Le défenseur a également pris les devants, au cas où le réseau social ferait la sourde oreille : « Si Twitter prend la décision de ne pas le faire, d’une part, nous obtiendrons du juge français une injonction, et d’autre part, nous nous réservons de faire citer le représentant légal de Twitter Inc. devant la 17ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris, pour qu’il soit statué sur sa responsabilité propre ».
Article du lundi 15 octobre : Après une pluie de messages accompagnés du hashtag « #unbonjuif », l’UEJF réclame de Twitter un système de modération.
L’Union des Étudiants Juifs de France réclame d’urgence un rendez-vous avec Twitter France (qui n'existe pas) « afin de mettre en place un nouveau système de modération des tweets ». L’association qui soutient Charlie Hebdo envisage également de porter plainte suite à une pluie de hashstags considérés comme haîneux (une sélection sur JewPop.) Tout comme SOS Racisme.
« Dans le climat inquiétant où les propos et les agressions antisémites se multiplient, le hashtag « #unbonjuif » est arrivé parmi les trois Hashtag les plus diffusés et donc mis en une par Twitter le 10 octobre 2012, donnant lieu à un nombre record de tweets à caractère antisémite. » L’UEJF veut ainsi porter plainte contre leur auteur et « demande à Twitter de prendre ses responsabilités face à la diffusion sur son réseau de messages incitant à la haine. »
Jonathan Hayoun, Président de l’UEJF : « Dans la lutte qui doit tous nous rassembler pour lutter contre un fléau qui ressurgit de plus en plus, nous demandons à Twitter de prendre ses responsabilités. Twitter France doit s’assurer que les messages qui véhiculent des propos haineux racistes ou antisémites ne soient pas mis en avant ou accessibles à tous sur son réseau social. Nous demandons à rencontrer la direction de Twitter France afin de trouver une solution dans la concertation. La lutte contre le racisme et l’antisémitisme est l’affaire de tous, à commencer par ceux qui régulent les réseaux sociaux. »
Problème, c‘est des États-Unis qui doivent être gérés ces questions. De plus, pour basculer de l’idée à la pratique, le volontarisme de l’UEJF se heurte à quelques écueils. Sur les auteurs du message, on pourra lire cet article de Slate. Quant au réceptacle de ces messages, plusieurs difficultés juridiques se posent sur le régime de responsabilité de Twitter.
Notification unique ou multiple ?
Si le réseau est indéniablement hébergeur des messages postés par les utilisateurs, la question de l’éditorialisation des hastags les plus populaires pourrait se poser, avec à la clef une responsabilité directe de l'éditeur du service. Mais cela reste hypothétique. Au-delà, dans le flux des messages, la question persiste : comment assurer une modération ? De même, faut-il que Twitter soit notifié pour chaque message réputé haineux et choisisse en conscience de le conserver ou non ? Ou bien peut-on espérer un traitement de masse sur un hashtag ? Si un tel traitement est envisageable, doit-on considérer #lebonjuif comme intrinsèquement antisémite ou haineux ? Enfin, la modération n’est-elle pas pire que le mal sachant qu’elle implique une analyse préalable de tous les contenus ?
« L’humour est loin derrière l’incitation à la haine »
Contacté, Jonathan Hayoun concède : « Juridiquement, on ne peut pas les attaquer sur le hashtag. Il n’est pas antisémite, mais on peut voir l’impact et l’intention qui se cache derrière ». L’association l’assure : « on peut attaquer Twitter sur l’identité des auteurs ou si le réseau ne déférence pas ces tweet-là. »
L’UEJF fait un distinguo avec son soutien à Charlie Hebdo : « en France on peut se moquer, on peut blasphémer. Mais là on s’attaque au vivre ensemble. Je vois des messages où on me dit #unbonfuif est un juif mort, ou un tas de cendre. On voit que l’humour est loin derrière l’incitation à la haine ».
Fallait- il dénoncer plutôt que passer sous silence ? Le porte-parole de l’UEJF en est certain. « Il n’y pas d’autres stratégies pour réveiller les consciences. Il faut mobiliser et chercher à rassembler tout le monde. Être indifférent, c’est faire leur jeu et leur laisser prendre plus de place. Aujourd’hui, plusieurs personnes ont posté des messages pour contrer ceux des racistes. » L’intéressé admet ne pas avoir eu de retour de Twitter mais l'affirme encore haut et fort : « le minimum serait de modérer les hashtags mis en Une dans la page d’accueil ».