Selon Bouygues, son rachat par Free n'est toujours qu'une rumeur

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Economie 6 min
Selon Bouygues, son rachat par Free n'est toujours qu'une rumeur

Alors que les rumeurs de rachat de Bouygues Telecom convergent plutôt vers Orange, l'idée que Free puisse entrer dans la danse fait son chemin, ceci malgré ses capacités financières limitées. L'agence de presse financière Bloomberg croit en tout cas savoir que le créateur de la Freebox serait prêt à mettre sur la table entre quatre et cinq milliards d'euros pour s'offrir son rival. Une rumeur démentie par Bouygues, qui s'étonne du calendrier de la nouvelle, alors que la société doit annoncer demain des licenciements.

Bouygues 4G

Bouygues Telcom, c'est aussi un réseau 4G qui a une certaine valeur

La question à plusieurs milliards

Quelle est la valeur réelle de Bouygues Telecom ? La réponse à cette question a aujourd'hui une grande importance. Si l'épisode SFR nous avait appris que Bouygues était prêt à céder ses antennes et certaines fréquences pour 1,8 milliard d'euros, cela n'intégrait pas non plus ses 13 millions de clients mobiles et fixes, ni ses employés, ni ses autres infrastructures. Avec ces derniers, à combien s'élève donc la valeur de l'opérateur ? 5 milliards ? 7 milliards ? 9 milliards ? Dès lors que la société au carré rouge a été croquée pour 13,5 milliards d'euros (pour 80 % de ses actions), on peut estimer que le troisième opérateur vaut aux alentours de 8 milliards d'euros, à 1 milliard près. Selon des sources de Bloomberg, concordantes avec d'autres informations publiées ces dernières semaines, le groupe de BTP chercherait d'ailleurs à obtenir au moins entre 7 et 8 milliards d'euros pour sa filiale.

 

Pour l'heure, Orange semble le meilleur acquéreur possible, ceci afin de remplir différents objectifs, dont le fait de prendre du poids pour un éventuel mariage continental, ou encore celui de ramener le marché français à trois, comme le souhaite le gouvernement (actionnaire d'Orange, faut-il le rappeler). Mais face aux ogres Orange et SFR/Numericable, c'est bien Free qui aurait le plus d'intérêt à mettre la main sur Bouygues, d'autant qu'il ne dispose pas de réseau 2G et que ses propres réseaux 3G et 4G doivent encore rattraper la concurrence.

 

D'après Bloomberg, Iliad ne serait toutefois prête qu'à débourser entre quatre et cinq milliards d'euros. Une somme a priori insuffisante et qui ressemblerait à un camouflet pour Martin Bouygues, qui a vivement critiqué Free ces dernières années. Une telle somme pourrait par contre permettre de croquer partiellement l'opérateur à l'origine de la Bbox, Orange voire SFR captant certaines branches bien distinctes, par exemple celle dédiée aux entreprises.

« Pourquoi resurgit-elle à la veille d'un comité d'entreprise ? »

Interrogé sur cette nouvelle par nos confrères d'Europe 1, un porte-parole de Bouygues Telecom s'est dit étonné : « Nous ne comprenons pas, il s'agit d'une rumeur lancée il y a deux mois, il n'y a rien de nouveau. Pourquoi resurgit-elle à la veille d'un comité d'entreprise ? Bouygues Telecom privilégie le 'stand alone' et a tous les moyens de se développer seul. »

 

Effectivement, en avril dernier, Le Parisien indiquait déjà que Free étant en négociation pour croquer l'opérateur pour un maximum de cinq milliards d'euros. Nous rappelions alors qu'en réalité, la rumeur d'une vente de Bouygues Telecom à un autre opérateur n'était pas nouvelle. En 2006 et 2007, certains prétaient déjà de telles intentions au groupe de BTP. Mais Free n'est concernée par ces rumeurs que depuis une poignée de mois.

 

En février 2014, alors que le sort de SFR n'était pas encore acté, BFM Business estimait déjà ce scénario possible, dès lors que Bouygues n'avait plus aucune carte dans son jeu. Les analystes d'Exane BNP Paribas estimaient même que « le futur de Bouygues Telecom au sein du groupe Bouygues dépend de sa capacité à retrouver un bon niveau de génération de cash. En 2012, Martin Bouygues avait dit que Bouygues Telecom devait revenir à son niveau historique de plus de 300 millions d'euros de cash-flow par an. Or le cash généré demeure minime: il devrait être légèrement négatif en 2013, et encore nul en 2014. »

« Nous devons réduire de façon drastique nos dépenses »

Demain, mercredi 11 juin, sera probablement une journée historique pour Bouygues Telecom. Une annonce choc devrait être révélée par le Comité Central d'Entreprise (CCE) dans l'après-midi. Les départs de près de 20 % de l'effectif est une forte possibilité. Olivier Roussat, le PDG de la division télécom, avait même déclaré au Sénat fin mai dernier que son groupe était « en pleine réflexion pour continuer à exister dans ce marché à quatre opérateurs. Nous avons décidé d'économiser 300 millions supplémentaires par an, après avoir réduit nos coûts de fonctionnement de 600 millions en deux ans. Notre objectif est d'économiser un milliard par an d'ici trois ans : c'est énorme, pour un chiffre d'affaires de 4 milliards. (...) nous devons réduire de façon drastique nos dépenses. Nous l'avons dit lors de notre CCE il y a quinze jours. Un comité exceptionnel se réunira le 11 juin : nous annoncerons des réductions d'emplois, condition pour continuer à vivre dans un monde à quatre opérateurs. »

 

Pour éviter ces départs, tout du moins à très court terme, la seule solution serait donc un rachat. Annoncer une coupure massive dans ses effectifs est à la fois un message envoyé aux actionnaires, mais aussi au gouvernement, qui tentera tout pour éviter un tel scénario. De quoi accélérer le processus de vente, quitte à ce qu'Orange et/ou SFR et/ou Free se partagent le gâteau, ceci, officiellement, pour le bien de la concurrence.

Orange, seul acheteur crédible ?

Concernant les emplois, seul un rachat par l'opérateur historique semble toutefois viable, dès lors qu'il perdra naturellement des milliers de salariés ces prochaines années du fait des départs à la retraite. Ses employés de plus de 50 ans sont en effet très nombreux et leur remplacement ne sera que partiel. Intégrer l'effectif de Bouygue Telecom est donc dans les cordes d'Orange, contrairement à SFR/Numericable qui doublerait de volume, et Free qui réaliserait un bond plus important encore.

 

Notez qu'au 31 décembre 2013, l'effectif du groupe Iliad était de 6 876 employés, contre environ 9000 pour Bouygues Telecom. Si ce dernier venait à pousser au départ entre 1500 et 2000 salariés, les effectifs des deux opérateurs seront donc quasi équivalents. Ceci alors que Free compte déjà plus de clients que Bouygues (mais à une valeur moyenne moindre) et que le chiffre d'affaires de ce dernier est à peine supérieur à celui de son concurrent. Aujourd'hui, tout concorde donc dans le sens où Bouygues Telecom deviendra d'ici peu le quatrième opérateur télécom français, ceci que tous critères confondus (hors couverture mobile). Une situation intenable qui laisse peu de place à un scénario différent du rachat. Et si Orange devait croquer l'intégralité de la filiale, l'opérateur historique pourrait aussi sceller un accord avec Free afin de lui reverser quelques antennes et fréquences moyennant près de 2 milliards d'euros, allégeant ainsi sa facture.

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