Cela pourrait être la première conséquence du rachat manqué de SFR : Bouygues Telecom songerait à se séparer de 1500 à 2000 employés selon un syndicaliste interrogé par Le Figaro. Une partie très importante de l'effectif de l'opérateur sacrifiée du fait de la chute du chiffre d'affaires. L'annonce pourrait être officialisée fin mai.
Depuis l'arrivée du quatrième opérateur mobile, Bouygues a connu plusieurs trimestres difficiles
Un effectif qui a déjà diminué
Au 31 décembre 2013, l'effectif de Bouygues Telecom en France était précisément de 9092 employés, en baisse de 567 salariés en un an. Un recul lié à un plan de départ préparé en 2012 suite à l'arrivée de Free Mobile. SFR en a d'ailleurs fait de même avec un effectif de 9435 à la même date, en recul de 558 employés. Officiellement, ces départs devaient être suffisants pour assainir ses finances. En cas de fusion avec SFR, l'opérateur avait même promis de maintenir l'emploi pendant trois ans, sans aucune condition restrictive, ceci malgré les très nombreux postes doublons présents.
Mais pour Bouygues Telecom, l'échec du rachat de SFR cumulé à sa situation financière depuis 2012 et ses différents choix stratégiques semblent bien être problématiques. En deux ans, son chiffre d'affaires a perdu près d'un quart de sa valeur et à ce jour, il n'a toujours pas rattrapé son nombre de clients mobiles qu'il détenait en 2011, la faute aux départs massifs des clients prépayés et la croissance encore trop modérée des abonnés aux forfaits.
Dans son dernier bilan financier, la filiale du groupe Bouygues indiquait compter 11,143 millions de clients, dont 9,910 millions d'abonnés (+482 000) et 1,233 million en prépayé (-590 000). Des chiffres loin d'être exceptionnels qui avaient poussé l'opérateur à concéder dans ses documents officiels qu'il avait réalisé « une performance commerciale Mobile en demi-teinte en 2013 ».
Des économies importantes déjà réalisées
Financièrement, son chiffre d'affaires 2013 n'a atteint que 4,664 milliards d'euros est en recul de 11 % en un an et de quasi 25 % en deux ans. Mais, en partie grâce à la baisse de son effectif, Bouygues a aussi clos son année avec un bénéfice net de 13 millions d'euros, contre une perte de 16 millions d'euros en 2012. Une amélioration de ses résultats liées à 599 millions d'euros d'économies réalisées en deux ans et qui laissaient penser que l'opérateur en avait terminé avec les plans de départs et les licenciements.
Ambitieux, le créateur de B&You se veut aujourd'hui très agressif, ceci dans le but de recruter massivement des clients et toucher financièrement la concurrence. Il a déjà commencé en annonçant son offre Bbox triple-play à 19,99 euros par mois. Mais ce n'est pas terminé, puisque, toujours dans le secteur fixe, l'opérateur a précisé qu'il comptait lancer dans la deuxième partie de l'année 2014 une nouvelle offre « sur la base d’une innovation technologique qui permettra un avantage tarifaire ». Sans plus de précision.
Signe d'un avenir morose ?
Avec des finances de nouveau dans le vert, de grandes ambitions, et fort d'une couverture 4G supérieure à la concurrence, Bouygues Telecom est-il vraiment en danger au point de devoir se séparer d'une partie importante de son effectif ? Le 11 avril dernier, quelques jours après la bataille perdue face à Numericable, les représentants de la CFDT s'inquiétaient déjà pour l'avenir des salariés, alors que les rumeurs commençaient à se multiplier quant à un rachat de l'opérateur.
Et selon Alain Bernard, qui représente Force Ouvrière chez Bouygues, « la question qui se pose est celle du modèle économique et des emplois nécessaires à celui-ci. Le chiffre d'affaires de Bouygues Telecom a chuté de 26 % en deux ans, avec des coûts qui ont augmenté de 10 %. » Sauf explosion du nombre de clients ou souscription massive des forfaits 4G les plus onéreux (ce qui est peu crédible), son chiffre d'affaires n'a effectivement pas de raison d'exploser. Si le groupe souhaite refaire de sa filiale télécom une machine à cash comme elle l'était il y a quelques années, trancher dans son effectif pourrait ainsi être la seule « solution » de facilité.
Les résultats du premier trimestre dévoilés dans trois jours
La nouvelle n'est pas officielle, mais elle pourrait l'être fin mai, ceci pour deux raisons. D'un côté, les élections européennes auront eu lieu, ce qui, politiquement, est une stratégie plus sage, alors que le gouvernement apprécie déjà peu les manières de Bouygues vis-à-vis du cas Alstom dont il est actionnaire. De l'autre, un comité devrait se réunir dans un peu plus de deux semaines. Nous pourrions en savoir plus sur le sujet à ce moment-là.
En attendant, sachez que les résultats du premier trimestre du groupe de BTP seront dévoilés ce jeudi 15 mai en soirée. Nous devrions savoir si son offre triple-play à bas coût a déjà rapporté ses fruits. Mais ce sont surtout ses résultats dans le mobile qui seront scrutés de près. Ces derniers trimestres, sa seule croissance a été tirée par B&You, les autres types d'offres accusant le coup, ce qui n'a fait que faire régresser la facture moyenne de ses clients. Ce début d'année 2014 sera-t-il du même acabit ?
Contacté par Next INpact, Bouygues Telecom n'a souhaité faire aucun commentaire sur cette actualité.