Les « pirates » dépensent-ils plus que les autres internautes ?

The Pirate Paye

La Hadopi a commandé il y a plusieurs semaines une étude visant à déterminer si les internautes téléchargeant illégalement des contenus sur Internet dépensent davantage en biens et produits culturels (concerts, cinéma, VOD...) que ceux restant dans le droit chemin. À l’appui des documents contractuels relatifs à cet appel d’offres, Next INpact revient aujourd’hui plus en détail sur les objectifs de la Haute autorité. 

ccp hadopi

 

« Est-ce que les consommateurs de biens culturels qui ont des usages illicites dépensent plus dans la culture (qu'il s'agisse de biens physiques ou dématérialisés) que les consommateurs ayant des usages licites ? » C’est à cette question lourde de sens que doit répondre l'étude quantitative confiée finalement à l’IFOP en janvier dernier. Nous vous l’avions annoncé un mois plus tôt, la Hadopi se penche en effet de près sur la consommation des « pirates », afin notamment de savoir si ces derniers sont plus aptes à ouvrir leurs portefeuilles pour des concerts ou des séances de cinéma que les internautes n'étant pas familiers des logiciels de peer-to-peer ou des sites de téléchargement direct.

Objectif : déterminer qui consomme le plus en biens et produits culturels

Si la Rue du Texel se faisait très discrète sur ce qu’elle attendait exactement de son prestataire, les documents contractuels relatifs à cet appel d’offres que s’est procuré Next INpact permettent d’en savoir davantage (PDF). C’est en effet « une estimation la plus précise possible » du montant consacré chaque mois par les internautes de 15 ans et plus pour des « produits et services culturels dématérialisés et physiques » que veut obtenir la Haute autorité. Rentrent donc dans ce champ tant les DVD, les livres, les jeux vidéo, la VOD, les ebooks que l’achat de places de cinéma ou de concert par exemple.

 

L’IFOP est censé mettre ensuite en lumière différents profils, en fonction de l’âge ou de la profession des internautes, mais aussi selon « l’appétence des répondants pour la culture » ainsi que leur type de consommation (exclusivement licite ou illicite/mixte). À terme, l’objectif est bien d’arriver à « identifier quels sont les profils de consommateurs qui consacrent le plus gros montant à la culture », et quels sont ceux qui, au contraire, « en consacrent le moins ». La Hadopi prend toutefois quelques précautions, soulignant à l’attention de son prestataire que le but de l’étude « n’est en aucun cas d’estimer le montant d’un éventuel manque à gagner pour l’industrie culturelle ».

Le partage, un effet « découverte » favorable à la consommation ?

Autre chose. La Rue du Texel demande au célèbre institut de sondage de « déterminer si le répondant va acheter ultérieurement le bien acquis de manière illicite, ou s’il l’aurait acheté si ses moyens financiers le lui permettaient ». Autrement dit, il s’agit ici de savoir si le téléchargement gratuit de fichiers pousse les « pirates » à payer pour une œuvre qu’ils apprécieraient et qu’ils auraient découverte grâce au partage.

 

Rappelons enfin que la Haute autorité a déjà eu l’occasion de publier des études tendant à démontrer que les « pirates » dépensent davantage que les autres. Dès 2011, des travaux publiés par l’institution indiquaient que les internautes ayant des usages illicites avaient un « panier mensuel » moyen supérieur aux autres. De 30 euros contre 23 euros il y a trois ans, ce rapport était passé à 22 contre 19 euros selon une étude parue en février dernier (voir notre article). La Rue du Texel semble d’ailleurs avoir bien conscience de cette donnée, puisqu’elle invite son prestataire à « apporter une réponse à un éventuel effet positif de la consommation illicite de biens culturels dématérialisés sur le montant moyen dépensé ».

 

dépenses pirates

Extrait de l'étude « Hadopi, biens culturels et usages d’internet : pratiques et perceptions des internautes français » (2011)

 

Si le marché était prévu pour durer dix mois à compter de la fin janvier, la Hadopi attendait un premier rapport pour la fin mars. Pour mener ces travaux, l’IFOP devait obligatoirement s’appuyer sur un panel d’au moins 1 500 personnes. En échange, la Hadopi proposait jusqu’à 50 000 euros (hors taxes).

 

De la même manière que pour ses autres études, la Rue du Texel précise que le prestataire devra travailler « en toute indépendance ». L’institution aime en effet rétorquer, une fois les travaux publiés par ses soins, que ce n’est pas elle qui en arrive à de telles conclusions mais le professionnel ayant été désigné. Les clauses rédigées par la Haute autorité laissent toutefois une petite porte entrouverte, puisqu’elle indique un peu plus loin qu’elle « propose des orientations ou sollicite des corrections sur la présentation formelle des livrables [des travaux rendus, ndr] ou sur le cadrage de l’enquête (augmentation du champ traité ou diminution de ce champ, etc.) ».

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