Alors que la lutte contre le chômage fait figure de priorité numéro un de l’exécutif, le sénateur Alain Fouché vient de dévoiler un rapport s'intéressant aux secteurs d'activités porteurs d’embauches pour les années à venir. La filière du numérique et plus particulièrement de l’informatique font partie des deux principaux gisements d’emplois identifiés par le parlementaire suite à plusieurs mois de travaux.
« Quels emplois pour demain ? » C’est sur cette question faussement simple que le sénateur UMP Alain Fouché a planché pendant plus d’un an au nom de la Délégation sénatoriale à la prospective. Son objectif : entreprendre une réflexion sur les secteurs d’activité qui proposeront aux générations futures « des débouchés professionnels tangibles ».
Mais alors que les filières dites « d’avenir » semblent aujourd’hui nombreuses (énergies renouvelables, médecine, nouvelles technologies, ingénierie...) le rapporteur conclut suite à plusieurs dizaines d’auditions que deux secteurs se détachent et se veulent particulièrement « prometteurs » : celui des « nouvelles technologies - l'informatique notamment - d'une part », et d’autre part « tout ce qui relève, au sens large, de l'aide à la personne », principalement en raison du vieillissement de la population. « Mais pour le reste, qu'il s'agisse par exemple des emplois industriels, des professions intermédiaires, des métiers verts liés au développement durable, les appréciations sont contrastées et parfois divergentes » souligne Alain Fouché, qui s’est également appuyé sur différentes études.
Des gisements en matière de développement numérique et de nouvelles technologies
Quels sont les futurs gisements d’emplois dans le domaine des nouvelles technologies ? Détaillant ce point en particulier, le parlementaire s’est basé sur un ouvrage d’Anne-Caroline Paucot pour dresser quelques pistes relatives au développement numérique :
- « Les activités liées à la Data, c'est-à-dire aux données numériques, avec le double mouvement du Big Data d'accumulation des données et de l'Open Data pour en ouvrir l'accès ;
- Les activités tendant, à l'inverse, à lutter contre l'envahissement des données, car il faudra éliminer l'excès d'information et lutter contre cette pollution virtuelle ;
- Les métiers liés à des technologies de rupture, c'est-à-dire des progrès techniques qui vont profondément modifier nos comportements. Existent déjà, par exemple, les génomes, les imprimantes 3D ou les drones appelés à s'immiscer de plus en plus dans nos vies quotidiennes. »
D’autres pistes relatives cette fois à l’innovation d’une manière plus générale sont également mises en avant :
- « Les emplois liés au vieillissement de la population, ce qui inclut le développement des technologies d'assistance (robotique), et donc aussi la formation des personnes âgées à leur utilisation, voire les filières qui se chargeront de la gestion des fins de vie programmées... ;
- Les métiers découlant des nouvelles pratiques sociales : économies collaboratives et circulaires, abandon de la propriété au profit de l'échange ou de la location ;
- Les métiers déclinant les nouvelles manières de travailler dans l'entreprise : réorganisation des lieux de travail, travail à distance, partage d'expériences ;
- Les emplois exploitant et confortant les nouveaux liens entre les personnes organisés par les réseaux sociaux;
- Les métiers mettant en oeuvre les nouvelles façons de vendre, par repérage des comportements d'achat ou recours accru à l'achat d'occasion. »
Les emplois de demain sont loin d'être identifiables dès aujourd'hui
Mais le sénateur Fouché ne pousse pas excessivement vers ces gisements. Et pour cause. L’élu explique qu’en dépit des nombreuses analyses sur le sujet (lesquelles sont « détaillées parfois à l'unité près »), « on ignore en fait largement quels seront les métiers de demain. Avec l'évolution des techniques, des technologies, du numérique, de la robotique et d'autres encore, entre un tiers et 70 % de ces métiers d'avenir - là de nouveau, les chiffres divergent - sont encore inconnus aujourd'hui ». Cette part non négligeable d’emplois se concrétisera soit par « des emplois tout à fait nouveaux, soit en des évolutions du contenu des emplois existants qui en modifieront profondément l'exercice ».
Le sénateur plaide pour une meilleure sensibilisation à l’informatique dès le primaire
Il semble dès lors bien délicat de se prononcer... De ce fait, Alain Fouché pose la question suivante : « Plutôt que de continuer à former [les jeunes] à des métiers très précis - qui peut-être n'existeront plus le moment venu -, ne faut-il pas leur inculquer des compétences transversales qu'ils sauront mobiliser quel que soit leur futur secteur d'exercice professionnel ? On pense par exemple à la maîtrise des langues étrangères et de l'informatique, à l'appréhension des enjeux de développement durable ou à la capacité à s'exprimer en public, à défendre un projet, à travailler en équipe. Il reviendrait ensuite à l'entreprise d'assurer la formation correspondant précisément aux compétences attendues. »
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S’inquiétant d’une « dramatique dégradation du niveau des jeunes Français », le sénateur mise une nouvelle fois sur le numérique au sens large. Afin de préparer « l'employabilité » des générations futures, Alain Fouché préconise en effet que le recours aux « nouvelles technologies pédagogiques » soit généralisé au sein de l’Éducation nationale, et ce « en faisant porter l'effort dès les classes primaires ». Le parlementaire plaide également en faveur d’une augmentation de la capacité d'accueil et de l'orientation des effectifs dans des formations dédiées à l'informatique et à l'ingénierie.
Vers un apprentissage du code dès l'école primaire ?
Alain Fouché reste cependant assez discret sur ce qu’il entend par davantage de « nouvelles technologies pédagogiques » pour les jeunes... La question de l’apprentissage du code dès l’école primaire n’est par exemple pas explicitement évoquée, alors que celle-ci revient pourtant régulièrement sur le devant de la scène depuis quelques semaines. Au travers d’un rapport parlementaire présenté cette fois à l’Assemblée nationale, les députées Corinne Erhel (PS) et Laure de la Raudière (UMP) préconisaient en effet qu’un éveil soit obligatoire dès le primaire, au même titre que l’éveil musical ou aux langues étrangères.
L’opposition a d’ailleurs poussé le débat en déposant une proposition de loi en ce sens. Interrogée à ce sujet par Next INpact, la Secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire nous a confié hier qu’elle regrettait que cette initiative « un peu isolée » ne « s'inscrive pas dans une réflexion plus générale sur l'importance de l'apprentissage au numérique pour les enfants ». L’intéressée a néanmoins promis que la volonté politique n'avait « jamais été aussi forte » sur ce sujet.