La redevance TV étendue aux PC et tablettes, un enjeu culturel ?

Extension du domaine de la hutte

« Il est indispensable que l’assiette de la redevance soit élargie ! ». Hier, en marge de la présentation de l’agenda numérique de France Télévisions, son PDG, Rémy Pflimlin, nous a répété son souhait de voir la contribution à l’audiovisuelle publique portée sur les écrans de PC ou encore les tablettes.

Rémy Pflimlin  Rémy Pflimlin devant une TV 4K

 

Le sujet avait été lourdement évoqué à l’occasion de la loi de finances pour 2014. Soutenue par Aurélie Filippetti ou le sénateur David Assouline, l’idée d’une telle extension n’avait pas passé le cap du Parlement. Pour la prochaine loi de finances pour 2015, Rémy Pflimlin, ne baisse pas la garde alors que « tous nos voisins s’y mettent, les Suisses l’ont fait, les Allemands aussi, les Anglais viennent de le décider ». Bref, qu’attend la France ?

 

L’objectif sera ainsi de faire tomber dans l’escarcelle les foyers surconnectés, mais qui ne disposent pas de télévision au sens classique du terme. Pour arrondir les angles, le président de France Télévisions souligne que les montants ne s’empileraient pas : une seule redevance serait perçue par foyer, même si celui-ci possède plusieurs écrans connectés.

 

France Télévisions justifie cette extension par le fait que ses programmes sont disponibles sur ces canaux 2.0. C’était d’ailleurs l’objet de la conférence d’hier qui a rappelé l’accord de FTV avec Google Chromecast ou encore le déploiement d’une nouvelle application pour les journaux de la chaine.

Un montant de redevance inchangé malgré l'océan Internet ?

Cependant, malgré cette débauche de moyens engagés sur fonds publics, la présence de France Télévisions se dilue dans l’océan Internet. En d’autres termes, peut-on exiger le même niveau de contribution alors que l’univers Internet est bien plus vaste que celui du poste traditionnel ?

 

Pour Pflimlin, la réponse ne fait pas de doute : « aujourd’hui, vous avez dans le Monde d’un côté les Américains et ses acteurs essentiels comme Google, Facebook, Apple ou Netflix. De l’autre côté, en Asie, les géants Samsung ou LG. Si nous n’avons pas une industrie de la création, de l’information, de la proximité qui peut se développer avec des moyens qui ne sont pas purement commerciaux, on perd notre indépendance ». L’enjeu représente ainsi un choix politique alors que « nous finançons plus de 60% de la création audiovisuelle ». Bref, sans une telle entreprise publique, « nous allons nécessairement devenir des filiales d’entreprises privées. »

 

Rémy PflimlinFrance Télévisions et Chromecast (notre actualité)

 

Pfilmin poursuit sur cette voie : « cette question politique fait partie de la construction du lien social et de l’imaginaire collectif, car si notre imaginaire collectif n'est nourri – je caricature - que par des séries américaines, nos valeurs de références changent. »

Des contrôles automatisés et à distance

Lorsqu'un citoyen connecté utilise une telle TV, le dispositif présente d'autres avantages puisque les acteurs peuvent aussi scruter ceux qui les regardent. Un trésor qui permet d'optimiser les contenus ou les futures campagnes de pub. Si on glisse de la Rue de Valois à Bercy, l’envers du décor présente aussi un autre intérêt : les écrans des tablettes ou des PC facilitent aussi les contrôles à distance menés dans les foyers.

 

En mars 2011, PC INpact dévoilait les intentions du ministère des finances. Celui qui est chargé de collecter la contribution à l’audiovisuel public avait manifesté son intention d'effectuer des vérifications automatisées en dématérialisant les demandes de communication adressées aux fournisseurs d’accès. Ébauché en 2008, ce dispositif avalisé par la CNIL fut concrétisé en juin 2013 dans un arrêté. Bercy a créé à cette fin le fichier ANCRAGES, pour « application nationale des contrôles de la redevance audiovisuelle et de gestion des sanctions. »

 

Si jusqu’à présent les contrôles se faisaient sur pièces (demande de communication) ou sur place, avec un tel mécanisme, les anomalies sont désormais plus facilement détectables. Une fois la redevance bien élargie, il suffira donc de croiser la liste des Français qui disposent d’un abonnement avec celle de ceux qui déclarent posséder un poste de télévision pour alpaguer d'un clic les resquilleurs.

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