L'Allemagne expulse le responsable local de la CIA basé à Berlin

Résultat d'une longue série de dérapages
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L'Allemagne expulse le responsable local de la CIA basé à Berlin
Crédits : bobaa22/iStock/Thinkstock

L’Allemagne vient de demander au responsable local de la CIA de rentrer aux États-Unis. Une décision majeure qui en dit long sur les tensions entre les deux pays, surtout au terme d’une semaine particulièrement riche en rebondissements.

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Crédits : nolifebeforecoffee (licence: CC by SA 2.0)

Le responsable local de la CIA expulsé d'Allemagne 

Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement allemand, a indiqué à la presse une décision radicale : « Il a été demandé au représentant des services de renseignement à l’ambassade des États-Unis de quitter l’Allemagne ». La sentence sonne comme une condamnation, la suite directe de plusieurs mois de révélations particulièrement dérangeantes pour nos voisins d’outre-Rhin.

 

Le porte-parole a d’ailleurs précisé que cette mesure était prise en toile de fond d’une enquête fédérale sur de nombreux points soulevés par les multiples révélations autour des documents d’Edward Snowden. Mais pas seulement.

Une dégradation au fil des derniers mois 

Depuis le premier article sur Prism, de très nombreuses informations sont apparues, notamment sur les méthodes de la NSA. L’Allemagne est l’un des pays les plus concernés, notamment depuis le scandale de l’espionnage direct de l’un des smartphones de la chancelière Angela Merkel. Barack Obama avait dû intervenir, indiquant qu’il n’était pas au courant de cette opération, mais que des mesures seraient prises pour que cela ne se reproduise plus. Plus tard, d’autres documents avaient montré que la NSA espionnait en fait 122 chefs d’États.

 

Plus récemment, l’Allemagne avait pris plusieurs décisions importantes. En mai, le gouvernement a ainsi annoncé que plus aucun matériel réseau américain ne serait acheté pour équiper ses administrations et autres organes officiels. Dans le même laps de temps, le parlement allemand avait invité Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, Tim Cook, PDG d’Apple, Eric Schmidt, président du conseil d’administration de Google, et Brad Smith, responsable juridique de Microsoft, à venir s’expliquer sur les liens qui unissaient leurs entreprises à la NSA.

Deux fuites du renseignement allemand vers la CIA

Mais des évènements beaucoup plus récents se sont produits et ont mené à l’expulsion du responsable local de la CIA. La semaine dernière, un jeune opérateur du renseignement allemand a été arrêté et a avoué qu’il transmettait des secrets à l’agence américaine. Il y a deux jours, Obama et Merkel se téléphonaient pour aborder la crise en Ukraine, mais la chancelière n’a pas souhaité indiquer à ce moment ce qu’elle savait. Selon le New York Times, Barack Obama n’avait pas été informé de la situation, plongeant la Maison Blanche dans l’embarras.

 

Hier, Reuters indiquait que le renseignement allemand enquêtait sur une deuxième fuite, suggérant qu’un autre opérateur ou analyste transmettait des informations à la CIA. Merkel, pressée par son propre parti de critiquer plus ouvertement Obama pour ces scandales à répétition, a finalement pris en compte l’événement.

 

Aujourd’hui, c’est donc le responsable local de la CIA, basé à l’ambassade des États-Unis à Berlin qui doit quitter le territoire. La mesure est une déclaration très nette à la puissance américaine que le terme « alliés » a peut-être été un peu trop galvaudé ces derniers temps. Et il existe clairement des différences de conception entre ce que doit être la coopération dans le domaine du renseignement et de la surveillance.

« Des approches très différentes » 

Des différences particulièrement visibles dans les réactions des deux pays, rapportées par ABC News. La porte-parole des États-Unis, Caitlin Hayden, a ainsi indiqué que la relation entre les deux pays sur le renseignement était importante : « Elle permet aux Allemands et aux Américains d’être en sécurité. Il est essentiel que la coopération continue dans tous les domaines et nous continuerons de rester en contact avec le gouvernement allemand via les moyens appropriés ». Angela Merkel, de son côté, a simplement indiqué que l’Allemagne et les États-Unis avaient « des approches très différentes » de ce que doivent être des agences de renseignement.

 

Les rapports troubles entre les deux pays ne sont toutefois pas encore ternis au point de remettre complètement en cause l’accord transatlantique de libre-échange actuellement en négociation. Cependant, les scandales rapprochés obligent petit à petit l’Allemagne à prendre des décisions un peu plus radicales à chaque événement. Même si Thomas de Maiziere, ministre allemand de l’Intérieur, a indiqué qu’en l’état, les informations transmises par l’opérateur à la CIA étaient « risibles », les « dégâts politiques sont déjà disproportionnés et sérieux ».

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