Suivant l'air du temps, les 3 Suisses va tirer un trait définitif sur son énorme catalogue de près de 1000 pages qu'il envoie deux fois par an à de nombreux Français. Selon le journal Les Échos, qui confirme des informations publiées auparavant par La Voix du Nord, la société française n'éditera pas de catalogue pour la saison automne-hiver. L'édition printemps-été 2014 sera donc la dernière.
Un retard important sur la concurrence sur internet
Créés en 1932, les 3 Suisses sont devenus un incontournable de la vente par correspondance en compagnie de son concurrent La Redoute. Ses catalogues ont envahi bien des foyers au cours de ces dernières décennies. Mais l'arrivée d'internet a chamboulé ses affaires. Si les 3 Suisses figurent bien parmi les cybermarchands les plus puissants du pays, son retard sur la concurrence n'en reste pas moins important.
Selon les chiffres clés de 2013 fournis par la fédération de l'e-commerce et de la vente à distance (FEVAD) et recueillis par Mediamétrie et Netratings, le site des 3 Suisses n'attire en moyenne que 4,1 millions de visiteurs uniques par mois, et 281 000 par jour. Des chiffres importants mais bien inférieurs aux autres cybermarchands. Vente Privée le devance ainsi largement avec 5,3 millions de visiteurs uniques par mois et plus d'un million par jour. Et surtout, La Redoute l'écrase avec 7,3 millions de visiteurs uniques par mois et 551 000 par jour. Et nous ne parlons même pas des géants Amazon et Cdiscount.
Aujourd'hui, les 3 Suisses est même sortie du top 5 des cybermarchands en France
Face à de tels écarts, la société a donc décidé de se concentrer exclusivement sur internet, alors que le nombre de cyberacheteurs est de 33 millions en France et de près de 250 millions en Europe. Éditer son immense catalogue à près de 2 millions d'exemplaires deux fois par an commence ainsi à devenir inutile, internet offrant une flexibilité bien plus élevée. Selon nos confrères, l'entreprise cherche aussi à abandonner son image de vieux spécialiste de vente par correspondance qui lui colle à la peau, afin de devenir un véritable acteur d'internet. Il s'agit donc d'un moyen de rajeunir son image en quelque sorte.
Des petits catalogues seront toujours édités
Notez que si le papier sera abandonné pour son immense catalogue, ce ne sera pas le cas d'éditions moins fournies, plus thématiques. Les 3 Suisses ne va donc pas devenir 100 % internet, néanmoins, le réseau des réseaux est bien la cible numéro un du spécialiste de la vente par correspondance. Il faut dire que la branche française souffre financièrement, avec 60 millions d'euros de pertes l'an passé. Mais surtout, il faut noter que cette division a récemment changé de tête. La maison-mère a ainsi placé Éric Dubois en tant que patron France. Or Dubois s'est fait un nom ces dernières années en "webisant" avec succès la société scandinave Ellos, spécialisée dans les vêtements. Il devra donc en faire de même avec les 3 Suisses.
Ces changements vont-ils avoir des conséquences sur l'emploi ? Difficile à dire pour le moment, néanmoins, des licenciements importants ont déjà eu lieu ces dernières années, notamment du fait de la fermeture de ses boutiques physiques. 149 employés avaient ainsi été laissés sur le carreau. Aujourd'hui, l'effectif des 3 Suisses est toutefois restreint avec seulement 430 salariés. Des sites d'e-commerce comme Amazon, Cdiscount, Vente Privée, etc. ont un effectif bien plus important en France.
« Notre gros catalogue n'est plus adapté »
Contactée, la société nous a confirmé la nouvelle et précisé que les imprimeurs étaient déjà au courant. Il faut de plus noter qu'à ce jour, 80 % de son chiffre d'affaires est déjà tiré d'internet (chiffres de janvier). Son gros catalogue est toutefois abandonné pour des raisons stratégiques. « La mode se renouvelle très rapidement » a ainsi fait remarquer Antoine Pernod, du service presse de 3SI (maison-mère des 3 Suisses). Du fait de sa publication bi-annuelle, le catalogue fige les prix dans le temps, sans compter qu'entre le moment où il est édité et où il arrive dans les foyers, plusieurs longues semaines peuvent se passer.
Afin d'avoir une plus « grande réactivité sur les prix », les 3 Suisses devaient donc réagir. « Notre gros catalogue n'est plus adapté à ces problématiques là » nous a-t-on confié. Un nouveau plan commercial a donc été mise en place, ceci afin de rattraper la concurrence, et la mort du gros catalogue fait partie de ce plan. « On n'arrete pas le catalogue pour faire des économies » a toutefois tenu à préciser Antoine Pernod. Les conséquences sur l'emploi sont pour l'instant inconnues.
