Adoptée en décembre 2013, la réforme du Crédit d'impôt jeu vidéo (ou CIJV) n'a toujours pas été appliquée. Le gouvernement semble freiner des quatre fers concernant l'inclusion des jeux classés PEGI 18 dans le dispositif, ce qui n'est pas du goût des studios et des éditeurs.
Il y a maintenant six mois, l'Assemblée nationale a voté une loi permettant d'étendre le champ d'action du Crédit d'impôt jeu vidéo. Cette loi avait deux volets importants et devait entrer en vigeur au 1er janvier 2014. Le premier consistait en une baisse de 150 000 à 100 000 euros du seuil de déclenchement du dispositif, afin de mieux tenir compte du budget de développement des jeux sur mobiles, le second en l'intégration des jeux classés PEGI 18 au système. Seule exception, les jeux « comportant des séquences à caractère pornographique ou d'extrême violence » devront rester exclus, après une étude au cas par cas.
Malgré le vote des députés, l'application de la loi se fait attendre. Selon nos confrères du Figaro, ce délai serait du à un débat qui divise les éditeurs et les autorités. En effet, si le texte ne dit plus de façon explicite que les jeux classés PEGI 18 sont exclus du dispositif du CIJV, les éditeurs estiment que ces titres y ont droit, tandis que du côté du gouvernement, on considère qu'ils font partie de l'exception d'extrême violence.
L'État ne souhaite pas que l'on puisse lui reprocher d'aider la production de médias violents. « Imaginez qu'un de ces jeux soit mis en cause par des associations familiales dans le cadre d'un fait divers. Ce serait dévastateur », aurait expliqué un proche du dossier à nos confrères.
Seul problème, les débats ne doivent pas durer éternellement, sans quoi, les conséquences financières pour les studios français seraient plus qu'importantes. Avant que l'aide ne soit accordée aux professionnels du secteur, l'Union européenne doit donner son feu vert, ce qui demande du temps. Or, si Bruxelles valide le CIJV après le 31 décembre, 2014, toutes les demandes faites au titre de l'année 2014 ne seront plus admissibles et le manque à gagner pour les studios ne serait pas mince. Ils passeraient alors à côté d'un crédit d'impôt représentant jusqu'à 20 % de leurs coûts de production, hors marketing. Quelques dizaines de milliers d'euros qui comptent beaucoup dans le budget des petites structures.