Alors que la chronologie des médias suscite régulièrement des débats en France, Vincent Maraval, co-producteur du film inspiré de l'affaire DSK, vient d’annoncer qu’il préférait sortir ce long métrage sur Internet plutôt que dans les cinémas français. Le film, qui compte parmi ses têtes d'affiche Gérard Depardieu, devrait être accessible le mois prochain en VOD pour sept euros.
Crédits : Igorjan - Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)
« Welcome to New York ». Tel est le titre du film qu’a réalisé l’année dernière Abel Ferrara afin de retracer la désormais célèbre affaire du Sofitel... En tête d’affiche, Gérard Depardieu, qui joue donc le rôle de Dominique Strauss-Kahn, l’ancien directeur du FMI ayant fait les gros titres des médias du monde entier en mai 2011.
Mais surprise, le film ne sortira pas au cinéma. « En France, comme la loi interdit la simultanéité de la salle et de la VOD, on a fait le choix d'Internet » vient ainsi d’annoncer Vincent Maraval, co-producteur du long métrage, au Monde. L’intéressé a néanmoins précisé que « dans d'autres pays, aux États-Unis notamment, le film sortira en même temps en salles et sur le web ». Cette exclusivité donnée au Net est donc surtout valable pour l’Hexagone, mais pas partout.
Selon nos confrères, il en coûtera 7 euros pour avoir accès au film via « plusieurs plateformes de vidéo à la demande » (dont les noms ne sont cependant pas précisés). Le long métrage devrait être mis en ligne « pendant le Festival de Cannes », c’est-à-dire entre le 14 et le 25 mai prochain.
« De la très bonne chair à piratage »
Alors que ce sont habituellement des films bien plus modestes qui tentent ce genre d’expérience, cette option peut surprendre. Pourquoi un tel choix ? « D'une part, parce que c'est possible : le film a été totalement financé aux États-Unis. Si Canal+ ou France 2 avaient investi dans le film, il aurait fallu le sortir en salles pour qu'il soit qualifié d'oeuvre de cinéma. D'autre part, parce qu'il y a une attente énorme sur ce film. Tout le monde va vouloir le voir tout de suite, c'est de la très bonne chair à piratage. Une sortie classique en salles, quelques semaines après Cannes, ne serait vraiment pas adaptée » répond Vincent Maraval.
En attendant de voir si le pari s’avère gagnant, rappelons que la chronologie des médias impose effectivement d’attendre un certains laps de temps entre la sortie d'un film au cinéma, celle sur les plateformes de VOD, la diffusion à la télévision, la sortie en DVD, etc.
Si différentes voix s’élèvent régulièrement afin de réclamer un rabotage de ces délais (à l’image du rapport Lescure, du CSA ou du rapport Bonnell) rien n’a encore abouti. En mars dernier, la ministre de la Culture expliquait ainsi qu’un éventuel assouplissement était possible en théorie, mais qu’il dépendait en fait de l’accord des acteurs de la filière. « Des réunions d'échanges et de négociations se tiennent actuellement sous l'égide du CNC. Elles pourront examiner les conditions applicables à la dérogation existante, permettant à certaines oeuvres, notamment au regard de leurs faibles résultats d'exploitation en salles, de sortir en vidéo au plus tôt trois mois après leur sortie en salle » indiquait alors Aurélie Filippetti.