Du fait de son orientation tournée vers les professionnels, nous entendons un peu moins parler de BlackBerry. La société canadienne continue pourtant bien à avancer. Elle vient d'ailleurs de publier les résultats financiers de son dernier trimestre fiscal 2013 (clos le 1er mars 2014). Et si sans surprise son chiffre d'affaires chute lourdement, ses marges ont fortement progressé et ses pertes commencent à se réduire.
Le BlackBerry Z3 (en savoir plus)
Mais que devient BlackBerry ? L'ancien leader du smartphone en Amérique du Nord est dans la tourmente depuis plusieurs années. Désormais, sa politique se tourne plutôt vers les professionnels. Une période de transition est toutefois obligatoire. Il lui faut réduire ses effectifs, liquider de nombreux produits, réorienter certains employés, négocier de nouveaux partenariats, établir une stratégie nouvelle, etc.
Un chiffre d'affaires trimestriel sous le milliard de dollars
Après un troisième trimestre fiscal (clos le 30 novembre 2013) où la société avait enregistré une perte abyssale de 4,4 milliards de dollars, le trimestre suivant est déjà incomparable. Certes, son chiffre d'affaires a atteint un plus bas depuis de nombreuses années, avec seulement 976 millions de dollars générés, loin du 1,193 milliard réalisé trois mois plus tôt et surtout bien loin des 2,678 milliards du dernier trimestre fiscal 2012. La faute à des prix cassés sur ses smartphones, le but étant de liquider les stocks.
Bonne nouvelle toutefois, sa marge brute a atteint 56,7 % lors de ce trimestre. Une réelle performance sachant qu'elle était négative trois mois plus tôt du fait de dépréciations d'actifs très importantes (2,75 milliards de dollars) et qu'elle n'était que de 40,1 % l'an passé. Néanmoins, du fait de ses frais encore très importants et de diverses charges financières, BlackBerry n'arrive toujours pas à revenir dans le vert. Avec une perte nette de 423 millions de dollars, des efforts devront encore être fournis par la société basée à Waterloo (Canada) pour retrouver le chemin des bénéfices.
Il faut toutefois reconnaitre que l'entreprise nord-américaine a réalisé des sacrifices immenses ces douze derniers mois. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder l'évolution de ses dépenses dans ses deux postes clés. Ses investissements en Recherche & Développement sont par exemple passés de 383 millions de dollars à 246 millions, soit une baisse de 36 % en un an. Ses frais liés au marketing, aux ventes et à l'administratif ont pour leur part régressé de 32 %. En valeur, cela représente ainsi une économie de plus de 300 millions de dollars en un an. C'est certes encore insuffisant, mais les sacrifices sont réels. Si l'on rajoute à cela la chute importante de ses coûts de production (-74 % en un an), BlackBerry prouve que son activité a clairement ralenti.
BlackBerry s'écroule en Amérique Latine et en Europe
Géographiquement, la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) est toujours la plus importante avec un chiffre d'affaires de 412 millions de dollars lors de son dernier trimestre fiscal, ce qui représente tout de même 42,2 % de ses résultats. Suivent l'Amérique du Nord avec 297 millions (30,4 %), l'Asie Pacifique avec 140 millions (14,4 %) et l'Amérique Latine avec 127 millions (13 %). L'évolution du chiffre d'affaires de ces différentes régions du monde en un an est particulièrement forte, notamment en EMEA et plus encore en Amérique Latine :
- EMEA : -815 millions de dollars, soit une baisse de 67 %
- Amérique du Nord : -290 millions de dollars, soit une baisse de 50 %
- Amérique Latine : -352 millions de dollars, soit une baisse de 74 %
- Asie PacifiqueEMEA : -245 millions de dollars, soit une baisse de 63 %
Les États-Unis et le Canada sont donc les deux territoires où BlackBerry a le mieux résisté, ceci alors que l'évolution des monnaies et en particulier de l'euro vis-à-vis du dollar, aurait dû lui permettre de limiter les dégâts. Cela prouve que la société perd des points du côté du grand public, ce qui est logique vu sa nouvelle stratégie, mais la question des professionnels doit aussi se poser. Si en Amérique du Nord, l'entreprise jouit encore d'une certaine image, quid des autres zones du globe ? Que ce soit Apple, Samsung ou même Nokia, tous investissent lourdement dans les entreprises et dans les outils qui leur sont propre (logiciels, byod, plateformes, etc.). La concurrence est rude et BlackBerry aura fort à faire pour gagner des parts de marché chez les professionnels.
BlackBerry, une société de services avant tout
Notez que la société précise avoir écoulé 3,4 millions de smartphones, dont 2,3 millions de BlackBerry 7. Enfin, point important, l'entreprise note que désormais, 56 % de son chiffre d'affaires est généré par ses services, et 7 % par ses logiciels. Le matériel ne représente ainsi que 37 % de ses revenus. Un taux qui pourrait encore diminuer au profit des services, le fer de lance du Canadien.