Il y a deux semaines, les SS2i françaises Steria et Sopra officialisaient leur volonté de fusionner, ceci afin de devenir le numéro trois du pays, derrière les géants Capgemini et Atos. Ce dernier a toutefois indiqué qu'il était lui aussi intéressé par Steria. S'il ne compte pas surenchérir afin de damer le pion à Sopra, Atos annonce que son offre reste valide au cas où la fusion capoterait.
Deux petits qui veulent devenir grands
Si l'Europe est à la peine dans le secteur informatique, que ce soit dans le matériel et les logiciels pour grand public, d'autres marchés sont par contre plus porteurs. Les services aux entreprises sont de ceux-là. La France compte ainsi des leaders mondiaux en la matière avec Capgemini et Atos. Le premier est le fruit de la fusion entre cap Sogeti et Gemini Computer Systems, domine le pays depuis près de quarante ans, réalise plus de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an et compte près de 130 000 employés à travers le monde. Le second compte plus de 76 000 employés dans le monde, pour un chiffre d'affaires de 8,6 milliards d'euros et dispose d'une mise en avant médiatique régulière du fait de son partenariat avec les Jeux Olympiques depuis 1992.
Derrière ces deux géants, nous retrouvons donc de nombreuses autres SSII françaises, sans même aborder le cas des acteurs étrangers (nord-américains et indiens pour beaucoup). Parmi ces autres sociétés de services en ingénierie informatique, Sopra et Steria sont dans une situation difficile. Non pas que leurs résultats financiers les mettent en danger, mais leur petite taille fait qu'elles peuvent être une cible aisée d'un concurrent plus important. En fusionnant, les deux sociétés compteront plus de 35 000 salariés, avec pour objectif d'atteindre les 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires rapidement, d'intégrer le top 10 européen et d'être valorisé en bourse à 2 milliards d'euros.
Atos se dit intéressée depuis un moment par Steria
Atos, qui a racheté la branche service de l'Allemand Siemens il y a trois ans, a récemment officialisé sa volonté de mettre la main sur le Français Steria. Non pas qu'Atos souhaite à partir d'aujourd'hui faire cette acquisition et doubler Sopra, mais l'entreprise basée à Bezons (près de Paris) a annoncé qu'elle confirmait les rumeurs d'un intérêt datant de plusieurs mois.
« En réaction aux récentes rumeurs parues dans la presse, Atos confirme avoir entretenu depuis plusieurs mois des discussions amicales avec Steria, y compris avec le Président du Conseil de Surveillance et le Gérant Exécutif de la société. Ces discussions ont démontré, d'une part, l'excellente pertinence sur le plan industriel d’un rapprochement entre les deux sociétés, d'autre part, le caractère hautement attractif d’une telle opération pour l’ensemble des parties prenantes du Groupe Steria, en particulier son management et ses collaborateurs, et enfin, un important potentiel de création de valeur pour les actionnaires des deux sociétés » indique ainsi la SSII sur son site web.
Dans son communiqué, Atos précise avoir pris bonne note du projet de fusion entre Steria et Sopra et qu'il reconnait la volonté des deux sociétés de se rapprocher. Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant que le géant se retire officiellement de la course. S'il ne compte pas accélérer, il compte surtout garder le même tempo au cas où les dirigeants et actionnaires de Sopra baisseraient de rythme. La société francilienne a ainsi « indiqué à Steria par courrier que si la société souhaitait ré-initier le projet de rejoindre le Groupe Atos, le Conseil d’Administration d’Atos était prêt à maintenir les termes de son offre amicale, à 22 euros par action Steria en numéraire, et ce, jusqu’à la tenue de l’Assemblée Générale Extraordinaire de Sopra le 27 mai 2014 ». 22 euros est une somme supérieure à la valeur de l'action de Steria, aujourd'hui à un peu plus de 20 euros, et qui valait moins de 19 euros avant le communiqué d'Atos.
Une « approche amicale » selon Atos
Et afin d'imposer une légère pression supplémentaire, Atos indique que son offre tiendra jusqu'à fin mai (date de l'AG de Sopra) tout en précisant qu'il s'agit d'une « approche amicale ». Une précision qui ne passera pas inaperçue, même si selon certains, elle est particulièrement mal venue. Un contact de Steria a ainsi affirmé à nos confrères des Échos qu'Atos ne vise qu'à « perturber les négociations exclusives » avec Sopra. Steria a d'ailleurs noté dans un communiqué que les présidents des deux sociétés en voie de fusionner « avaient porté à la connaissance de leur Conseil une lettre de la Société AtoS comportant une invitation à entrer en discussions pour évoquer l’éventualité d’une offre à un prix « autour » de 22 euros », sans suite donc.
On notera que cette annonce officielle d'Atos prouve que ce dernier compte bien réaliser une croissance externe et qu'il dispose de plusieurs centaines de millions d'euros (voire plus) pour cela. Si Steria et Sopra venaient bien à fusionner, il ne serait donc pas étonnant qu'Atos engage des discussions avec d'autres SSII.