Certains rêvent de voir un FAI prendre une telle décision, d'autres attendent le FFTH avec impatience. Pour autant, aucun n'a pour le moment annoncé qu'il opterait pour un tel choix. Mais si vous êtes si nombreux à avoir cru en ce poisson d'avril, peut-être est-ce un signe ?
Disposant de très peu d'abonnés FTTH et surfant sur la vague de son succès dans le mobile, Free a décidé de se concentrer à l'avenir exclusivement sur le très haut débit mobile plutôt que fixe. Une motivation qui serait avant tout financière, les coûts pour poser la fibre étant bien plus élevés que pour multiplier les antennes LTE. Le fait que Bouygues Telecom puisse lui céder une partie de son réseau et de ses fréquences en cas de fusion n'est ainsi qu'un accélérateur de ce processus préparé de longue date en interne.
Entre succès dans le mobile et inexistence dans la fibre
En matière de très haut débit fixe, Numericable écrase la concurrence grâce au FTTLA. Une manière d'amener partiellement la fibre, sans aller directement au foyer, ce qui réduit franchement les coûts pour l'opérateur (mais aussi ses débits en upload). Du côté du FTTH, Orange et SFR dominent les débats, avec plus de 95 % du marché à eux deux. Il ne reste ainsi que des miettes à Free. Il faut dire que depuis plusieurs années, l'opérateur a opéré une stratégie relativement claire : tout miser sur le mobile.
Fort de l'obtention de ses licences 3G (puis 4G), le FAI a décidé de mettre de côté la fibre optique. Une stratégie payante, puisque l'opérateur a attiré en à peine deux ans plus de 8 millions de clients. Et même s'ils sont nombreux à avoir opté pour le forfait à 0 ou à 2 euros, cela reste un succès.
Cette politique à double tranchant amène Free à faire un choix important pour le futur : vaut-il mieux investir plus ou moins à part égale dans la fibre et dans son réseau mobile, ou faire un pari et tout miser sur le mobile, quitte à se contenter du xDSL et louer les réseaux FTTH de la concurrence lorsque cela ne suffit pas ? Pour le moment, aucun signe de la part de l'opérateur indique son souhait de tendre vers la fibre. A contrario, Free n'a pas caché vouloir très rapidement capter 25 % du marché français du mobile.
Afin d'éviter de voir son nombre de clients fixes s'effondrer, alors qu'Orange commence doucement à monter en puissance, Free Mobile devrait selon nos informations proposer une alternative majeure dans les mois à venir : la 4G illimitée. Si l'offre peut paraître farfelue pour le moment, quatre arguments majeurs la rendent crédible malgré tout :
- Free a déjà osé proposer 20 Go à ses clients disposant d'un appareil 4G, testant ainsi la solidité de son réseau.
- Bouygues Telecom a offert de nombreuses fois ces derniers mois un accès illimité à internet à ses abonnés, et même la télévision illimitée sur mobile.
- Bouygues a lancé pour les entreprises une box 4G avec 50 Go de données. Les particuliers situés en montagne peuvent aussi profiter de cette offre, mais nous n'avons pas de détails du côté des données.
- Certains opérateurs à l'étranger, en Scandinavie, au Royaume-Uni, aux États-Unis, etc. offrent déjà des forfaits sans aucun quota de transfert de données. Preuve qu'un tel forfait est possible.
Des débits réduits passés un certain quota
Il faut de plus savoir qu'en moyenne, un foyer français consomme sur son réseau fixe environ 100 Go par mois, et bien plus pour les gros consommateurs bien évidemment. Dans de telles conditions, proposer un accès 3G/4G sans aucune limite est tout à fait crédible. En raflant le réseau de Bouygues, Free pourrait même offrir un tel forfait plus rapidement que prévu, fort de milliers d'antennes supplémentaires et des fréquences en or 800 MHz.
Reste la question du prix, sur laquelle nous n'avons pas pu obtenir de confirmation, même officieuse. Car si une telle offre voit le jour, ce sera aussi sans doute dans le but d'augmenter les marges dans le mobile et de compenser ses éventuelles pertes dans le fixe, surtout après la nouvelle guerre des prix lancée par Bouygues. Une offre à 29,99 euros ou à 39,99 euros par mois serait une possibilité, sans parler de l'arrivée de la future Freebox V7, qui est sur les rails, et qui devrait aussi faire office de routeur 4G au sein d'un boîtier unifié dans certains cas.
Bien entendu, comme toute offre illimitée, des contraintes existeront. Afin d'éviter de saturer son réseau mobile, les débits devraient ainsi être réduits à 10 Mb/s au maximum passé un certain quota (100 Go ?). L'offre professionnelle de Bouygues Telecom réduit pour sa part à 1 Mb/s les débits sitôt le quota atteint. De quoi lancer une nouvelle guerre des prix dans des réseaux mobiles/fixes de plus en plus liés.
