Loi « Anti-Amazon » : des frais de port à 0,01 € chez Cdiscount et la Fnac

À tort ou à livraison
Droit 5 min
Loi « Anti-Amazon » : des frais de port à 0,01 € chez Cdiscount et la Fnac
Crédits : Abee5 (CC BY 2.0)

Avec quelques jours de retard, la Fnac vient d’appliquer la loi « Anti-Amazon ». Les livraisons de livres sont désormais facturées 1 centime d’euro par la société française, qui a dans le même temps dû renoncer au rabais de 5 % pratiqué jusqu’ici - de la même manière qu’Amazon. D’autres cybermarchands sont également rentrés dans le rang, à l’image de Cdiscount. 

Depuis vendredi dernier, tous les cybermarchands sont tenus de respecter la loi dite « Anti-Amazon ». Ce texte est venu modifier la loi de 1981 sur le prix unique du livre, de telle sorte que désormais, le vendeur « peut pratiquer une décote à hauteur de 5 % [du prix fixé par l’éditeur] sur le tarif du service de livraison qu'il établit, sans pouvoir offrir ce service à titre gratuit ». Un seul cas de figure permet de déroger à cette règle : si le livre est retiré dans un « commerce de vente au détail de livres ». Autrement dit, dans une librairie.

 

L’objectif du législateur ? Mettre un terme au cumul entre les deux remises que pratiquaient jusqu’ici certaines sociétés telles qu’Amazon ou la Fnac (une ristourne de 5 % sur le prix du livre + la gratuité des frais de port), et qui étaient perçues comme de la concurrence déloyale vis-à-vis des libraires traditionnels. Au Sénat, les parlementaires ont d’ailleurs voulu donner un tour de vis supplémentaire, en interdisant aux cybermarchands d’offrir les frais de livraison.

La Fnac respecte la législation avec quelques jours de retard

Mais si les vendeurs de livres concernés par ce texte ont largement eu le temps de s’y préparer, tous n’étaient pas prêts vendredi dernier, lorsque la loi est entrée en vigueur. C’était notamment le cas de la Fnac, qui nous expliquait alors qu’elle ferait comme Amazon d’ici « quelques jours », le temps de mettre à jour son site Internet. En l’occurrence, la société américaine a interprété la loi en ne pratiquant plus le rabais de 5 % et en facturant ses frais de port 1 centime d’euro.

 

Et depuis hier, la Fnac en fait de même. Alors qu’il vous en coûtait par exemple 5,99 euros lundi pour acheter le livre « Un homme dans la poche », d’Aurélie Filippetti (avec des frais de port gratuits), le même bien est désormais affiché à 6,30 euros, avec une livraison à 1 centime.

 

fnac homme pochefnac homme poche 

Avant (à gauche), après (à droite).

 

Ces frais de livraison restent à 1 centime, même si vous prenez plusieurs livres.  

 

fnac livraison

 

La Fnac dispose toutefois d’un certain avantage vis-à-vis d’Amazon : ses dizaines de magasins. Au moment de payer son achat en ligne, le cybermarchand indique ainsi très clairement à ses clients qu’ils peuvent continuer de bénéficier de la ristourne de 5 % et de la gratuité des frais de port, mais à condition de venir récupérer leur(s) livre(s) en boutique, comme le permet la nouvelle réglementation.

 

La société nous assurait d’ailleurs il y a peu que cette pratique du retrait en magasin était loin d’être négligeable, puisqu’elle concerne près de 30 % des commandes effectuées sur son site Internet, tous biens confondus cependant (aussi bien les livres que les téléviseurs, les caméscopes, etc.).

Et les autres cybermarchands ?

Chez Cdiscount, on est aussi rentré dans le rang. La remise de 5 % n’est plus de rigueur et les frais de port sont désormais facturés 1 centime d’euro.

 

cdiscount livre port

 

Chez Decitre, il n’y a plus de rabais de 5 %. Et pour la livraison, il faut acheter au minimum pour 35 euros de livres pour l’avoir à 1 centime. Comme pour la Fnac, Decitre propose de conserver le double avantage en cas de livraison dans une des librairies de son réseau.

 

decitre livre port

 

Tous ces changements n’empêchent pas les cybermarchands de continuer à offrir les frais de port sur les livres à certains de leurs clients ayant opté pour des formules spécifiques. Par exemple, la Fnac proposait avant la mise en application de la loi « Anti-Amazon » une offre « Express+ », laquelle permet d’être systématique livré gratuitement pour toute commande, et ce moyennant 49 euros par an. Amazon a lui aussi mis en place un dispositif similaire pour le même prix, « Amazon Premium ».

 

Au final, quel sera l’impact de ces évolutions ? Si l’économiste Dominique Sagot-Duvauroux nous expliquait qu’au regard de la situation très fragile de certaines librairies, un petit transfert - même marginal - pourrait « avoir un effet important » en permettant à quelques professionnels « d'avoir les quelques ventes supplémentaires qui leur permettent de survivre », l’UFC-Que Choisir a récemment repris sa plume pour expliquer que d’après elle, « la loi « Anti-Amazon » ne changera rien » : « Payer un livre 20 € au lieu de 19 € sans bouger de chez soi n’est pas dissuasif, surtout si la livraison est toujours « gratuite » ! Seuls sa conscience et son patriotisme pourraient inciter le consommateur à acheter local ».

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