Deux semaines à peine après avoir remis son rapport « Les développeurs, un atout pour la France » à Fleur Pellerin, Tariq Krim s’est adressé dès hier à Axelle Lemaire, toute nouvelle secrétaire d’État au Numérique, afin de lui souffler dix idées censées « doper le numérique en France ». Petit passage en revue.
Axelle Lemaire n’aura pas eu beaucoup de répit. Tout juste nommée au poste de secrétaire d’État chargée du Numérique auprès d’Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie, du redressement productif et du numérique, l’intéressée a été publiquement interpellée par Tariq Krim. Dans une tribune publiée hier sur 01Net, le vice-président du Conseil national du numérique, également PDG de Jolicloud, lui a en effet adressé 10 propositions, présentées comme « nouvelles ».
- « Mettre rapidement en place un site numérique gouv.fr fédérateur. » Tariq Krim explique que ce nouveau site gouvernemental « concentrerait l’ensemble des informations et liens autour de l’économique numérique en France ». Il contiendrait en outre « un annuaire des aides, des dispositifs, des concours et des appels à projets qui sont le plus souvent éparpillés sur des dizaines de sites ainsi qu’un blog pour que l’ensemble de la communauté soit informé des dernières actualités ». Cette idée n’est pas très éloignée de ce qu’avait déjà proposé le CNNum il y a plusieurs mois, lorsque l’institution plaidait pour des sites officiels plus simples et efficaces.
- « Nommer un “Monsieur startup” » directement rattaché au cabinet d’Arnaud Montebourg ou d’Axelle Lemaire, et ce afin que les professionnels du secteur disposent d’un interlocuteur clairement identifié à Bercy.
- « Modifier certaines règles liées au Crédit Impôt Recherche (CIR) et au Crédit Impôt Innovation (CII). » Tariq Krim réclame à la fois une « réduction importante » du délai de paiement de ces crédits d’impôts, ainsi qu’un assouplissement de leurs règles d'attribution. L’intéressé suggère notamment de lever la barrière faisant qu’il est selon lui « quasiment indispensable de pouvoir justifier de diplômes d’ingénieur ou de techniciens ce qui écarte du calcul les développeurs autodidactes et les nouveaux profils techniques des startups par exemple ».
- « Un rapprochement du CAC 40 et de l'écosystème numérique. » Tariq Krim dresse ici une piste assez vague, puisqu’il indique que « l’idéal serait de réussir à réunir l’ensemble des patrons du CAC 40 pour les inciter à investir plus largement dans l’écosystème numérique français, à travers des fonds de corporate ventures, des fonds sectoriels ainsi qu’en augmentant le nombre de leurs acquisitions
- « Promouvoir un programme “French Saas” », en référence aux solutions de cloud computing de type Software-as-a-Service (Saas). Pour aider les entreprises françaises impliquées dans cette filière, le vice-président du CNNum en appelle à l’État, afin que ce dernier utilise en priorité des solutions de ce type au sein même de l’administration - un peu comme il l’avait déjà préconisé dans son rapport sur les développeurs.
- « Développer un programme ambitieux d’open hardware francais. » Tariq Krim souhaite que l’exécutif s’inspire des initiatives telles que Raspberry et relance « les formations de type bac technique en électronique afin de créer de nouveaux débouchés d’emplois dans le numérique à travers l’électronique ».
- « Initier une réflexion sur l’usage des crypto-monnaies ». « Pourquoi ne pas utiliser les monnaies de type Bitcoin, Litecoin,... pour le micropaiement sans friction (don, culture, échange gré à gré) et la création de chambres de compensations (conversion vers l’économie réelle) qui ferait de la France l’un des pays pionniers et leaders du secteur avec de nouvelles opportunités de revenus » se demande Tariq Krim.
- « Mobiliser les meilleurs talents français du numérique » au travers d’un programme « Code pour la France ». Après avoir étudié les développeurs français et vivement recommandé que la France soit plus reconnaissante envers eux, Tariq Krim propose de créer un équivalent à l'initiative « Code for America », qui réunit aux États-Unis développeurs et représentants des administrations. « Il s'agirait de mobiliser les meilleurs talents numériques pour rendre plus performant le fonctionnement de l’État » fait valoir le vice-président du CNNum.
- « Lancer des concours pour dynamiser le lancement de projets. » L’idée est de mobiliser des étudiants, des chercheurs, des startups en leur lançant une sorte de défi consistant à résoudre un problème lié au service public, de la même manière qu'aux États-Unis. La fondation Terra Nova avait fait une proposition similaire dans un rapport publié en décembre dernier à propos de la modernisation de l’action publique (voir notre article).
- « Transformer l’État en terrain d’expérimentation de la “sharing economy” », autrement dit de l’économie du partage. Tariq Krim invite ici l’exécutif à regarder davantage vers les usages que vers les acquisitions. Il cite ainsi en exemple le développement de services de co-voiturage plutôt que l’achat de véhicules.