Devant la Mission Lescure, l’équipe de Google France a expliqué en quoi serait absurde l’idée de faire payer le moteur pour les contenus référencés. Un vœu émis par les éditeurs de presse, en quête de nouvelles sources de financements.
Il est « inutile et inopportun de créer des entraves spécifiquement françaises à la création et aux pratiques culturelles numériques » a rétorqué Francis Donnat, Senior Policy Counsel chez Google France. L’idée de faire payer par les moteurs de recherche à chaque indexation d’un contenu issu d’organismes de presse « reviendrait à interdire le référencement non rémunéré de contenus provenant d’organisme de presse ».
Google juge l’idée inutile, inopportune. Inadaptée. Pénalisante. Bref, une plaie. Elle « va directement à l’encontre du modèle même de l’internet qui est basé sur l’interconnexion, les liens hypertextes ». En outre, cette rémunération mettrait en cause selon Google l’existence même des moteurs de recherche « si on doit payer à chaque fois qu’on référence quelque chose ». Enfin, « l’idée porte préjudice aux créateurs français et aux contenus en langue française qui seraient les seuls pénalisés sur la toile. Ne pas être référencé, c’est sortir du radar. La presse française y perdrait en visibilité internationale ».
Sur la question de Google Actualités, Francis Donnat rappellera un point fondamental : lorsque Google News référence un contenu, il renvoie le lecteur sur le site du journal si celui-ci décide de lire l’article. Google, c’est quatre milliards de clics par mois vers les pages des éditeurs, dont un milliard pour Google Actu. « On ne demande pas aux radios de payer les journaux pour la revue de presse du matin », rappelle-t-il (mais la revue de presse obéit à un régime particulier). Surtout, « exiger de Google une rémunération au motif que son moteur de recherche dirige des lecteurs vers les sites de presse n’a pas plus de sens que d’exiger d’un chauffeur de taxi qui conduirait un client à un restaurant de rémunérer le restaurant au motif qui lui amène un client. » Google conseille du coup aux éditeurs de presse de mettre à jour leur fichier Robot.txt pour ne pas être référencé sur la partie Recherche ou Actualité.
Déjà critiquée, l’idée d’une taxe aux clics chemine également entre Bercy et la Rue de Valois. Elle permettrait de relocaliser en France les revenus qui y sont générés par Google. Mais la firme rejette pareil montage. Le moteur flaire une possible entrave à la libre prestation de service qui, en outre, nuirait à l’attractivité du pays. « L’instauration d’une taxe sur le numérique créerait une distorsion de concurrence de la France elle-même. »