De la même manière que Skype est dans une période de transition visant à abandonner son architecture P2P pour des échanges plus classiques de type client/serveur, Spotify va lui aussi laisser de côté les échanges de pair à pair. Une bascule qui devrait permettre à terme selon l’entreprise de proposer des formules de type familiales.
Un développement de l'entreprise basé essentiellement sur le P2P
Spotify est depuis plusieurs années maintenant l’un des ténors du streaming musical. Grand concurrent de Deezer et d’autres services tels que Rdio, il dispose d’un catalogue avoisinant les 30 millions de titres et propose, comme pratiquement tous les autres, une formule gratuite et deux payantes. La première, à 5 euros par mois, permet d’écouter de la musique en illimité sur son ordinateur, sans publicité. La seconde, à 10 euros par mois, ajoute l’utilisation mobile (iOS, Android et Windows Phone) et la possibilité de synchroniser les listes de lecture en mode local.
Alors que presque toutes les applications ont reçu récemment une importante mise à jour rénovant largement l’interface et l’ergonomie, en ajoutant notamment une gestion classique des collections musicales, Spotify continue ses travaux et annonce d’importants changements à venir dans son infrastructure. Il faut savoir en effet que le service s’est très largement appuyé sur les échanges P2P jusqu’à récemment, mais que les envois de données se font pour la plupart depuis des fermes de serveurs aujourd’hui.
L'une des plus grosses plateformes d'échanges pair à pair
Comme le précise TorrentFreak, qui rapporte l’information, le P2P a permis à Spotify de s’étendre très rapidement et à moindres frais, le nombre de pays concernés atteignant étant désormais de 61. Le site rappelle également que Spotify a été pendant des années l’une des plus grosses plateformes d’échanges P2P. Quand un utilisateur demandait un titre, ce dernier pouvait provenir de trois emplacements différents : le cache sur l’ordinateur dans le cas où le fichier avait déjà été lu, l’un des serveurs de Spotify, ou d’un ou plusieurs autres utilisateurs via le P2P. Sachez d’ailleurs que pour concevoir cette architecture, Spotify avait engagé Ludvig Strigeus, principal auteur du client uTorrent, comme l’un de ses principaux ingénieurs.
En 2011, le trafic provenant des sources P2P représentant la bagatelle de 80 % de tous les échanges faits sur Spotify. Mais ce qui pouvait être crucial pour une jeune entreprise l’est nettement moins aujourd’hui et de nouvelles problématiques sont apparues. Elles rejoignent en fait un long billet explicatif qui avait été posté par Skype l’année dernière et expliquant pourquoi le P2P n’était pas réellement une solution pouvant répondre universellement à tous les besoins.
Une infrastructure classique client/serveur et une offre familiale
En ligne de mire, l’utilisation sur les mobiles. Les échanges P2P massifs ne se prêtent pas à ces appareils sur lesquels ils consomment davantage de ressources, le processeur effectuant davantage de calculs. En outre, le P2P permettait de maintenir une latence faible, un critère essentiel pour rendre le service agréable à utiliser. Là encore, la multiplication des serveurs a permis de prendre le relais au fur et à mesure sans que cela impacte l’attente sur une action.
L’information de cette importante transition a été confirmée par une porte-parole de Spotify, Alison Bonny : « Nous supprimons progressivement l’utilisation de la technologie P2P qui a aidé nos utilisateurs à profiter de leur musique facilement et rapidement ». Plus précisément, le P2P sera totalement supprimé au cours des prochains mois, l’envoi de musique se faisant depuis des centres classiques de données.
Pour les utilisateurs, la bascule devrait être transparente. Il y aura d’ailleurs une conséquence positive car le cache de Spotify deviendra moins important sur la durée, n’étant plus utiles comme sources de données pour les autres utilisateurs. Cela permettra également à la société de proposer prochainement des offres familiales, à la manière de ce pratique déjà Rdio : une formule à 17,99 euros par mois pour deux personnes, chaque personne supplémentaire (dans une limite totale de cinq) n’ajoutant que 5 euros de plus par mois, contre 10 normalement. On imagine que l’offre de Spotify devrait être du même acabit.