Dans cette vague de publication de résultats financiers, Amazon vient à son tour de dévoiler son bilan du premier trimestre. Et tous les signaux ne sont pas forcément au vert. Si son chiffre d'affaires continue de croître à grande vitesse et si son bénéfice net a tout de même progressé, ses marges d'exploitation ont régressé. Ses prévisions pour le deuxième trimestre 2014 sont de plus loin d'être emballantes. Résultat, l'action d'Amazon chute lourdement aujourd'hui.
Mais où Amazon s'arrêtera-t-il ? Lors du premier trimestre 2014, celui qui a commencé comme un simple libraire en ligne au milieu des années 1990, a ainsi vu son chiffre d'affaires croître de nouveau de 23 %, pour atteindre 19,74 milliards de dollars. Une progression de 3,7 milliards de dollars qui permet ainsi à son bénéfice net de passer de 82 à 108 millions de dollars (+31,7 %).
Cette progression est en grande partie due à l'Amérique du Nord, territoire qui a généré 11,858 milliards de dollars de CA, en hausse de 26 %. L'International n'est toutefois pas en reste avec 7,883 milliards de dollars de CA, en progression de 18 %. Amazon indique néanmoins que son bénéfice d'exploitation a régressé de 19 %, passant de 181 millions à 146 millions de dollars, impacté par ses frais à l'international.
Les Kindle ne feraient-ils plus recette ?
On peut aussi remarquer que le cybermarchand met beaucoup moins en avant les ventes de ses tablettes et liseuses Kindle. Si dans le passé, il n'a jamais publié de données précises à leurs sujets, il indiquait régulièrement leurs excellentes ventes. Ce n'est désormais plus le cas, signe que ce marché devient plus secondaire à ses yeux. La dernière étude sur le sujet montrait d'ailleurs que tous les grands constructeurs de tablettes voyaient leurs ventes progresser (y compris le leader Apple), Amazon faisant figure d'exception avec une légère baisse de ses livraisons. Et au regard des ambitions des différents protagonistes, il ne serait pas étonnant qu'Amazon perde sa position de challenger dans ce secteur.
Aujourd'hui, la firme basée à Seattle préfère miser sur d'autres produits et services, comme son boitier Fire TV, sa vidéo à la demande illimitée (concurrente de Netflix), ses abonnements Prime offrant divers avantages, son offre de nourriture (dans certaines villes uniquement) ou encore ses vêtements. Reste que son activité principale reste de vendre des produits culturels (livres, dvd, blu-ray, etc.) ainsi que des produits high-tech.
Les frais de livraison explosent
Pour Amazon, la livraison est quelque chose d'essentiel. Son succès dépend de la qualité et de la rapidité des envois. Pour cela, l'Américain n'hésite pas à mettre la main à la poche afin d'attirer massivement les clients et casser les prix. Résultat, trimestre après trimestre, nous remarquons que les clients paient toujours moins que le coût réel des livraisons, Amazon épongeant les pertes.
Lors du bilan du dernier trimestre 2013, nous avions noté que la société avait explosé tous ses records en la matière, avec 1,2 milliard de dollars de pertes uniquement liées aux livraisons. Il faut dire que ces dernières lui avaient coûté 2,3 milliards de dollars, tandis que les clients n'avaient déboursé de leur poche que 1,1 milliard de dollars. Fin 2013, les coûts de transport de marchandises représentaient ainsi 4,7 % de son chiffre d'affaires.
Le premier trimestre 2014 enfonce le clou. Cette fois, ces frais ont représenté 5 % de son chiffre d'affaires. Un record dont se serait bien passé Amazon et qui posera tôt ou tard des problèmes, outre les polémiques qui existent depuis un moment déjà avec ses concurrents et certains gouvernements. Lors de ce début d'année, les livraisons lui ont donc coûté 1,83 milliard de dollars. Les clients ont payé eux-mêmes 850 millions de dollars, ce qui signifie qu'Amazon a dû éponger 980 millions de dollars sur les trois premiers mois de l'année. C'est certes moins que fin 2013, mais c'est surtout 28 % de plus qu'au début de l'année dernière.
Au fur et à mesure que le site rencontre du succès sur la toile dans le monde entier, ses frais liés à la livraison ne cessent d'exploser. Amazon ne changeant pas sa politique, la situation se dégrade donc année après année. À titre de comparaison, lors du premier trimestre 2008, l'Américain affichait des pertes de 128 millions de dollars uniquement pour les livraisons. Une somme qui s'est donc multipliée par 7,6 en à peine six ans.
Un effectif en très forte hausse
Notez qu'Amazon compte désormais 124 600 employés, soit, étonnamment, 7300 de plus que lors du précédent trimestre et surtout 33 300 de plus qu'un an auparavant. Une croissance très importante de son effectif, qui pèse aussi sur ses résultats.
Enfin, notez que le cybermarchand prévoit pour son deuxième trimestre 2014 un chiffre d'affaires situé entre 18,1 milliards et 19,8 milliards de dollars, soit une croissance entre 15 et 26 %. Le site devrait par contre dévoiler une perte d'exploitation, puisqu'il s'attend à un résultat négatif entre 55 et 455 millions de dollars, contre un bénéfice de 79 millions de dollars un an plus tôt. Amazon explique ces mauvaises prévisions par la prise en compte de 455 millions de dollars de compensation et d'amortissement d'actifs incorporels.
L'action d'Amazon chute actuellement de 9,1 %, preuve que les nouvelles ci-dessus n'ont pas toutes été appréciées par les investisseurs.