Durant tout le week-end, YouTube a bloqué un film d’animation d’une quinzaine de minutes pour des raisons de droits d’auteur. Sauf que ce court-métrage, dont le retrait a été exigé par Sony, était sous licence Creative Commons... Ce qui a suscité l’ire du producteur de l’œuvre, qui n’a pas manqué de contester la mesure prise par la plateforme de vidéos de Google. Explications.
« Sintel » fait partie de ces courts-métrages réalisés à l’aide du logiciel libre Blender, lequel est spécialement conçu pour la modélisation et l’animation d’images en 3D. Financé en partie grâce aux contributions d’internautes, ce film a été produit par un studio indépendant et fut mis à disposition du public sous licence Creative Commons dès sa sortie, en 2010. Autrement dit, chacun peut, gratuitement et légalement, le télécharger ou le partager.
Également mis en ligne sur YouTube, Sintel est cependant en train de vivre une douloureuse expérience. En effet, le court-métrage a été bloqué depuis au moins samedi par la plateforme de vidéos de Google. Motif invoqué ? « Cette vidéo inclut du contenu de Sony Pictures Movies & Shows » (voir ci-dessus). En clair, YouTube affirme avoir coupé l’accès au film d’animation, au motif que Sony lui aurait indiqué que celui-ci portait atteinte à son copyright.
Pour le producteur de Sintel, Sony n’avait pas le droit de réclamer ce blocage
La réaction de Ton Roosendaal, producteur de Sintel et créateur du logiciel Blender, n’a pas tardé. Samedi, le Néerlandais a vivement contesté cette mesure, affirmant que Sony ne détenait aucun droit d’auteur sur ce court-métrage. Pas de droits, donc aucune légitimité à réclamer ce retrait - et encore moins à l’obtenir... L’intéressé en a ainsi profité pour dénoncer ce qui semble bien être un énième dommage collatéral des demandes de retrait envoyées en masse par les majors.
@Baegus It's 100% our creation. It's just their algorithm going bezerk. Shows how ridiculous this copyright protection system is.
— Ton Roosendaal (@tonroosendaal) 5 Avril 2014
Rappelons le principe : en vertu de la législation américaine sur le copyright (DMCA), un hébergeur tel que YouTube doit retirer un contenu considéré comme illicite dès lors que celui-ci lui a été notifié dans les formes. Ici, la plateforme de vidéos a manifestement opéré le blocage après que Sony lui a envoyé une requête DMCA. Habituellement, le géant de l’internet procède cependant à un examen du contenu qu’il est invité à retirer, afin de ne donner de suite favorable qu’aux demandes « complète[s] et légitime[s] ».
YouTube débloque finalement la vidéo
Estimant ainsi que ce blocage avait été effectué à tort, Ton Roosendaal a annoncé sur Twitter avoir déposé un recours auprès de YouTube. Et surprise : depuis quelques minutes, le film peut à nouveau être visionné sur la célèbre plateforme de vidéos. Le court-métrage reste quoi qu’il en soit disponible au téléchargement depuis son site officiel (voir ici).
En attendant d’en savoir plus sur ce retour à la normale, rappelons que YouTube s’était déjà attiré les critiques l’année dernière pour avoir déréférencé des pages permettant de télécharger un film sous licence Creative Commons dans des conditions similaires. Le très symbolique documentaire « The Pirate Bay - Away From Keyboard » avait effectivement fait les frais, à plusieurs reprises, de demandes illégitimes émanant de différentes majors du cinéma. La plateforme de vidéos ne s’en était cependant jamais expliquée.