L'Autorité de régulation des télécoms a publié hier deux bilans intéressants avec des éléments nouveaux. Le premier porte sur les effectifs des opérateurs en 2013. Le second s'intéresse au secteur fixe pour le premier trimestre 2014. Notre résumé.
Une baisse importante de l'emploi en 2013
Dans son précédent bilan de l'année 2013 qui abordait les revenus des opérateurs ou encore la consommation nationale des minutes, données, SMS, etc. (notre article), l'ARCEP précisait qu'elle livrerait des informations complémentaires fin mai sur l'emploi. C'est donc chose faite depuis hier. Et sans surprise, les chiffres sont particulièrement mauvais. L'autorité indique ainsi que les opérateurs français cumulent selon ses calculs 124 935 emplois, soit tout de même 4232 de moins en un an. Il s'agit de la chute la plus rude depuis 2006. Le bilan est d'autant plus douloureux que le secteur, en grande partie grâce à Orange et Free, était en croissance.
Il est toutefois important de noter que le bilan est certainement plus médiocre encore si l'on devait prendre l'ensemble du secteur. En effet, l'ARCEP ne comptabilise ici que les grands opérateurs du marché. Sont donc exclus les sous-traitants, les distributeurs, les équipementiers, etc. Or ces derniers représentent des dizaines de milliers d'emplois en France.
Le très haut débit tire le secteur vers le haut
Concernant le haut débit fixe, le pays a donc dépassé la barre des 25 millions d'abonnés (25,230 millions précisément) lors du premier trimestre 2014, en hausse de 294 000 abonnements en trois mois, soit une croissance supérieure aux précédents trimestres. Une belle performance qui pourrait être liée à l'offre à 19,99 euros de Bouygues Telecom. Malgré une croissance de plus en plus importante, le très haut débit reste bien entendu minoritaire, avec 2,22 millions de clients, soit tout de même une progression de 154 000 en un trimestre.
Le THD confirme donc la fin d'année 2013 où les lignes les plus rapides gagnaient plus d'abonnés que les simples lignes haut débit. De bon augure pour la suite, d'autant que la grande majorité de cette croissance est tirée par le FTTH (+82 000) et par le FTTLA à plus de 100 Mbps commercialisé par Numericable et Bouygues Telecom (+41 000). Sur douze mois, le très haut débit a d'ailleurs gagné 506 000 clients, contre 476 000 pour l'ADSL et les autres technologies haut débit.
Concernant ces dernières justement, elles représentent donc toujours la majorité des lignes utilisées en France, avec 23,010 millions de clients (un record), dont 22,585 millions en xDSL. Après un très mauvais dernier trimestre 2013 et une croissance de seulement 59 000 abonnés, l'ADSL a d'ailleurs bien rebondi en ce début d'année 2014 avec 124 000 clients supplémentaires. Un rebond à imputer principalement à Bouygues Telecom et Free, alors qu'Orange et SFR tirent désormais leur croissance de la fibre optique.
Notez que la technologie VDSL2, qui a eu un réel impact fin 2013, commence déjà à s'essouffler. Le VDSL2 est en effet intégré dans les données du très haut débit mais hors FTTH et hors lignes à plus de 100 Mbps, c'est-à-dire pour les foyers disposant d'un débit d'au moins 30 Mbps mais sans atteindre les 100 Mbps. Or après bond important de cette tranche fin 2013 (+87 000), la croissance n'a été que de 32 000 clients supplémentaires lors du premier trimestre 2014. Sachant que le poids de Numericable est plutôt limité dans cette tranche, on se doute donc que le VDSL2 recrute moins de clients au-delà des 30 Mbps.
Un foyer éligible au très haut débit sur cinq désormais abonné
Enfin, pour en revenir au très haut débit, notez que la France compte au 31 mars dernier 11,42 millions de logements éligibles au FTTH, au câble et donc au VDSL2 (à plus de 30 Mb/s). Cela signifie donc que près d'un logement éligible sur cinq s'est bien abonné, alors qu'à une certaine époque, seuls 10 % des foyers raccordés étaient bien abonnés. Dans les détails, le FTTH représente 3,154 millions de logements, contre 8,610 millions pour les autres technologies, dont 5,371 millions pour le FTTLA de Numericable (à plus de 100 Mbps) et 2,6 millions en VDSL2.
La plupart des lignes FTTH sont sans surprise présentes dans les zones très denses, c'est-à-dire les grandes villes. Précisément, 2,5 millions de logements en zones très denses ont la fibre optique jusqu'au foyer, contre seulement 654 000 en-dehors. Et le privé concerne 93 % des zones denses, tandis que le service public a financé 52 % des lignes en zones moins denses, ce qui là encore n'est pas étonnant.