pas de concurrente capable de faire de même. C'est en effet la seule tablette qui peut gérer un jeu en streaming depuis un PC, Steam ne proposant pas encore une telle possibilité. Connectée à une TV, avec ou sans fil via Miracast, elle peut donc faire office de console de jeu. On regrettera d'ailleurs qu'aucun dock avec HDMI et recharge n'ait été proposé à cet effet, une erreur vu le placement de ce produit.
Les adeptes de mobilité seront pour leur part ravi d'apprendre que le streaming sur Twitch est nativement géré, à la manière de ShadowPlay sur PC. Vous pouvez donc diffuser une partie sur un jeu PC ou mobile depuis votre tablette de manière assez simple, avec intégration de la vidéo depuis l'une des webcams. Si c'est là encore un point positif, cela ne vise qu'une niche d'utilisateurs.
Les points forts de NVIDIA ? Ses fonctionnalités dédiées aux joueurs. Mais cela sera-t-il utile sur une tablette ?
Les accessoires de la Shield Tablet : des erreurs et de bonnes idées
Si le stylet est un plus et que NVIDIA indique qu'il conviendra aux adeptes du dessin, on a du mal à imaginer que cela sera un critère décisif sur un tel produit dans la pratique, bien qu'il soit assez efficace semble-t-il. Le constructeur intègre d'ailleurs des applications maison pour en profiter. Bref, vous l'aurez compris, cette tablette semble plutôt séduisante, même si elle ne s'adresse pas à « Mr tout le monde ». Il sera donc intéressant de voir ce qu'elle a dans le ventre de manière détaillée au moment des tests.
Reste la question des accessoires. Outre l'absence regrettable du dock, on aura du mal à digérer le tarif annoncé pour la Shield Cover : 39 dollars. S'il est sans doute commercialement intéressant de s'inspirer d'Apple, NVIDIA aurait ici du avoir l'esprit un peu plus clairvoyant, surtout après avoir été modéré sur le tarif de sa tablette. Heureusement, en France le tarif est revu à la baisse et échappe à la parité puisqu'il est question de moins de 30 euros pour le moment.
La Shield Controller pose aussi question. 59 dollars, c'est cher. Surtout pour un produit qui n'est compatible pour le moment qu'avec la Shield Tablet. En effet, afin de réduire la latence, NVIDIA a utilisé le Wi-Fi Direct pour sa connexion. Elle est ainsi indiquée comme divisée par deux par rapport à du Bluetooth, avec un meilleur débit, tout en permettant de gérer le contrôle vocal du micro intégré et le branchement d'un micro/casque. Un avantage qui en fait donc aussi son principal défaut.
La prise en main de la bête est plutôt bonne, on y trouve tous les boutons Android ainsi qu'une surface tactile grise en son centre. C'est bien pensé, mais encore trop limité. On aurait en effet aimé pouvoir l'utiliser sur un PC avec un jeu Steam, ou avec un autre appareil compatible Wi-Fi Direct. Pour le moment, ce ne sera pas le cas. NVIDIA nous promet des évolutions dans les semaines à venir, nous verrons bien ce qu'il en est. D'ici là, on ne pourra la conseiller que si un bundle plus attractif d'un point de vue tarifaire est proposé, car elle reste tout de même essentielle pour un usage de type « Console de jeu ».
Une manette intéressante, complète, mais uniquement pensée pour la Shield Tablet et proposée à 59 dollars
NVIDIA a dévoilé ses cartes, le public sera-t-il au rendez-vous ?
Il faudra maintenant voir comment un tel produit sera accueilli. Tout le monde attendait une Shield 2, c'est finalement une tablette qui est proposée. Si pour NVIDIA, le but était d'éviter les critiques rencontrées par son précédent modèle, tout en tirant partie de son expérience sur ses fonctionnalités et la commercialisation d'un produit comme la Tegra Note 7, le pari est tout de même risqué.
Est-ce que la mayonnaise prendra ? La réponse dans les mois qui viennent et d'ici la période de fin d'année, qui sera peut-être propice à des bundles GeForce / Shield comme ce fut le cas outre Atlantique l'année dernière. Dans tous les cas, il faudra attendre le 14 août pour sa disponibilité en France, les revendeurs ne pouvant pas la distribuer chez nous avant cette date.