Interpol vient d’annoncer que 58 personnes accusées de « sextorsion » ont été arrêtées hier et avant-hier aux Philippines. Ces individus sont soupçonnés d’avoir menacé des internautes basés notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis de diffuser des images intimes d’eux sur Internet s’ils ne leur versaient pas des sommes d’argent relativement conséquentes.
Crédits : Interpol.
C’est suite à la coopération entre les services d’Interpol, de la police de Hong Kong, de Singapour et des Philippines que 58 personnes ont été arrêtés mercredi 30 avril et jeudi 1er mai dans la ville de Taguig ainsi que dans les régions de Laguna, Bulacan et Bicol (également aux Philippines). Au total, les autorités avaient identifié presque 200 personnes suspectées d’appartenir à des bandes organisées spécialisées dans la « sextorsion ». Le principe ? Faire chanter un internaute en menaçant ce dernier de déballer sur la toile des photos intimes de lui. La plupart du temps, les images embarrassantes sont prises lors de sessions de chat vidéo où une fille (ou un garçon) sert en quelque sorte d’appât, invitant son interlocuteur à se déshabiller.
Ici, les autorités ont agi après avoir reçu des plaintes de « centaines » de victimes résidant au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Indonésie, aux Philippines ou bien encore à Singapour. Les enquêteurs pensent d’ailleurs que d'autres « victimes potentielles » pourraient se trouver en Australie, en Corée du Sud ou bien encore en Malaisie. Près de 250 appareils électroniques (ordinateurs, téléphones portables, etc.) ont été saisis hier et avant-hier, ce qui devrait aider grandement les investigations et les éventuelles poursuites judiciaires à l'encontre des individus arrêtés.
Des centaines de victimes, une organisation « quasiment industrielle »
Interpol explique dans son communiqué que les personnes interpellées agissaient « d’une manière quasiment industrielle », au sein de bureaux configurés tels des centres d'appels. Les agents recevaient en outre une formation et bénéficiaient de primes et d’avantages (téléphones, vacances,...) visant à améliorer leur « productivité ». Les sommes réclamées aux victimes pouvaient aller de 500 à 15 000 dollars.
À noter que les autorités se sont félicitées de l’arrestation, parmi ces 58 personnes, de 3 individus suspectés d’être liés au groupe ayant fait chanter Daniel Perry, un Écossais de 17 ans qui s’était suicidé l’été dernier suite à ces menaces.
Avec cette opération, les forces de l’ordre envoient le message qu’elles ne sont pas totalement impuissantes face à un phénomène extrêmement complexe du fait de son internationalisation. Néanmoins, beaucoup d’affaires attendent encore une réponse pénale, à l’instar de l’enquête préliminaire ouverte en avril 2013 par le Parquet de Brest après le suicide d’un jeune de 18 ans, pour une affaire de « sextorsion » similaire. À l'époque, les regards des enquêteurs se tournaient vers la Côte d’Ivoire.