Une retraitée habitant une petite ville de Lorraine vient de porter plainte pour « usurpation d’identité numérique » après qu’un plaisantin a mis en vente sa maison sur le site de petites annonces LeBonCoin. Si l’histoire peut faire sourire, elle pourrait surtout se retourner contre son auteur, puisqu’un tel délit est passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende.
L’histoire commence en janvier dernier, comme le raconte L’Est Républicain. Joëlle, une retraitée habitant depuis plus de 40 ans à Neuves-Maisons, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle), reçoit un coup de fil d’une voisine qui lui apprend que sa maison est en vente sur LeBonCoin. Sauf que l’intéressée n’a jamais voulu se séparer de son bien immobilier... N’arrivant pas à retrouver la fameuse annonce sur le célèbre site de petites annonces, Joëlle finit par laisser tomber.
Sauf que deux mois plus tard, son téléphone sonne. Un acheteur potentiel se manifeste ! Ce dernier aide alors la retraitée à mettre le nez sur l’annonce. Et là, surprise, Joëlle retrouve une page sur laquelle figure notamment son numéro de téléphone fixe, son nom de famille, ainsi qu’une remarque qui aurait pu mettre la puce à l’oreille aux visiteurs du BonCoin : « Quartier très calme sauf moi »... Même si l’adresse de l’intéressée n’est pas directement mentionnée, il est très facile de la retrouver grâce à un annuaire inversé. D’ailleurs, cette dame affirme qu’outre une bonne dizaine de coups de fil, des acheteurs potentiels se sont déjà présentés directement à son domicile.
Usurpation d’identité numérique, un délit passible d’un an de prison et 15 000 € d’amende
Pour Joëlle, pas de doute : il s’agit forcément d’un acte malveillant. « Ce n’est pas une blague ou un poisson d’avril, c’est une méchanceté » affirme-t-elle en ce sens. La retraitée a donc fini par se rendre à la gendarmerie, afin de déposer plainte pour usurpation d’identité. Rappelons d’ailleurs que depuis l’adoption de la LOPPSI 2, en 2011, ce délit est tout particulièrement adapté aux infractions commises grâce à Internet. En effet, l’article 226-4-1 du Code pénal prévoit désormais que :
« Le fait d'usurper l'identité d'un tiers ou de faire usage d'une ou plusieurs données de toute nature permettant de l'identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d'autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende.
Cette infraction est punie des mêmes peines lorsqu'elle est commise sur un réseau de communication au public en ligne [tel qu’internet, ndlr]. »
Plaisanterie ou acte mal intentionné ?
Restera donc maintenant à voir les suites que le Parquet réservera à cette plainte. « Je ne veux pas que l’auteur de l’annonce aille en prison. Une garde à vue suffira. Je veux surtout savoir qui il est. C’est indispensable pour que je puisse continuer à vivre tranquille ici » affirme à cet égard Joëlle, toujours selon L’Est Républicain. Cependant, cette mauvaise plaisanterie pourrait coûter bien plus cher à son auteur qu’une simple garde à vue - tout du moins sur le papier. Et ce quand bien même il y aurait éventuellement un retrait de plainte, puisque le procureur juge seul de l’opportunité des poursuites...
En attendant, Joëlle spécule sur le nom du responsable de cette mauvaise plaisanterie. Selon elle, il pourrait s’agir d’un voisin, parent d’élève, mécontent que la retraitée ait fait changer l’emplacement d’un arrêt de bus scolaire qui se trouvait jusque-là aux abords de sa maison. « Je me suis attrapée avec un parent d’élève, ça a fini en noms d’oiseaux. Après, on a dit que je n’aimais pas les enfants, il y a eu une pétition contre moi... » a ainsi expliqué la victime à l’AFP.
Pour l’heure, la fameuse annonce est toujours en ligne - manifestement pour les besoins de l’enquête. Les gendarmes pourraient tenter d’obtenir l’adresse IP de la ligne ayant servi pour publier l’annonce sur LeBonCoin, dans l’espoir d’arriver à remonter jusqu’à l’internaute à l’origine de cette mauvaise blague.