Après les « Neknomination », sont récemment apparus sur Facebook les défis dits « À l’eau ou un resto ». Le phénomène semble d’ailleurs préoccuper certains députés, en particulier suite au décès d'un jeune homme il y a une quinzaine de jours. L'exécutif vient ainsi d'être interrogé sur sa marge de manoeuvre face à ces défis considérés comme dangereux qui se répandent via Internet.
Vous l’avez peut-être remarqué sur votre fil d’actualités Facebook. Depuis quelques semaines, un nouveau défi, intitulé « À l’eau ou un resto », se propage de manière virale sur le célèbre réseau social. Le principe ? Mettre en ligne une vidéo dans laquelle on se jette à l'eau (froide, voire glaciale), pour désigner ensuite trois « amis » qui seront priés d’en faire de même. Au cas où le pari ne serait pas relevé dans les 48 heures, le perdant invite le challenger au restaurant.
Sauf qu’un peu comme pour les Neknominations (où le défi consistait cette fois à boire un verre d’alcool, le plus souvent cul sec), le phénomène donne de sacrées idées à certains, qui font preuve de beaucoup d’inventivité afin de faire un maximum de buzz sur Facebook. À tel point qu’un jeune homme de 19 ans est mort le mois dernier dans le Morbihan, après avoir sauté depuis le ponton d’un port avec son vélo. La victime avait accroché son deux-roues à sa jambe, afin que celui-ci ne coule pas. Sauf que cela l’a emporté vers le fond de l’eau, provoquant la noyade.
Deux députés UMP demandent au gouvernement d'agir
Cette semaine, deux députés sont donc montés au créneau pour s’inquiéter de ce nouveau phénomène. Le député Jean-Louis Christ (UMP) vient ainsi de transmettre une question écrite au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, afin de lui faire part de ses inquiétudes face aux « jeux de défis » lancés sur Internet. « Ces jeux pourraient paraître anodins s'ils ne s'étaient soldés par des conséquences dramatiques, fin mai dans le Pas-de-Calais ou encore mi-juin, dans le Morbihan » s'alarme l'élu. Aussi, « face à la propagation de ce phénomène auquel notre jeunesse semble particulièrement exposée », le parlementaire demande à l’exécutif quelles mesures il entend prendre « pour prévenir les usages potentiellement dangereux du Net, concernant les jeux de défis ».
Une requête similaire a été formulée ce matin par un autre député UMP, Pierre Morel-A-L'Huissier. L’élu de la Lozère demande en effet de manière beaucoup plus laconique à la Place Beauvau quelles sont « ses intentions » quant aux « défis dangereux que se lancent certains utilisateurs de Facebook ».
La police a déjà tenté de limiter les dégâts
En attendant un retour de l’exécutif (qui n’a d’ailleurs toujours pas répondu aux précédentes questions écrites qui lui avaient été transmises au début de l’année à propos des Neknominations), soulignons que la police s’est lancée dans une campagne de sensibilisation, notamment sur les réseaux sociaux. Le mot d’ordre : ne relevez pas ces défis dangereux.
Les autorités insistent sur le fait que ces mises à l’eau peuvent se révéler très graves pour la santé voire la vie individus relevant ces défis : « hydrocution, noyade ou mauvaise évaluation de la profondeur de l'eau sont autant de risques encourus par ces "plongeurs irraisonnés" » explique ainsi la police dans un article, soulignant au passage que le fameux défi avait déjà fait deux victimes à la mi-juin, un tétraplégique et un mort. « En plus des risques physiques, cette mode comporte des risques dont vous n'avez peut-être pas conscience aujourd'hui, précisent les autorités. En effet, en participant à ces défis, c'est votre réputation sur le web que vous engagez. Une fois en ligne, il est très difficile de supprimer des contenus. »
[Défis Facebook] #nominations C'est le moment de faire le tri dans vos "amis" #AlEauOuUnResto http://t.co/JhmGRckqZG pic.twitter.com/cjm4QK4Zxo
— Police Nationale (@PNationale) 11 Juin 2014
Enfin, l’on peut souligner que d’un point de vue juridique, la principale difficulté apparaît lorsque ces vidéos sont échangées de manière privée entre utilisateurs de Facebook. Dans ses conditions d’utilisation, le réseau social explique néanmoins qu’il peut retirer des contenus et même « communiqu[er] avec les autorités » dès lors qu’il y a « un risque de blessures ou une menace directe pour la sécurité du public ». Certains groupes publics visant à partager des vidéos de défis « À l’eau ou un resto » semblent avoir ainsi été invités à faire un peu de ménage (voir ici par exemple).
À noter enfin qu’en mars dernier, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) a déposé plainte contre X afin d’empêcher la diffusion des vidéos de Neknomination sur les réseaux sociaux. Mais depuis, aucune suite n’a été donnée à cette plainte - tout du moins à notre connaissance. Le Dr Alain Rigaud, président de l’organisation, nous avait expliqué au travers d’une interview vouloir un blocage des vidéos litigieuses.