Peu de temps après l’intervention musclée en 2012 pour arrêter Kim Dotcom dans sa résidence, le FBI s’était vu remettre des copies des données présentes sur des disques durs saisis. Pour la juge néozélandaise Helen Winkelmann, l’agence américaine ne pourra en aucun cas récupérer les fameuses clés nécessaires à la lecture des données qui s’y trouvent.
Des copies des données au FBI depuis deux ans
Depuis plus de deux ans maintenant, le fondateur du groupe Mega tente d’accéder aux données contenues sur les disques durs et dans les ordinateurs qui ont été confisquées dans sa résidence. Le matériel avait été saisi à la suite d’un raid particulièrement musclé. Le FBI avait obtenu que des copies des informations résidant sur ce matériel lui soient expédiées pour analyse, mais le chiffrement des données avait causé des difficultés.
Dotcom tenait pourtant à accéder à ces données, et ce pour une raison très simple : il indiquait qu’elles pouvaient le disculper des charges qui pesaient contre lui. Malheureusement pour le fondateur de MegaUpload, il n’était pas question qu’il accède aux informations sans que le FBI puisse les lire également. Dotcom, de son côté, ne voulait pas donner les mots de passe sans la garantie du tribunal qu’il pourrait accéder à ses fichiers pour préparer sa défense.
La perquisition était légale, pas les copies, et donc...
Le matériel avait failli d’ailleurs être restitué quand la juge Helen Winkelmann avait décidé que les mandats de perquisition étaient illégaux, car rédigés avec des termes trop flous. Une décision qui avait été annulée en février de cette année par la cour d’appel de Wellington, qui estimait que même si ces mandats étaient « loin d’être parfaits », ils restaient légaux. Cependant, Winkelmann avait considéré également que les copies n’auraient pas dû être envoyées au FBI, un point que la cour d’appel avait validé.
Depuis, le FBI reste en possession des copies, sans pouvoir les lire. La situation est presque même dans une impasse car aucun parti ne peut obtenir ce qu’il souhaite. En mai, la Cour Suprême néozélandaise avait ainsi indiqué que Kim Dotcom pouvait obtenir les données qu’il souhaitait, à la condition qu’il fournisse les clés. Le créateur de MegaUpload avait accepté, à la condition expresse que seules les forces de l’ordre néozélandaises les utilisent, et donc qu’elles ne soient pas remises au FBI. Refus de la police, qui souhaitait effectivement expédier les précieux sésames à l’agence américaine.
... pas l'accès aux données non plus
Ce nouveau point de discorde vient de trouver cependant une issue « heureuse » pour Kim Dotcom puisque la juge Helen Winkelmann a décidé ce matin, comme le rapporte Radio New Zealand News, que les clés ne devaient en aucun cas être envoyées au FBI. La raison selon elle en est parfaitement logique : l’agence fédérale ne devait initialement pas recevoir des copies des données, envoyées par erreur par la police néozélandaise. Permettre le FBI de déchiffrer les données ne ferait donc que renforcer cette erreur.
High Court: NZ Police is not allowed to provide my encryption password to the FBI (as if they don't have it already). http://t.co/02Jo8JeoS6
— Kim Dotcom (@KimDotcom) 2 Juillet 2014
Peu de temps après la décision cependant, Dotcom montrait l’étendue de ses doutes dans un tweet ; « La police néozélandaise n’est pas autorisée à donner mon mot de passe de chiffrement au FBI (comme s’ils ne l’avaient pas déjà) ». Dubitatif, Dotcom estime ici que le FBI a soit déjà obtenu le sésame tant voulu, soit que la protection a fini par être percée.
Il se pourrait dans tous les cas que l’affaire puisse avancer car Dotcom devrait en toute logique pouvoir accéder aux données réclamées depuis longtemps. Maintenant que la garantie lui est acquise (ses réserves mises à part) que le FBI ne recevra pas les clés, il devrait pouvoir étoffer sa défense avec les données piégées dans les disques durs depuis deux ans.