Si vous pensez que le Canadien BlackBerry est proche de la faillite, il n'en est rien. Le constructeur de smartphone vient de dévoiler le bilan de son dernier trimestre fiscal (clos le 31 mai 2014) et s'il est très loin de concurrencer Apple et Samsung, il affiche tout de même des bénéfices (mais en trompe-l'œil) et arrive à augmenter son trésor de guerre.
Un chiffre d'affaires enfin stabilisé
En difficulté depuis plusieurs années, BlackBerry se concentre sur le marché entreprise, ce qu'il nous a encore prouvé cette semaine avec BBM Protected. Son chiffre d'affaires a donc fondu au soleil, passant de 4 à 5 milliards de dollars par trimestre (en 2009/2010) et même 3 milliards l'an passé, à moins d'un milliard aujourd'hui. Pour son dernier exercice, la société a ainsi annoncé un chiffre d'affaires de 966 millions de dollars, en très légère baisse de 1 % en trois mois.
Pour mieux mesurer l'effondrement de son chiffre d'affaires, la firme nord-américaine délivre ses différents chiffres depuis un an. Le bilan est pour le moins parlant :
Il s'agit des trimestres (T) fiscaux, d'où les années décalées
Dans les détails, BlackBerry nous montre qu'en un an, elle a perdu près de 70 % de son chiffre d'affaires en Asie Pacifique ainsi que dans la région Europe, Moyen-Orient et Afrique. Sa chute en Amérique latine est plus importante encore (-72 %) et plus légère en Amérique du Nord (-64 %).
Et sans surprise, le matériel est désormais secondaire, puisque les services représentent aujourd'hui 54 % de ses résultats, contre 39 % pour la vente de matériels et 7 % pour les logiciels. Servir ses clients, et en particulier les entreprises et les administrations, est donc sa principale activité. La société n'a d'ailleurs écoulé que 1,6 million de smartphones, un nombre ridicule quand on sait qu'à une certaine époque, il en vendait plus d'une dizaine de millions sur la même période.
Un bénéfice net en trompe-l'œil
Du côté de son résultat net, l'entreprise annonce un bénéfice de 23 millions de dollars. Elle ne cache toutefois pas qu'il ne faut pas s'enflammer. En effet, ce bénéfice est faussé par des éléments comptables non négligeables. BlackBerry a par exemple enregistré 287 millions de dollars du fait d'un réajustement de valeur d'obligations. Une charge de 226 millions de dollars a de plus été comptabilisée, cette fois du fait de son plan de restructuration. Le Canadien explique ainsi que si l'on exclut ces deux évènements, « la perte ajustée pour le premier trimestre est de 60 millions de dollars ».
BlackBerry est donc encore loin d'être sortie d'affaire. Néanmoins, bonne nouvelle, sa marge brute a tout de même atteint 48 % (en ajusté), contre 43 % auparavant. Mieux encore, son trésor de guerre, c'est-à-dire le cash accumulé ces dernières années, affiche une hausse de 429 millions de dollars sur le trimestre. De 2,7 milliards la firme passe donc à 3,1 milliards de dollars. De quoi voir l'avenir sereinement.
John Chen, le patron de BlackBerry, se dit d'ailleurs confiant et estime que sa société est en bonne voie d'atteindre ses objectifs financiers. « Au cours des six derniers mois, nous avons mis l'accent sur ??l'amélioration de notre efficacité dans tous les aspects de nos opérations, ceci afin d'améliorer nos réductions de coûts et notre marge. Désormais, nous nous concentrons sur notre plan de croissance pour permettre notre retour à la rentabilité. » En somme, Chen espère dégager des bénéfices, sans manœuvre comptable.