Les vols de smartphones sont monnaie courante et la tendance n’est pas à la baisse. Aux États-Unis, un sénateur a introduit il y a deux mois un projet de loi en Californie pour forcer les constructeurs à adopter un ensemble de règles pour lutter contre le phénomène. Plusieurs entreprises ont cependant annoncé des mesures sans trop attendre.
Un projet de loi pour lutter contre le vol de smartphones
En février, le sénateur californien Mark Leno a introduit un projet de loi pour lutter plus efficacement contre le vol des smartphones de manière globale. Durant la présentation de ce projet, les statistiques parlaient d’elles-mêmes puisque plus de la moitié des vols commis à San Francisco concernent des smartphones et la tendance est à la hausse. À Los Angeles, le vol de téléphones mobiles était ainsi en augmentation de 12 % en 2012. À l’échelle nationale, ce ne sont pas moins de 113 smartphones qui sont volés chaque minute.
Le point le plus important de ce projet est qu’il obligerait les constructeurs à proposer un outil qui limiterait les vols en décourageant les individus malintentionnés. Cet outil serait soit directement intégré dans les téléphones, soit facilement récupérable depuis une boutique d’applications, tout en étant gratuit. Sa mise en place se ferait à partir de juillet 2015 et les téléphones ne pouvant proposer un tel outil seraient tout simplement interdits à la vente. Le but est de fournir aux utilisateurs un « kill switch », autrement dit un ensemble de fonctionnalités pour rendre le téléphone inopérable s’il est volé, tout en ne pouvant être débloqué que par eux-mêmes en cas de récupération.
L'industrie prend les devants avec un engagement volontaire...
Bien qu’il ne s’agisse que d’un projet de loi, la future loi a provoqué des échos très concrets. Comme l’indique le sénateur Leno, les constructeurs avaient réagi en février pour affirmer que les demandes étaient irréalisables. Et pourtant, la CTIA, l’association internationale qui regroupe de très nombreuses entreprises centrées sur les technologies sans-fil, a annoncé une série d’engagements forts et la participation d’un premier lot de sociétés qui s’engagent donc à respecter la ligne de conduite.
Ce « Smartphone Anti-Theft Voluntary Commitment » comprend plusieurs points obligatoires pour les constructeurs qui choisissent de le suivre. Il s’agit de fonctions établissant une base minimale dans la lutte contre les vols et qui comprend :
- La possibilité de provoquer une suppression complète des données personnelles (emails, photos, contacts, SMS et ainsi de suite) à distance en cas de vol ou de perte du smartphone
- Le blocage total de l’appareil pour tout utilisateur non autorisé, avec l’obligation notamment de recourir à un mot de passe, sauf pour passer des appels d’urgence (tels que le 911)
- L’impossibilité de réactiver l’appareil sans le consentement express de l’utilisateur légitime (y compris pour une réinitialisation complète)
- La possibilité de débloquer un téléphone verrouillé et de restaurer toutes données qui avaient été effacées, dans les limites de ce qu’il est possible de faire, notamment à travers les sauvegardes dans le cloud
Les utilisateurs d’iPhone reconnaîtront en fait dans ces quatre points les mécanismes de protection fournis par Apple depuis plusieurs années déjà via le service « Localiser mon iPhone ». Apple fait d’ailleurs partie des entreprises qui se sont engagées auprès de la CTIA, et tenir la promesse sera d’autant plus simple que tous les objectifs sont déjà remplis. Parmi les autres entreprises, on retrouve par ailleurs tous les principaux acteurs : Asurion, AT&T, Google, HTC America, Huawei Device USA, Motorola Mobility, Microsoft, Nokia, Samsung Telecommunications America, Sprint Corporation, T-Mobile USA, U.S. Cellular et Verizon Wireless.
... mais n'allant pas assez loin pour le sénateur Mark Leno
La promesse de la CTIA comporte plusieurs points importants. D’une part, elle reprend la date proposée dans le projet de loi de Mark Leno, à savoir juillet 2015 comme limite de mise en place. D’autre part, il s’agira bien d’un outil proposé gratuitement et qui sera soit intégré dans les téléphones, comme c’est le cas sur Android, chez Apple ou dans les Lumia de Nokia, soit récupérable en téléchargement depuis une boutique. Enfin, et c’est sans doute le plus important, la promesse ne concerne pas que la Californie mais bien l’ensemble des États-Unis.
Bien qu’il s’agisse d’une étape marquante, le sénateur Leno n’a cependant pas été impressionné. Dans une allocution à la presse hier, il s’est montré critique : « L’industrie du sans-fil a pris aujourd’hui une mesure incrémentielle mais inadéquate pour s’occuper de l’épidémie des vols de smartphones ». Il critique surtout le fait que la promesse soit de type « opt-in » : les constructeurs s’engagent ou non à respecter le socle de base de la CTIA. Or, même si les principaux acteurs sont bien présents, toutes les entreprises concernées ne se sont pas encore prononcées, là où la loi rendrait justement obligatoire de telles mesures.
En outre, les promesses de la CTIA ne vont pas assez loin selon lui. Il regrette particulièrement que les technologies antivol ne soient pas activées par défaut dans les smartphones, obligeant l’utilisateur à les désactiver lui-même s’il n’en veut pas. C’est le seul moyen pour le sénateur de faire baisser drastiquement la valeur des téléphones sur le marché noir : « Inexplicablement, l’industrie mobile refuse de prendre cette approche, ce qui va tout simplement prolonger l’épidémie de vols que nous observons en Californie et dans le reste du pays ».
Reste à voir maintenant si la liste des entreprises va augmenter avec le temps puisque la date butoir est encore loin. Rappelons également que la CTIA est une association internationale et que cette promesse pourrait à l’avenir concerner d’autres régions du globe.