Dans leur guerre contre les VTC, des taxis refusent l’open data

Data face !
Droit 4 min
Dans leur guerre contre les VTC, des taxis refusent l’open data
Crédits : MVorobiev/iStock/Thinkstock

Ce 11 juin risque d’être une journée noire sur les routes françaises. Plusieurs syndicats de taxis appellent à manifester contre les propositions d’un récent rapport qui tentait d’éteindre la guerre avec les véhicules de tourisme avec chauffeur. Parmi les cibles des critiques émises par la Fédération nationale des taxis, l’obligation pour les taxis d’ouvrir leurs données.

Taxi
MVorobiev/iStock/Thinkstock

 

Plusieurs fédérations et syndicats ont appelé à manifester ce 11 juin contre les propositions du rapport Thevenoud. Remis le 24 avril à Manuel Valls, ce rapport propose différentes pistes pour tenter de régler le conflit entre les anciens et les modernes.

 

D’un côté, le rapport Thevenoud veut interdire la maraude électronique pour les entreprises de VTC. Avec celle-ci, les applications peuvent aider les utilisateurs à géolocaliser sur smartphone les véhicules à proximité. Cela permet de prendre une course à la volée, rapidement. Or, selon le rapport, « cette pratique brouille la frontière entre maraude et réservation préalable car il est difficile de justifier que ces véhicules, sur la voie publique et rendus visibles aux consommateurs, ne sont pas en attente de clientèle ». Et pour cause, à ce jour, le droit interdit aux VTC de stationner sur la voie publique en attente de client de passage. Du coup, le rapport veut étendre cette interdiction en réservant la maraude aux seuls taxis. En somme, les VTC n’auraient comme lot de consolation, que les services de réservations à l’avance (voir notre actualité).

De l’open data dans les taxis ?

Mais ce rapport veut notamment booster l’usage des nouvelles technologies dans les taxis en injectant de l’open data dans leur univers afin que les utilisateurs puissent les géolocaliser et donc facilement obtenir la course désirée. L’idée serait de rendre accessibles trois lots d’informations sur les taxis : localisation, disponibilité et tarifs. « Le consommateur aurait alors sur les applications smartphones les mêmes informations que celles dont il dispose dans la rue. Il étendrait virtuellement son champ de vision, ce qui permettrait une meilleure adéquation entre l’offre et la demande » explique l’auteur du rapport.

 

Après celui des VTC, le monde des taxis multiplie ses critiques contre ce rapport. La Fédération nationale des taxis voudrait par exemple qu’un système de course minimale soit imposé aux VTC ou qu’on limite le recours au régime de l’autoentrepreneur.

De l'open data, une fédération de taxis n’en veut pas

Surtout, cette fédération ne veut pas entendre parler d’open data. Il en va, selon elle, du respect de la vie privée de leurs clients : « nous regrettons (…) que le rapport se soit d’avantage concentré sur l’ajout de nouvelles contraintes aux taxis et aux entreprises de taxi, profession déjà hyper-réglementée, en allant même jusqu’à proposer la mise en place d’un « Open Data » des taxis, mesure ni nécessaire ni même souhaitable dans le contexte actuel, qui de surcroît serait une atteinte grave à la vie privée de nos clients ». On ne voit pas cependant en quoi la localisation d'une flotte de taxis serait ainsi attentatoire à la vie privée des personnes, d'autant que les données pourraient être anonymisées.

 

« Cette mesure envisagée pour les taxis ne l’est pas pour les VTC : ce serait donc une nouvelle source de distorsion de concurrence » alerte encore la Fédération nationale des taxis (FNDT).

 

Si on résume, le rapport Thevenoud veut de l’open data forcé pour les taxis, mais compte priver les VTC d’outils de géolocalisation. Cette fédération devine malgré tout là une distorsion de concurrence, alors qu’il s’agit au contraire d’une contrainte légale qui améliorera, et pas qu’un peu, la situation des premiers. Et puis quelle serait l'utilité de l'open data pour les VTC s'ils venaient à être privés de maraude électronique ? Heureusement, la position de la FNDT, qui prend en pratique la défence des centraux, n'est pas celle de l'ensemble de la profession comme en témoigne cette lettre adressée aux parlementaires, fin mai, par l'intersyndicale des taxis, qui milite justement pour l'open data.

 

Et maintenant ? Une proposition de loi devrait être déposée dans les prochaines semaines afin d’inscrire dans le marbre ces mesures. La FNDT demande déjà « une suspension immédiate de la procédure de dépôt de [cette] proposition de loi, le temps que les organisations professionnelles représentatives du taxi aient été consultées, et que les évolutions souhaitées aient été intégrées dans la proposition. »

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