La ministre de la Culture veut que les films sortant au cinéma soient plus rapidement accessibles sur les services de vidéo à la demande. Dans le même temps, Aurélie Filippetti a son idée pour « valoriser le «made in France» culturel » Alors que Netflix est à nos portes, avec sous le coude, des moyens techniques d’ampleur, les films seront-il bientôt plus rapidement accessibles sur les services de vidéo à la demande ? C’est en tout cas les vœux d’Aurélie Filippetti.

La ministre de la Culture annonce dans une interview au site du Figaro (payant), qu’elle va proposer « d'avancer de deux mois la disponibilité des films à la télévision, et, pour la vidéo à la demande par abonnement, de ramener le délai après la sortie en salle à vingt-quatre mois, contre trente-six actuellement. » Seulement tous n’auront pas droit à une telle accélération du temps. Le ministère de la Culture veut en effet réserver cette primeur aux « services qui participent au financement et à l'exposition des œuvres françaises et européennes. »
Et pour mieux témoigner de cet effort, « dès la rentrée, je lancerai un appel à propositions pour un dispositif de référencement des sites de vidéos qui contribuent au soutien et à l'exposition de la création française et européenne. »
Une logique de carotte
Cette logique de carotte avait déjà été décrite dans le rapport Lescure, lequel proposait de raboter le délai applicable à la vidéo à la demande par abonnement. Les services de VàDA seraient tenus en contrepartie de cette fenêtre aménagée, « de prendre des engagements importants en termes de contribution à la production, conformément au décret SMAD ; ceux qui ne souhaitent pas ou ne sont pas en mesure d’assumer de telles obligations pourraient continuer à bénéficier des mêmes films après 22 ou 36 mois ».
Seulement Lescure proposait un délai de 18 mois pour la VàDA et de fait, Filippetti a préféré le délai de 24 mois proposé par le CSA.
Quoi qu’il en soit, selon la locataire de la Rue de Valois, « depuis 2009, les pratiques et l'environnement concurrentiel ont considérablement évolué. Il est temps d'en tenir compte et de donner un nouvel élan à nos industries culturelles, tout en favorisant les offres légales en ligne ». En 2014, cependant, elle ne veut toujours pas d’une diffusion simultanée entre la salle et Internet. « La salle de cinéma doit dans ce nouveau cadre continuer à primer pour les films et je ne retiens pas l'idée d'une diffusion simultanée sur Internet ; mais des dérogations encadrées devraient être prévues, pour des films qui auraient très vite épuisé leur potentiel en salle. »
La confiance dans les professionnels
Si on fait le bilan de ses propositions décrites dans son interview, elle veut :
- Prévoir des dérogations pour les films qui auraient très vite épuisé leur potentiel en salle.
- Avancer de deux mois la disponibilité des films à la télévision.
- Ramener le délai de la vidéo à la demande par abonnement de 36 à 24 mois s’ils financent les oeuvres françaises et européennes.
- Favoriser l'accès des films en VOD sur une plus longue période en resserrant la fenêtre d'exclusivité des chaînes de télévision.
- Libérer la diffusion des courts-métrages.
Des propositions suffisantes pour contrecarrer le tsunami Netflix ? Selon Aurélie Filippetti, en tout cas, « ces assouplissements seront détaillés avec les professionnels sous l'égide du CNC » puisque la chronologie des médias « relève d’un accord professionnel. »
La ministre fait « confiance à leur sens des responsabilités pour qu'un accord puisse se dégager à la rentrée ». Pour mémoire, en 2013, elle avait déjà alerté ces mêmes professionnels qu’ « une disposition législative pourrait intervenir » s’ils ne trouvent pas de terrain d’entente. Une vraie petite réponse graduée statique.