Selon un plan d'affaires confidentiel obtenu par BFM Business, Numericable estime que SFR devra serrer les dents jusqu'en 2015. Le câblo-opérateur prévoit en effet un retour à la croissance qu'à partir de 2016 pour l'opérateur au carré rouge. Et si la facture moyenne par abonné devrait continuer de baisser (même après 2015), la concurrence de Free en 4G ne semble pas faire peur à l'opérateur du fait de son retard en matière de couverture.
SFR a affiché un bilan 2013 très positif, principalement dans le mobile.
Mais les années 2014 et 2015 seront plus difficiles prévoit Numericable.
Serrer les dents jusqu'en 2016
D'ici quelques mois, soit fin 2014 soit début 2015, SFR appartiendra à Altice. Le nom de Numericable disparaitra alors au profit de l'opérateur au carré rouge, qui dispose d'une image plus forte et plus grand public. Mais alors que la fusion n'est pas encore effective, Numericable a déjà réalisé un plan d'affaires afin de prévoir l'évolution de sa société ainsi que de SFR. L'actuelle et bientôt ex-filiale de Vivendi, qui a vu son chiffre d'affaires souffrir ces dernières années, devrait encore perdre des plumes en 2014 ainsi qu'en 2015. Il est ainsi prévu que le créateur des offres Carrées et Red verra ses résultats régresser encore entre 6 et 7 % d'ici deux ans, pour tomber aux alentours de 9,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, contre plus de 12 milliards en 2011.
Cette chute sera liée à deux facteurs. Tout d'abord, la baisse du nombre d'abonnés. Alors que SFR a tout de même terminé l'année 2013 avec une très belle progression de son nombre de clients mobiles (+756 000), le plan d'affaires de Numericable table sur une baisse très importante en 2014 (-810 000) et un recul bien plus léger en 2015 (-80 000). Une stabilisation voire une petite progression en 2016 (+20 000) pourrait être enregistrée. L'autre facteur est bien entendu la facture moyenne. De 31,40 euros par mois en 2011 et 24,10 euros en 2013, nous passerions à 22,6 euros en 2014 et 21,2 euros en 2015. Là encore, 2016 limitera la casse avec qu'une baisse de 30 centimes (à 20,90 euros donc).
Néanmoins, les conséquences sur sa marge brute d'exploitation seront importantes, puisque SFR pourrait tomber à une marge de 23,2 % en 2015, bien loin des 27,1 % de l'an passé ou encore des 31,2 % de 2011. Une marge extrêmement faible qui sera « parmi les plus basses d'opérateurs de taille similaire en Europe, ce qui limite le risque d'une marge encore plus basse ». Une logique qui s'entend et qui le pousse à prévoir un rebond en 2016, avec une marge de 23,9 %, en hausse de 0,7 point donc. Pas de quoi non plus sauter au plafond donc, mais cela montre que Numericable s'attend à la fin de la tempête d'ici deux ans.
Numericable plus optimiste à son propre sujet
Notez qu'il ne s'agit que de prévisions et que cela concerne ici uniquement SFR, et non le fruit de la fusion avec Numericable. Concernant ce dernier, le plan d'affaires est bien plus optimiste, puisque toutes les données sont au vert. Entre 2013 et 2016, son chiffre d'affaires devrait ainsi progresser de 13 %, tandis que sa marge brute s'approchera des 50 % (contre 46,9 % l'an passé) et sa facture moyenne pourrait grimper de 1,4 euro par mois en trois ans.
Dans ces conditions, quel est donc l'intérêt d'une fusion entre les deux opérateurs ? Plus qu'une forte croissance du chiffre d'affaires, qui pourrait tout de même arriver à moyen ou long terme, c'est surtout une diminution des coûts qui est en réalité prévu. L'accord de mutualisation des réseaux avec Bouygues Telecom est toujours en route et pourrait rapporter au groupe 460 millions d'euros sur vingt ans. Il faut de plus rajouter une légère baisse des investissements d'environ 150 millions d'euros en trois ans.
Plus important encore, le groupe compte « migrer le réseau de SFR vers le réseau de fibre à l'immeuble de Numericable » quand cela sera possible. Or cela devrait concerner une part très importante du réseau de SFR. De quoi faire de solides économies puisque « les coûts de dégroupage auprès d'Orange seront éliminés ». Des frais de dégroupage qui peuvent atteindre 8,80 euros par mois (hors taxe) et par ligne, faut-il le rappeler. Cela peut ainsi représenter des millions d'euros économisés chaque mois, ce qui pourrait aussi augmenter les marges de SFR d'une façon non négligeable, même si l'intégralité de son réseau ne sera pas concernée.
Enfin, à long terme, Numericable a un plan très simple pour faire grimper la facture des abonnés fixes de SFR : la vente de services spécifiques, et en particulier des chaînes de télévision. Métier de base de Numericable, fournir de la télévision est toujours dans son ADN. Or si aujourd'hui, il est l'opérateur disposant de la facture moyenne la plus élevée parmi les opérateurs français, c'est en partie du fait de ses chaînes intégrées aux forfaits ou proposées en option. L'objectif est ainsi d'augmenter la facture des abonnés de SFR de 7 euros par mois. Ce but n'est pas daté, mais une augmentation d'une telle importance ne peut se faire que sur du long terme.