Le marché des moyens de paiement est en pleine mutation, notamment du fait des besoins impliqués par la mobilité et la croissance de la vente en ligne. Tous les acteurs se livrent une guerre pour ce qui est du remplacement de la carte bancaire. Mais tous ne le font qu'avec une optique : faire comme PayPal. Un mimétisme qui a déjà fait des dégâts, ce qui n'arrête pas VISA qui lance son bouton Checkout. Pendant ce temps, PayPal annonce son club « Select ».
Depuis quelques années, et encore plus maintenant que le paiement mobile prend de l'importance et que les crypto-monnaies sont en embuscade, une guerre se trame concernant les moyens de paiement. Il faut dire que la carte bancaire a été pensée en des temps où internet n'existait pas, et le Crédit Agricole de Quimper et son Bancomat n'avaient sans doute pas imaginés que ce qui n'était qu'une simple carte de retrait en 1971 deviendrait ce qu'elle est aujourd'hui.
La carte bancaire s'adapte au web, mais cela ne suffit pas
Bien entendu, depuis la carte à puce, l'arrivée du cryptogramme ou des solutions telles que 3D Secure, les choses se sont un peu plus adaptées à la vente en ligne et au besoin de sécurité, mais cela n'est souvent pas suffisant. L’Observatoire de la sécurité des cartes de paiement, qui vient de rendre son rapport annuel sur l'exercice 2013 semble d'ailleurs confirmer que si la fraude en ligne baisse (0,229 % contre 0.29 % en 2012 et 0,341 % en 2011), elle reste plus élevée qu'avec les paiements dits de proximité (0,013 %). Le taux global se situant lui à 0,08 %, soit 469,9 millions d'euros.
Le succès du « 1-click » d'Amazon et ses équivalents démontre néanmoins un changement de mentalité et d'usage chez les internautes. Il en est de même pour les possibilités offertes par un compte PayPal pour ce qui est de la gestion de la récurrence d'un paiement et des abonnements par exemple, la consultation de votre historique, la gestion de plusieurs cartes, etc. n'a pas son pareil avec une carte bancaire.
Le marché l'a bien compris, et depuis quelques années, de nombreux acteurs cherchent à rentrer en concurrence directe avec la société. Malheureusement, la loi du « Winner-takes-all » s'applique ici puisque les revendeurs doivent faire un choix et ne peuvent pas proposer des dizaines de moyens de paiement. C'est d'autant plus vrai que si PayPal a réussi à s'imposer grâce à sa position historique sur le marché, ceux qui ont voulu lui porter du tort optent le plus souvent pour des initiatives en solo ou en petit groupe, sans innovation particulière si ce n'est l'impression des banques de disposer d'un poids suffisant pour s'imposer sur le web.
Même en 2014, les concurrents de PayPal répètent toujours les mêmes erreurs
Buyster en a déjà fait les frais, PayLib qui est encore actif ne semble pas rencontrer un plus grand succès, mais tout cela n'arrête pas tout ce petit monde qui n'a semble-t-il pas encore compris le défi que représentait le paiement mobile ou en ligne. Ainsi, alors que PayPal se prépare à débarquer dans les boutiques locales, on apprend que VISA lance son bouton « Checkout »... comme le font déjà Google, Amazon et d'autres, qui ont leur poids de géant mondial comme avantage mais n'assurent pourtant pas une présence folle sur les sites web.
Quel est le réel point fort de cette solution ? Selon les vidéos mises en ligne pour l'occasion et le site web officiel : VISA. Comme les banques, la société pense sans doute que son statut suffira à lui seul pour justifier de l'intérêt de sa solution. Quelques sociétés font déjà partie du programme, qui semble limité aux Etats-Unis, au Canada et à l'Australie pour le moment. Ce dernier est d'ailleurs le pays où le plus de boutiques sont référencées.
Un site pour les développeurs a été mis en ligne, expliquant le processus de paiement qui est semblable à ce que l'on voit chez la concurrence, un SDK étant mis à disposition pour les applications Android et iOS. Aucun tarif n'est pour le moment indiqué concernant la part que VISA récupère sur les paiements effectués à travers son service.
En France, le site redirige pour le moment vers V.me, la précédente tentative du genre, dont vous n'avez sans doute jamais entendu parler pour toutes les raisons évoquées précédemment. Reste à voir si elle sera à terme remplacée par VISA Checkout, s'il vient à s'étendre à l'Europe et à notre bon vieux pays.
PayPal lance son club privé avec Select
Notez dans le même temps que PayPal, qui multiplie les initiatives en ce moment, allant même jusqu'à s'adapter à Android Wear et aux montres connectées, ou à proposer une solution de reconnaissance d'empreintes digitales sur les tablettes de Samsung, vient de lancer son programme Select.
Il s'agit d'un programme de fidélité, pensé pour ceux qui utilisent le plus PayPal et sans doute vous inciter à l'utiliser encore davantage au quotidien. Réservé aux Etats-Unis pour le moment, il permet aux revendeurs de proposer des réductions spécifiques, sans doute cofinancées par le service qui dispose de nombreuses informations à sa disposition pour permettre un ciblage intéressant. Ceux qui sont éligibles seront contactés par mail, et un site dédié à été mis en place afin de présenter l'initiative.