Comme l’avait laissé entendre le ministre de l’Éducation nationale il y a une dizaine de jours à l’Assemblée nationale, une initiation au code informatique pourra être proposée aux écoliers français dès la rentrée prochaine. Cela se fera toutefois de manière facultative, et sur le temps périscolaire (c’est-à-dire en dehors des cours). C’est en tout cas ce qu’a confirmé Benoît Hamon ce week-end, tout en laissant entendre qu’un tel éveil pourrait en revanche devenir obligatoire au collège.
« Dès septembre, je favoriserai en primaire une initiation au code informatique, de manière facultative et sur le temps périscolaire ». L’annonce faite ce week-end par Benoît Hamon dans le Journal du dimanche se veut à la fois veut courte et prudente. Mais le ministre en dit suffisamment pour que l’on comprenne qu’il ne sera donc pas question de cours obligatoires, et encore moins d’enseignements durant le temps scolaire - contrairement à ce que préconisaient notamment les députées Corinne Erhel et Laure de la Raudière dans leur récent rapport parlementaire consacré au développement de l’économie numérique française.
En fait, le locataire de la Rue de Grenelle n’a fait que dire plus clairement ce qu’il avait annoncé devant les deux parlementaires il y a une dizaine de jours : « Je suis favorable à ce que, dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, nous puissions réfléchir à la manière d'inciter un certain nombre de territoires, d'écoles, de collectivités à initier les élèves du primaire au code et au langage informatique » avait ainsi déclaré Benoît Hamon, laissant entendre que les villes seraient libres de proposer un tel éveil dans le cadre d'activités périscolaires (voir notre article).
Un appel aux associations pour des initiations cohérentes au niveau national
Pour l’heure, peu de détails ont été donnés sur la déclinaison de ces futures initiations. Le ministre a néanmoins expliqué que ses services avaient « lancé le 19 juin un appel aux associations pour structurer une offre nationale ». Ces enseignements, qui s’effectueront donc sur les heures « périscolaires » gagnées du fait de la réforme des rythmes scolaires, devraient selon Benoît Hamon répondre aux « premières exigences » posées il y a peu par le Conseil supérieur des programmes : « L'élève [devra] connaître les principes des langages de programmation et être capable de réaliser des applications utilisant des algorithmes simples » a ainsi rappelé le ministre.
Une initiation facultative en primaire, mais qui « devrait » être au programme au collège
Si cette initiation restera donc purement facultative à l'école primaire, Benoît Hamon a affirmé que celle-ci « devrait être inscrite dans les programmes du second degré », autrement dit au collège et au lycée. Usant du conditionnel, le ministre n’a cependant pris ici aucun engagement concret (notamment en termes de calendrier). Ce dernier s’est pourtant efforcé de justifier l’importance de l’apprentissage de l’informatique à l’école : « L'école ne peut ignorer l'importance du numérique qui intervient aujourd'hui dans toutes les disciplines. La question n'est plus de savoir s'il faut apprendre l'informatique et son langage, mais de savoir comment, pour quels usages, et à quelle étape du cursus le faire » a-t-il déclaré.
Interrogé sur l’objectif d’une telle évolution dans la formation des jeunes, le ministre a répondu : « Si maîtriser le français est indispensable pour penser, formuler un jugement, s'exprimer et communiquer, les mathématiques comme l'informatique sont d'autres formes de langage, qui apprennent la logique, facilitent la manipulation de concepts. Il s'agit donc de donner à tous les clés pour agir dans un monde toujours plus "connecté". Il ne s'agit pas de faire de tous les collégiens des développeurs mais de détecter des talents, de susciter des vocations pour un secteur stratégique dans la compétition mondiale. »

Sur Twitter, la socialiste Corinne Erhel a réagi aux annonces de Benoît Hamon en affirmant qu’il s’agissait d’une « très bonne nouvelle ». De son côté, Laure de la Raudière s’est dite « heureuse » que le gouvernement reprenne cette proposition d’un éveil au code dès l’école primaire. L’élue de l’opposition a toutefois tenté d’interpeller Benoît Hamon et d’en savoir davantage.
Très bonne nouvelle @benoithamon ! Apprentissage du code informatique a l'école, proposition de notre rapport économie numérique @lauredlr
— Corinne Erhel (@c_erhel_deputee) 13 Juillet 2014
La mise en place du "coding à l'école" d'ici le 1er sept, faut pas rêver, @benoithamon : quel contenu, avec quel matériel et avec qui?
— Laure de La Raudière (@lauredlr) 13 Juillet 2014
La semaine dernière, la députée nous avait expliqué que cette initiation, facultative et sur le temps périscolaire, constituait une sorte de compromis suite à l’idée initialement soulevée d’un éveil obligatoire dès le primaire. « Je pense que c’est une (...) façon souple de mettre en œuvre cette proposition » déclarait-elle dans nos colonnes. La parlementaire en appelait néanmoins les pouvoirs publics à « aller plus loin » et à « être plus radical dans le changement » (voir notre interview).
François Hollande veut que la France soit « exemplaire » sur le numérique à l’école
On notera enfin que lors de son intervention télévisée du 14 juillet, François Hollande a évoqué la question du numérique à l’école : « Nous allons lancer un grand plan pour le numérique à l’école. Nous l’avons déjà accompli pour une part, mais il faut aller beaucoup plus loin ! Moi je veux que la France soit exemplaire sur le numérique à l’école. Qu’on soit les meilleurs si c’est possible ! » a déclaré le président de la République.