[Interview] Baisse ou hausse du piratage ? La réponse de l'ALPA

Non, le piratage ALPA baissé
Droit 4 min
[Interview] Baisse ou hausse du piratage ? La réponse de l'ALPA
Crédits : jmiks/iStock/Thinkstock

Avant-hier, l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) a dévoilé une étude s’intéressant aux pratiques de piratage de films et de séries sur Internet : peer-to-peer, streaming, téléchargement direct. Sauf que la lecture de ses chiffres a pour le moins prêté à des interprétations différentes notamment par la Hadopi... Next INpact a ainsi souhaité interroger Frédéric Delacroix, le délégué général de l’ALPA. 

Upload Téléchargement
Crédits : jmiks/iStock/Thinkstock

La Hadopi a vu dans votre étude une « réelle baisse » du piratage, tandis que le ministère de la Culture a parlé de son côté de pratiques illicites en « très nette hausse ». Qui dit vrai ?

Objectivement, la mesure que l'on a réalisée avec Médiamétrie montre une augmentation de l'audience des sites dédiés à la contrefaçon audiovisuelle. J'ai bien lu vos articles. Même si la base d'internautes augmente, le pourcentage reste peut-être stable, mais il n'empêche que ça augmente puisqu'entre 2009 et 2013, il y a à peu près deux millions de personnes de plus qui fréquentent les sites dédiés à la contrefaçon audiovisuelle.

Mais le nombre de foyers équipés d'Internet a augmenté de 30 % dans le même temps...

Et alors ? Ca n'empêche que le nombre de gens se rendant sur des sites dédiés à la contrefaçon augmente aussi, donc on ne peut pas dire que ça baisse !

Ne peut-on pas alors parler d’une augmentation relative ?

Si vous trouvez que deux millions de personnes c'est quelque chose de relatif, je vous laisse vos propos...

Vous n'avez pas répondu à ma question initiale : qui dit vrai ? Le ministère de la Culture ?

La Hadopi dit vrai si l'on regarde effectivement la courbe du peer-to-peer, où l'on a une relative stabilité.

N’est-il pas contradictoire de s’alarmer du fait que le piratage est « important », alors que vos chiffres montrent que sur le long terme, la tendance est à la baisse sur le streaming, le P2P et le téléchargement direct ?

Ce n'est pas du tout contradictoire ! Pour le streaming, la mesure est faussée parce que nous n'avons pas tenu compte de certaines grosses plateformes, que l’on ne peut pas qualifier de dédiées à la contrefaçon audiovisuelle mais qui, malheureusement, hébergent des contenus illégaux et qui font l'objet d'une fréquentation massive [en l’occurrence, YouTube et Dailymotion ont été exclus de l’étude, ndlr]. Donc effectivement, en matière de streaming, je dirais que les chiffres ne reflètent pas forcément la réalité. 

À ce propos, que répondez-vous à la Hadopi, qui a critiqué hier matin les « zones d'ombre méthodologiques » de votre étude et les « conclusions hasardeuses » qui en découlaient ?

Mais quelles zones d'ombres ? La méthodologie est faite par Médiamétrie, qui dispose d'outils statistiques qui ne sont à mon avis pas contestables.

 

Savez-vous quelle est l'empreinte économique des pratiques illicites que vous avez auscultées ?

Non. C'est quand même assez difficile de le mesurer globalement. Mais on va essayer de s'y atteler. Avec Médiamétrie, on commence à avoir une approche de la volumétrie, notamment de contenus qui sont visionnés et/ou téléchargés, que l'on va essayer de mesurer dans le temps. À partir de là, on essayera d'estimer l'impact que cela peut avoir sur les industries culturelles du cinéma et de l'audiovisuel, en termes économiques.

Pour l'instant, vous n'avez donc aucune idée ?

C'est très difficile. Je crois que c'est la première fois qu’on arrive à mesurer de façon à peu près assez fine, notamment sur le streaming, la consommation illégale. On va poursuivre de façon à essayer de quantifier la chose.

Que préconisez-vous pour remédier aux effets prétendument néfastes de ces pratiques illicites ?

Il y a deux choses : la prévention et évidemment la pédagogie vis-à-vis des internautes, mais également la mobilisation des services de l'État - quels qu'ils soient - contre les sites de diffusion massive de contenus totalement illégaux.

Plus concrètement, est-ce qu'il y a des choses en particulier qui vous tiennent à coeur ?

Je pense qu'il est important d'essayer de poursuivre, lorsque cela est possible, les auteurs de ces diffusions massives de contrefaçons. Et également de trouver des solutions alternatives visant à réduire cette offre illicite massive, par exemple ce qui a été donné dans le cadre de l'affaire Allostreaming.

Pourquoi avoir diffusé publiquement cette étude, à ce moment-là ?

Parce que nous avons eu les chiffres très récemment, et il nous a paru opportun de le faire maintenant. De toute façon, nous n'aurions pas pu les garder confidentiels très longtemps.

N’y avait-il pas une volonté d’influencer les pouvoirs publics ?

Pas à mon niveau en tout cas.

Pourquoi ne pas avoir fait appel à la Hadopi pour mener ce type d’étude ?

L'Hadopi est une autorité indépendante. Vous le dites assez bien dans vos articles, l'ALPA représente le secteur privé. C'est une association de droit privé qui a ses propres outils de mesure, en la personne de Médiamétrie.

 

Merci Frédéric Delacroix. 

Vous n'avez pas encore de notification

Page d'accueil
Options d'affichage
Abonné
Actualités
Abonné
Des thèmes sont disponibles :
Thème de baseThème de baseThème sombreThème sombreThème yinyang clairThème yinyang clairThème yinyang sombreThème yinyang sombreThème orange mécanique clairThème orange mécanique clairThème orange mécanique sombreThème orange mécanique sombreThème rose clairThème rose clairThème rose sombreThème rose sombre

Vous n'êtes pas encore INpactien ?

Inscrivez-vous !