Microsoft a décidé de ne pas laisser tomber le secteur des netbooks, pourtant considéré comme mort depuis plusieurs années. Le renouveau du segment passera notamment par la gratuité de Windows pour les petites dalles, mais il sera difficile de contourner certaines difficultés qui n’ont pas changé avec le temps.
Ne pas laisser Google seule sur le segment des machines à moins de 250 dollars
Les netbooks n’ont pas été des machines particulièrement aimées du grand public. Elles sont connues pour avoir été commercialisées à des tarifs particulièrement abordables, mais leur puissance plus que limitée les a rapidement desservis. Ils étaient fournis avec Windows XP à une époque ou Vista était déjà sorti depuis un moment, ce qui résonnait comme un aveu du cruel manque de performances de ces machines. Caractéristiques limitées, système dépassé et impossibilité d’effectuer dans de bonnes conditions des tâches devenues simples comme lire une vidéo en haute définition, les ont relégués au fond des placards.
Et voilà que Microsoft aimerait relancer ce secteur. Pourquoi ? Tout simplement parce que des machines à petit budget trouveront toujours preneur, il suffit simplement de bien définir ce que l’on va offrir au consommateur pour cette tranche tarifaire. Et dans ce domaine, Google remporte un succès croissant aux États-Unis avec ses Chromebooks ne dépassant pas les 300 dollars. Pas question donc de laisser un tel segment à son grand concurrent.
Des netbooks nouvelle formule
Kevin Turner, l’un des directeurs de Microsoft, a expliqué durant la Worldwide Partner Conference de Washington que des machines seraient lancées sous la barre des 250 dollars. C’est notamment le cas du Stream de HP, un petit ordinateur qui doit être proposé en plusieurs versions et dont le tarif devrait être de 199 dollars seulement. Les caractéristiques de la bête n’ont pas été données mais à ce tarif, il ne faudra sans doute pas s’attendre à un foudre de guerre. Ces Stream sont prévus pour arriver un peu avant les fêtes de fin d’année.
Parmi les autres machines abordées par Microsoft, on en trouve depuis peu plusieurs sur le segment des 250 dollars, ce qui est parfaitement aligné sur une grande majorité des Chromebooks. L’Aspire ES1 d’Acer par exemple embarquera un Celeron N2830 (génération Bay Trail), épaulé par 4 Go de mémoire vive, un disque dur de 500 Go (en 5400 tours par minute), le tout articulé autour d’une dalle 15,6 pouces d'une définition de 1366x768. Avec cette dalle, la licence de Windows n’est plus gratuite mais le tarif n’empêche pas d’en faire, selon Microsoft, l’ordinateur le plus vendu sur Amazon aux États-Unis actuellement.
Des compromis qui seront forcément visibles
Plus tard dans l’année, Toshiba lancera un portable de 11,6 pouces à l’orientation plus mobile. Prévu pour un poids ne dépassant pas 1,2 kg, il embarquera notamment un SSD de 32 Go en lieu et place du traditionnel disque dur. Pour une machine prévue là encore pour un tarif modeste de 249 dollars, certains apprécieront le changement. Mais il ne faudrait pas oublier que l’on joue toujours dans une cour très particulière et les compromis seront forcément importants.
On ne peut pas en effet payer 250 dollars et espérer avoir les mêmes prestations qu’une machine qui en coute le triple ou davantage. La machine d’Acer est honnête sur le plan de la puissance brute avec un Celeron N2830 et 4 Go de mémoire vive, mais les performances globales seront très largement tirées vers le bas à cause des 5400 tours par minute du disque dur. Du côté du futur Toshiba, les 32 Go de SSD sont un excellent point, surtout dans cette gamme tarifaire, mais quel sera véritablement l’espace disque dont disposera l’utilisateur ? Windows prend en moyenne entre 15 et 20 Go selon les installations, sans parler des logiciels en place. On imagine que pour un segment destiné à combattre les Chromebooks, Microsoft pourra toujours rétorquer qu’il y a OneDrive et ses 15 Go de stockage distant gratuits.
Microsoft : 14 % du marché des appareils pris dans leur ensemble
Et si Microsoft a décidé de se remuer un peu, ce n’est pas un hasard. On a facilement tendance à considérer que la firme représente un quasi-monopole sur les ordinateurs de bureau, ce qui est assez vrai. Mais l’accès à l’information et la productivité ne sont plus les apanages des ordinateurs depuis bien longtemps. Kevin Turner a d’ailleurs joué la carte de l’honnêteté : si l’on considère la totalité des ordinateurs fixes et portables, des smartphones et des tablettes comme un seul groupe de produit, Microsoft ne représente plus qu’une part de marché de 14 %. Si certains se demandaient encore pourquoi la firme souhaitait tant basculer sur les produits multiplateformes et le cloud, voilà donc un autre élément de réponse.
Il est clair également que la firme se dirige vers un ensemble de logiciels et services qui vont former un tout, avec la faculté de fonctionner sur un maximum de plateformes. C’est déjà le cas des services en ligne évidemment, mais également de certaines applications clés telles que Skype, OneDrive, OneNote, et prochainement Word, Excel et PowerPoint quand ils seront disponibles sur Android, et en version Modern UI pour les ordinateurs et tablettes Windows RT/8. Quant à Windows « 9 » (Threshold de son petit nom de code), il doit arriver durant le printemps prochain et sera taillé pour s’adapter à toutes les diagonales, Turner appuyant notamment sur la case « Entreprise » pour signaler qu’une interface réellement adaptée sera fournie.
Le grand virage de Microsoft continue donc et il faudra attendre la sortie du prochain Windows pour voir dans quelle direction s’oriente une firme qui lâche sa zone de confort pour relever certains défis plus périlleux.