C'est désormais concret, PC INpact appartient au passé et laisse place à Next INpact. Un changement majeur pour nous, qui n'est pas anodin après près de onze ans sous le nom de PC INpact et auparavant trois ans sous INpact-Hardware. Mais nous ne sommes pas les seuls à avoir franchi un tel pas. Revenons sur ces sites internet et ces sociétés high-tech qui ont osé chambouler leur nom.
Changer de nom n'est pas quelque chose de fréquent pour une société. Fruit d'une longue réflexion et d'un besoin de métamorphose, ses objectifs varient selon chaque entreprise. Il peut s'agir d'une volonté de remplacer un nom à l'image médiatique trop faible, difficile à prononcer ou encore trop localisé dans un univers toujours plus mondialisé. Certains noms voyagent aussi mal avec le temps et doivent s'actualiser, question d'image, là encore. Il est ainsi intéressant de remonter dans le temps et d'analyser qui a opéré une telle transformation, et pourquoi.
La presse informatique n'hésite pas à évoluer et à s'adapter
Commençons tout d'abord par nos confrères. Next INpact est loin d'être le seul site informatique francophone à avoir modifié son titre. La plupart des grands sites d'aujourd'hui s'appelaient d'ailleurs différemment à leur début. C'est par exemple le cas de l'historique Hardware.fr. S'il détient ce nom depuis de très nombreuses années, il faut se rappeler que ce dernier s'appelait lors de sa création, en 1997, Achat PC. La logique est similaire pour Clubic. Site créé en 2000, il est le fruit de Puissance PC, lui aussi fondé à la fin des années 1990.
On remarquera que nos deux confrères ont abandonné le sigle PC en cours de route, a contrario d'INpact-Hardware, devenu ensuite PC INpact donc. Ici, la volonté de trouver un nom simple et moins ciblé a certainement motivé ces changements de marque, outre le fait que ces sociétés ont aussi évolué dans leur financement (vente à LDLC pour l'un, création de Cyréalis pour l'autre, etc.).
Il existe cependant des raisons différentes de changer de nom. C'est par exemple le cas de Tom's Hardware et PCWorld.fr. Le premier était auparavant connu sous le nom de Presence-PC, url encore exploitée à ce jour d'ailleurs. PCWorld est le fruit de Materiel.be / Matbe.com. Ici, les nouveaux noms sont plutôt liés à des acquisitions. BestOfMedia a ainsi racheté dès 2004 Presence-PC, pour ensuite croquer Tom's Hardware en 2007. Le premier a donc surfé sur l'immense cote du second. Notez que BestOfMedia lui-même a été croqué l'an passé par l'Américain Tech Media Network. Mais cela n'a eu aucune incidence sur les noms des sites.
Quant à Materiel.be, site belge créé au début des années 2000, il s'est ensuite transformé en Matbe.com en 2004 après avoir été racheté par le Français ComparHaut (Rue-Montgallet). Ce dernier a ensuite mis la main sur PCWorld.fr. La fusion avec Matbe eu alors lieu en 2009. Là encore, un nom mondialement connu a pris le pas sur un site à la renommée uniquement francophone. L'aura internationale a ainsi pris le pas sur le local, aussi bien pour Presence-PC que Matbe.
Rajoutons que notre confrère Les Numériques, créé il y a dix ans, se nommait à ses débuts Le Meilleur du Numérique (LMDN.com). Cette situation n'a toutefois pas perduré longtemps et Les Numériques est rapidement devenu le nom officiel du site dès 2005. La raison, outre une question de simplicité, était surtout judiciaire. Canal+ a en effet estimé qu'il s'agissait de l'utilisation d'un de leur slogan, la marque étant même déposée. Il s'agit donc ici d'un cas particulier où le changement nom n'a rien à voir avec une volonté d'imprimer un nouvel élan, une autre vision, etc.
DTC : « Nous voulions un nom qui fasse référence à notre culture geek »
Mais quittons un peu notre milieu pour s'attaquer à d'autres genres. Ces dernières années, deux sites bien connus des geeks ont changé de visage : nous parlons ici de BashFR et du Site du Zéro. Le premier, créé en 2005, s'est inspiré de Bash.org et reprend des passages drôles des discussions en ligne, souvent venant d'IRC. Il a toutefois opté pour un changement de nom radical en 2009 en devenant DansTonChat (DTC).
Pourquoi un tel changement ? La réponse officielle est intéressante dans les motivations des personnes derrière le site :
« Tout d'abord pour donner une identité unique au site. Oui, Bashfr a construit sa propre identité mais son nom fait toujours référence à l'illustre Bash.org. C'est sympa, mais Bashfr est rempli de vos quotes, ce n'est pas simplement "Bash.org, en français". Alors on a décidé de changer de nom. Nous voulions un nom qui ait un sens, qui se retienne un peu mieux, et surtout dont l'orthographe serait évidente. Aujourd'hui encore, beaucoup de personnes arrivent sur Bashfr après avoir tapé bash-fr ou bash.fr dans Google (on a même vu des bache fr, si si)... Heureusement que Google est notre ami. Nous voulions un nom qui fasse référence à notre culture geek, aux dialogues sur IRC... Un truc qui nous ressemble, qui ressemble à vos quotes, qui nous fasse marrer et avec lequel on peut faire des jeux de mots pourris. Quoi de mieux que DTC ? »
Ici, l'objectif était donc à la fois de se démarquer de Bash.org, de trouver un nom qui marque, tout en réalisant un jeu de mot bien connu avec DTC.
OpenClassrooms pour passer la vitesse supérieure
Concernant le Site du Zéro, spécialisé dans les tutos et cours en ligne de développement et de sciences, il s'agit tout de même d'un historique du web français, puisqu'il date de 1999. Il fêtera ainsi ses 15 ans le 10 novembre prochain. Mais l'an dernier, après quatorze longues années de bons et loyaux services, le Site du Zéro est devenu OpenClassrooms. Est-ce pour une question d'internationalisation ? Pas vraiment, tout du moins pas pour le moment, le site n'étant accessible qu'en français et Newbies Paradise (en anglais) a fermé ses portes il y a bien longtemps. L'idée de versions en langue étrangère est toutefois émise par la direction.
Outre paraitre plus sérieux, ce changement de nom a surtout permis de passer la vitesse supérieure en intégrant les cours de sciences, en préparant une rubrique entreprise, en surfant sur les MOOC, etc. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si OpenClassrooms a levé 1 million d'euros le 7 février dernier. Une somme qui permettra « de développer l’offre Premium et (de) publier de nombreux MOOCs » sur le site expliquent ainsi les dirigeants. Des partenariats avec des écoles, des universités et des éditeurs seront de plus annoncés cette année. Enfin, il y a quelques jours, la société a changé de locaux. Preuve que le petit mais populaire Site du Zéro a passé un cap, et un changement de nom s'imposait donc de lui-même.
De Hotmail à Outlook
Si l'on sort du cadre des sites francophones, il est bon de rappeler que Facebook s'appelait initialement The Facebook. Ce nom n'a toutefois duré qu'une petite année, alors que le site n'en était de toute façon qu'à ses débuts. L'objectif ici n'était donc qu'une simplification, et rien d'autre. La logique est d'ailleurs parfaitement similaire avec Micro-Soft, devenu un an après sa création Microsoft, toujours pour une question de simplicité donc.
Concernant la firme de Redmond, elle est à l'origine de l'un des changements de nom les plus importants du web avec le passage de Hotmail à Outlook. Hotmail existait pourtant depuis 1996, c'est dire son caractère historique. Seize ans plus tard, en 2012, Outlook prit donc le relai. Pour quelle raison, alors que la marque Hotmail était si forte et populaire ? Il semble que les raisons soient en réalité multiples. L'une d'entre elles était de donner un cachet plus professionnel, ceci alors que les mondes personnels et professionnels ont tendance à se rapprocher (BYOD, etc.). Le but était aussi de marquer une rupture, alors que la concurrence (Yahoo! Mail et Gmail en particulier) n'a cessé de progresser et d'évoluer ces dernières années. Enfin, le nouveau client s'inspire du logiciel Outlook, tout simplement.
Quand Panasonic met fin à Matsushita
Bien d'autres exemples de changements de nom majeurs pourraient aussi être cités. Dans nos contrées, le passage de France Telecom à Orange n'est pas anodin, même s'il a été réalisé sur de longues années, rendant ainsi tout à fait naturelle la transition. L'objectif ici était clairement d'adopter la même marque partout dans le monde.
Nous pouvons aussi citer le cas de Panasonic. Connu depuis de longues années en occident sous ce nom, Panasonic était en réalité une filiale du Japonais Matsushita. Ce dernier, en 2008, a cependant abandonné son nom d'origine pour Panasonic, y compris au Japon donc. Pourquoi, alors que la marque Matsuhita avait tout de même 90 ans d'âge ? Dans son communiqué officiel, le groupe explique que Panasonic était déjà la marque fétiche de la société depuis 2003. Elle était de toute façon déjà connue de par le monde sous ce nom, tandis que sur son sol, les marques National et Matsushita étaient aussi exploitées. Unifier l'intégralité de ses produits et services est rapidement devenu indispensable et naturel, d'autant que sa marque d'origine est plus complexe à prononcer à l'étranger que Panasonic.
Enfin, rappelons que le prochain grand changement est connu de tous. Dans quelques mois, le nom Numericable disparaitra au profit de SFR. Ici, les raisons sont évidentes. La marque au carré rouge est bien plus connue du grand public et son nombre de clients est de toute façon plus élevé. Qui plus est, le nom du câblo-opérateur n'est pas forcément le plus sexy et attractif qui soit. Le choix du changement n'a ainsi pas dû demander une grande réflexion.