La crise du marché de la vidéo aura fait une victime au sein du Syndicat de l’Édition vidéo. Jean-Yves Mirski, son délégué général, a été invité à laisser sa place. L’actuel délégué général laissera son fauteuil au 30 juin prochain.
Jean-Yves Mirski laissera donc sa place de secrétaire général au sein du Syndicat de l’Édition Vidéo numérique. Selon Électron Libre, qui relève l’information, la cause tient aux mauvais chiffres du marché de la vidéo. Les dernières données publiées par le CNC sont en effet pour le moins moroses. Ainsi, sur les trois premiers mois de l’année 2014, les dépenses de ménages en vidéo (DVD et Blu-Ray) ont diminué de 19,6 %. Le marché du DVD a plombé ces résultats avec une baisse de 22,7 % du chiffre d’affaires. Pour le Blu-ray Disc, la situation n’est pas plus clinquante avec un recul de 8 % à 49,48 millions d'euros.
En plus des prix, les volumes de ces supports physiques sont en net recul : « 23,36 millions de supports ont été vendus au cours des trois premiers mois de 2014 dont 19,73 millions de DVD (-15,8 % par rapport à janvier-mars 2013) et 3,63 millions de Blu-ray (-1,2 %). Sur les douze derniers mois, le nombre de supports vidéo vendus diminue de 15,4 % à 99,31 millions d’unités » constate le CNC.
Dans le même temps, le prix des supports a baissé et le CNC fait encore état d’un recul sensible des ventes de films français avec des recettes qui ont fondu cette fois de 35,9 %, faute de succès exceptionnels sur la période. Il faudra cependant attendre les prochains chiffres pour confirmer ou infirmer cette tendance trimestrielle.
Les causes sont sans doute multiples, avec la dématérialisation croissante des contenus, la crise économique, mais pour le secteur, cela tient surtout aux contrefaçons en ligne accusées de saboter l’industrie du DVD et du Blu-ray.
Le piratage cause de tous les maux ?
Lors d’un précédent coup de froid en septembre 2013, le SEVN affirmait déjà que « la concomitance de l’accentuation de la baisse de la vidéo physique et l’arrêt brutal de la croissance de la VOD avec les annonces actuelles autour de l’Hadopi, en particulier sur la riposte graduée et la fin de la suspension Internet, contribue à relancer massivement les usages illégaux qui remettent en cause le développement de l’offre légale ». Le syndicat réclamait alors « des réponses précises sur le devenir de la réponse graduée » et « des mesures efficaces et claires (…) alors que tous les indicateurs révèlent une recrudescence du piratage. »
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le SEVN s’est engagé dans la bataille judiciaire contre la galaxie Allostreaming. Un dossier où les professionnels du secteur ont tenté de bloquer préventivement 105 noms de domaine. Ils avaient également conçu un dispositif informatique automatisé apte à détecter la réapparition du miroir d’un site une première fois bloqué judiciairement. Le SEVN et les autres demandeurs souhaitaient alors que ce programme puisse valablement notifier les FAI et les moteurs aux fins de blocage et de déréférencement. Si la justice a enjoint le blocage de 16 sites de streaming, ces prétentions musclées sont restées dans les cartons du prétoire. Pire, le TGI de Paris a laissé la charge de ces mesures de restrictions d’accès sur les épaules des ayants droit. Ceux-ci ont cependant fait appel, tout comme Microsoft et Yahoo.