Les transitions entre deux générations de consoles ne concernent pas que les constructeurs, mais également les éditeurs. Peter Moore le directeur de l'exploitation d'Electronic Arts en a déjà vu quelques-unes passer dans la peau d'un fabricant, et il est désormais de l'autre côté de la barrière. Dans les deux cas son avis reste le même « Les transitions entre consoles peuvent être plutôt moches. »

Lancer une nouvelle console n'a rien d'un exercice très simple, et Peter Moore a déjà pu s'en rendre compte à deux reprises dans sa carrière. Avant de rejoindre Electronic Arts en 2007, le dirigeant a notamment piloté le lancement de la Dreamcast chez Sega of America, mais également participé à celui de la Xbox 360 chez Microsoft. Il s'y sera fait remarquer en expliquant à l'époque que les joueurs avaient plutôt intérêt à délaisser la PS3 puisque pour le même prix ils pouvaient s'offrir une Xbox 360 et une Wii. Une déclaration qui a certainement dû faire très plaisir à Nintendo.
Dans un entretien confié lors de l'E3 à nos confrères de GamesIndustry, Peter Moore explique qu'à ses yeux, le deuxième hiver des consoles est un moment « incroyablement critique », et qu'en fonction de cela, « les transitions entre consoles peuvent être plutôt moches ».
Jusqu'ici, tout va bien, vraiment
Fort heureusement pour lui, pour l'instant les choses se présentent plutôt bien à ses yeux, et tout se passe même mieux que prévu. « La dernière fois que j'ai regardé les chiffres, nous étions a +127 % sur les ventes de matériel par rapport à la génération précédente, le même mois après le lancement. Donc tout indique que c'est un bon départ. Surtout si vous vous rappelez que l'an dernier à cette époque, nous nous demandions si ces choses seraient capables de voler n'est-ce pas ? », affirme-t-il.
Il est vrai que les ventes de consoles semblent se porter plutôt bien. Aux dernières nouvelles, la PlayStation 4 mène la danse avec 8 millions d'unités vendues, la Xbox One, était sous la barre des 5 millions lors du dernier pointage, et la Wii U, reprend du poil de la bête, plus d'un an après son lancement. Il est encore difficile de prédire qui sortira en tête du classement dans les années à venir ou de prévoir le moindre chiffre de ventes final, mais globalement il n'y a pas de quoi inquiéter Peter Moore.
EA doit sortir sa boule de cristal
Désormais, le but du jeu pour l'éditeur est justement d'estimer au mieux possible quels seront les chiffres de vente pour chacune des consoles disponibles sur le marché, d'ici quelques années. « Je peux voir assez précisément quel sera notre catalogue de jeux en 2017, nous ne faisons pas les choses en six mois » explique-t-il à nos confrères.
L'une des grandes inconnues pour EA concerne la position des consoles portables dans les années à venir. La concurrence des smartphones et tablettes se fait déjà sentir et une partie du public a déjà délaissé ces plateformes. Les piètres résultats de la PS Vita sont symptomatiques de cette mutation, mais de l'autre côté, Nintendo parvient à vendre sa 3DS dans des quantités plus que satisfaisantes. « De mon point de vue, nous devons encore déterminer ce que nous prévoyons pour 2017-2018. Pensez-vous que la Vita et la 3DS seront encore là d'une façon ou d'une autre ? »
« Nous faisions des jeux sur PC avant que Gabe Newell ne sorte diplômé du lycée »
L'autre plateforme sur laquelle se repose Electronic Arts, reste le PC. Sur ce terrain, l'éditeur est bousculé par Valve qui grâce à sa plateforme Steam a su attirer 75 millions de joueurs, contre « seulement » 50 millions pour Origin. Pour autant, Moore ne voit pas Steam comme un concurrent direct. « Je pense que Steam fait un travail fabuleux. Ils ont un superbe catalogue de jeux. Il est bien plus large que le nôtre, et ils ont des priorités différentes sur leur modèle économique par rapport aux nôtres. Nous n'allons pas sur ce marché pour concurrencer Steam. Nous y allons parce que nous avons vu l'intérêt de traiter directement avec le consommateur. »
Si Peter Moore est plutôt bienveillant envers Steam, il ne mâche par contre pas ses mots à l'encontre de Valve en général. « Nous faisions des jeux sur PC avant même que Gabe Newell ne sorte diplômé du lycée. Et nous avons été l'éditeur numéro 1 depuis toujours en plus d'être les développeurs et les éditeurs qui ont le plus supporté le PC en tant que plateforme, même plus que Microsoft ces dernières années. La barre n'est certes pas très haute mais c'est ce que nous sommes, et nos racines », explique le dirigeant. Un tacle viril, dont nous vous laissons seuls juges.